MEDJUGORGE (2)

 

 

 

Ainsi, aux « jour J et heure H », je rejoignais un groupe d’une trentaine de pèlerins où je ne connaissais personne (… mercredi 1er octobre).

 

Accueil sympa, organisation vigilante, avion à l’heure, bus confortable à l’arrivée en vue de deux heures de route dans les montagnes de Bosnie.

Dans le bus, très vite, l’ambiance « groupe de prière » à la mode « charismatique » s’installe. Les chapelets se succèdent, avec méditation des « mystères ».

(J’ose vous avouer que tout en le respectant, je n’avais jamais pratiqué ni apprécié ce mode de prière. J’y participais parfois, avec peu d’ardeur mais en communion quand même, dans des groupes où « le hasard » m’avait conduit. Je conserve en mon bureau et dans « ma piaule » et dans mon bureau de travail, plusieurs chapelets offerts par des amis avec de nombreux autres objets « pieux ». Ce sont des témoignages d’affection et peut-être de reconnaissance, « QUI » sait … J’estime leur devoir la même fidélité qu’à leurs donateurs.

Sur ma grande planche de travail, un des chapelets bénéficie ainsi de la fidélité « croustillante » de mon gros matou. Il vient s’y faire les dents. Les chats aussi récitent le chapelet… Mais à leur manière.)

Donc, rosaire, chapelets, et instructions sur le mode de fonctionnement du groupe, car nous ne resterons que 3 jours sur place et le programme est chargé. Mon côté « indépendantiste » (probablement excessif…) se sent agressé. Je me force à ne rien dire, et à accepter par avance la discipline commune, y compris la très forte recommandation « d’aller à confesse ».  … Avec le recul, j’identifie là un premier grand pas.

 

Arrivée, installation dans une « pension » pour touristes pèlerins… « Pédibus » vers la grande église du patelin … Première messe le soir en langage local … Retour « pédibus » à la pension … Dîner, avec rendez-vous à 6 h 00 le lendemain pour départ en bus vers le lieu où « La Sainte MAMAN » se montre régulièrement toutes les semaines m’a-t-il semblé. Gros dormeur que je suis, j’avais avisé « La Chef » du groupe que je ne serais probablement pas au rendez-vous, mais que je rejoindrai un peu plus tard … Dodo !

 

Le jeudi matin, pépé ouvre un œil au départ une peu bruyant du groupe dans la pension.

Toute petite « grasse-mat », toilette « fissa », recherche d’un bistrot ouvert au voisinage de la station de taxis, très léger café-crème, puis taxi pour 5 € vers la célèbre croix bleue, plantée sur la montagne. Elle marque le lieu où La Sainte Vierge se montre, à ceux qui la voient quand ils viennent à « ses » rendez-vous.

Je suppose que tout en restant anonymes, ils sont plus nombreux que les voyants initiaux à MEDJUGORGE. Car le flanc de la montagne, où se dresse la croix, est couvert d’une foule de plusieurs milliers de personnes. Le hameau construit juste en-dessous est presque totalement obstrué par un inextricable mélange de bus, de voitures et de piétons. Mon taxi a été prudent. Il m’a laissé finir le parcours à pieds. Je « m’infiltre » lentement en direction de la croix. Je m’assoie finalement sur un amas de pierres en bord d’un chemin, à deux centaines de mètres de la croix. Je ne peux pas la voir, car il y a des maisons, et une chapelle qui bouchent la vue.

 

J’écoute, « intérieurement et extérieurement ». J’observe  cette foule priante mais presque totalement silencieuse, en mouvements très lents pour ceux qui se cherchent sans cesse une place plus proche de la croix. Toutes les races humaines sont représentées. Tous les continents, tous les âges aussi. Ceux qui sont immobiles sont manifestement aussi « en écoute intérieure ». Beaucoup égrènent un chapelet, surtout des personnes âgées. Je vois des lèvres bouger en prières silencieuses. Le temps passe ainsi, dans une « densité communionelle », une « intensité de Présence » très proche de celles ressenties dans les messes évoquées dans « Eucharistie (2) ». Mais également ressentie dès l’ouverture de la messe le dimanche dans la collégiale de mes champs de betteraves, seulement quand le célébrant est « Mon Ex ». (Quand c’est un autre prêtre, ça reste la messe évidemment, mais avec ses charmes soporifiques hélas si coutumiers, ni attractifs ni surtout convaincants pour ceux qui nous observent de l’extérieur).

 

Je n’ai entendu aucun signal de dispersion, mais vers 9 h 30 la foule a commencé à faire retour vers les hameaux, le bourg central et leurs bistrots. Aucun secours d’urgence n’est possible dans une foule aussi dense. Même par hélicoptère, je ne vois pas comment ça pourrait se passer… (Je me ferai la même réflexion dans tous les lieux « officiels » des manifestations de La Sainte Maman. Je ne doute pas qu’« ELLE » veille sur la sécurité…)

Je confesse avoir succombé à un deuxième café-crème accompagné d’une petite viennoiserie. J’ai ensuite suivi la foule piétonnière qui m’a ainsi guidé à travers champs vers le centre et son église paroissiale. Dans cette campagne, au long du chemin de terre tortueux, on remarque de nombreux étalages de souvenirs locaux, le plus souvent religieux et centrés sur La Vierge ou Son Fils. Les expositions sont alors sous des abris probablement fermés la nuit. Elles sont proches des hameaux, ou du bourg, avec du goudron encore pas loin… Quand on s’éloigne, des personnes âgées proposent de beaux ouvrages de broderie, ou de sculpture, manifestement faits de leurs mains. On perçoit chez elles beaucoup de dignité, et de courage, dans leur pauvreté face à une économie locale manifestement en plein développement, mais surtout au bénéfice de ceux qui ont les moyens d’investir.

