UNE PAROISSE EN FRANCE (2)
Mon épouse et moi sommes retournés tout récemment
faire un tour dans ce beau village ( voir "une paroisse en France (1)".
La famille de notre petite dernière y habite et c'est toujours un bonheur que
d'aller leur faire
Au jour J, après que notre gendre ait donné vigoureusement la
main à la préparation de la salle des fêtes villageoise, nous nous pointons à
l'heure de l'apéro. Il y a foule. La place de l'église, dominée par le Christ
en Croix est pleine de voiture. Tous les stationnements possibles sont pris. Le
village compte environ 180 âmes qui sont toutes là, accompagnées de quelques
habitants des communes voisines où l'ambiance n'est pas aussi attractive, du
moins ce soir-là.
Il y a deux bars en activité car les apéros de toutes sortes
débitent à plein. La famille se lance au "planteur" pour ne pas
rompre avec mes habitudes... Il est excellent ! On discute, on fait
connaissance, on remercie pour cette invitation, on félicite le président du
comité des fêtes. On encourage M. le Maire, ne manquant pas de le taquiner
amicalement sur l'efficacité de cette quasi ultime réunion électorale, une
semaine pile avant les prochaines municipales. Avec l'accent du secteur et son
format de rugbyman, il nous explique que :-...il
n'y a qu'une liste... et vous le voyez, tout le monde est là...
La température ambiante monte... Le niveau sonore aussi ! La
zone des bars déborde et les tables commencent à se garnir. Le comité a
organisé les voisinages. les tablées ne se constituent pas au hasard...
Prudence quand même ! Certes, les "parisiens" que nous sommes
sont acceuillis avec gentillesse, mais en cette France profonde, on reste quand
même entre campagnards. Nos enfants sont avec nous au bout d'une tablée
d'adultes.
Le repas commence, servi avec efficacité par les dames du
comité. Notre fille se partage... Les hommes s'occupent du liquide. Sylvaner et
bonne bière d'Alsace se mettent à couler à gros débit. Me voyant observer
attentivement ce qui se passe dans la salle, ma fille commente :-... On voit que beaucoup ne boivent pas d'eau... ici
"Le Jaune" n'est quasiment pas dilué...
Une sonorisation puissante est en place : -... C'est le frère du Maire qui s'occupe de la musique...
pour chauffer une salle, il s'y entend !
Effectivement le rythme s'accélère. Mais il ne s'agit pas de
ces musiques seulement bruyantes à base de synthé et de percussions. On est en
plein dans les vieux refrains de nos campagnes, avec accordéons et tout le
monde qui chante dans la salle en se balançant de gauche et de droite en
cadence. Comme on se tient par les épaules, là où la résistance au flot de
boisson est moindre, quelques naufrages bruyants et rigolards surviennent.
Cependant, on discute, on partage les vies, les nouvelles
bonnes et parfois mauvaises... je remarque des visages marqués par des douleurs
ou des drames. Ma fille m'explique l'arrière fond. Elle le connaît le plus
souvent... Je pense à l'anonymat des paroisses et villages de la région
parisienne, à la solitude qui est le lot de tant de nos contemporains. Certes,
ce village n'est pas le paradis, mais il en est plus proche que chez nous.
Je pense au récent repas festif et collectif vécu dans la
paroisse de mon village. Il fut sympa, fraternel dans le style "sérieux et
de bon ton", copieux au niveau des assiettes, et très sobre au niveau des
gobelets. C'était M. le Curé qui invitait et pas M. le Maire. Un groupe de SDF,
copains de SYLVAIN (voir "Once
Upon a Time (4)") était invité. NONO, l'un d'entre eux était beurré au
maximum. Il a osé témoigné brièvement au micro de sa souffrance, devant
une assemblée aux réactions très contrastées. M. le Curé, "Mon New" a
eu le courage de laisser faire. C'est lui qui est venu servir le dessert à cette
équipe de zonards. Vrai j'ai eu le coeur touché. Comme eux... Merci l'abbé !
Dans ce beau village du "Pays de Cocagne", l'église
rénovée est fermée. M. le Maire qui a casqué le coût des travaux est en
négociation avec le desservant pour obtenir une messe à l'occasion de la grande
fête annuelle du village. Elle a lieu le WE qui suit le 14 juillet. Il parait
que le comité des fêtes (... et une bonne partie du village, dont M. le Maire)
ne désaoule pas du vendredi soir au lundi matin. Lors d'une édition passée, M.
le Maire endormi à la messe pour des raisons fort peu liturgiques, était
maintenu présentable par deux copains qui l'encadraient avec fermeté...
Je vois dans tout celà de belles raisons d'espérer pour
l'avenir de nos petits enfants !
DANIEL-KOKA