 

A entrant dans le bourg principal, je découvre quelques hôtels luxueux. Des véhicules de « pauvres », immatriculés en Allemagne et en Italie peuplent les abords. Mercédès, Porches et Ferrari et autres « hauts de gamme » ne sont pas rares. Des pancartes annoncent également la proximité de logements chez l’habitant…

 

J’avais entendu de notre « cheftaine » que juste à côté de la grande église du bourg, une chapelle est dédiée à l’adoration. Je la trouve et y entre. Elle est quasiment pleine, mais silencieuse comme il se doit. Le silence dure peu car une messe débute, mais en rite orthodoxe. Magnifique… Je n’avais jamais participé à une liturgie orthodoxe. J’ai ressenti une véritable communion sacramentelle, de toute l’assistance, dès le début de la cérémonie. Cette synergie spirituelle me semble quasiment absente, au moins chez nous les cathos de France. Dans la majorité de nos liturgies, nous ne sommes trop  souvent que des spectateurs « bien pensants » et bien dociles face à « Monsieur le Curé » qui, lui seul, a le pouvoir de consacrer.

 

Sortant de la chapelle d’adoration un peu avant midi, et ayant compris que nous déjeunerions à la pension, j’y retourne pour constater qu’il n’y a pas un chat et que je suis en avance d’une heure sur le groupe. Je retourne donc au centre du bourg où j’avais repéré la poste. Je téléphone à ma chère épouse et lui raconte « comment ça se passe… » Revenant, toujours « pédibus » vers le déjeuner, et l’heure de l’apéro étant franchie mais me sachant encore trop en avance, je fais halte à la terrasse d’un hôtel voisin.

Je parviens difficilement  à faire comprendre que je souhaite boire un verre du vin blanc local. Je le déguste en prenant mon temps, et en faisant quelques écritures sur des cartes postales. La pendule le signifiant, je demande à payer ma consommation, mais par une gestuelle significative désignant « le ciel », on me fait comprendre que satisfaire la soif d’un pèlerin est comme accueillir « LE CHEF LUI-MÊME ». Je manifeste donc mon admiration pour ce beau rappel évangélique. (J’ai bénéficié de cette faveur à deux reprises en trois jours. Mais toujours hors de la zone touristique pleine de boutiques pieuses. Évoquant cette belle générosité  si fondamentalement chrétienne, un habitué du pèlerinage m’a expliqué « …Daniel… avec ta gueule et ton style, ils t’ont pris pour un curé… » Tilt !)       

 

L’après-midi, ceux du groupe qui le souhaitaient pouvaient assister à des enseignements donnés en plein air, dans le grand amphi situé derrière l’église paroissiale. Ces enseignements, comme les homélies des messes, sont traduits et diffusés sur une radio locale. Chacun choisit sa traduction. Il m’a semblé que quasiment tous les peuples de la planète viennent à MEDJUGORGE pour y faire connaissance avec « LA Sainte MAMAN ». Les Italiens sont très majoritaires. Les Français sont rares.

Je découvre donc le grand amphi, rempli environ à moitié car nous étions « hors saison ». Mais il y avait plus de 5.000 auditeurs. J’écoute un peu, et n’y comprends rien car je n’avais pas le casque nécessaire. Je retrouve dans cette foule la même ambiance de prière silencieuse que le matin. Manifestement « il se passe des choses intérieurement » dans les profondeurs de la majorité, quels que soient les âges et les races. L’enseignement est manifestement peu écouté… Les pèlerins sont « accrochés ailleurs »…

Je reste spectateur à l’amphi durant une petite heure, puis mes habitudes de sieste prolongée faisant leurs effets, je retourne vers la chapelle de l’adoration avec l’intention d’y prier, probablement à la manière de St PIERRE le jeudi saint au soir, dans l’oliveraie de Gethsémani. Mais je trouve porte close…

 

Allant chercher refuge et calme dans la grande église, je découvre alors le côté « confessionnal mondial »  de MEDJUGORGE. Chez nous en France (… et probablement aussi en d’autres pays surtout européens) les confessionnaux sont rares et vides. De part et d’autre de la grande église, sur environ 70 x 30 m, des successions de « cabines » sont alignées. (Sauf l’environnement, ça ressemble beaucoup aux cabines d’une plage du nord chez nous façon 19e siècle). A vue de nez, il y en a plus d’une centaine et ça n’est pas assez, car des prêtres sont sur des chaises, en plein air, avec des groupes en attente de leurs tours. Face aux « cabines », les files d’attente de plus de 20 pénitents ne sont pas rares. Dans chacune des 2 cours, des bancs d’attente sont alignés, et beaucoup de y gens « poireautent » en priant. Il y a là plusieurs centaines de pénitents.

Chaque cabine, et chaque prêtre en plein air affichent une petite pancarte sur laquelle est mentionné le langage utilisé. J’observe beaucoup d’« Italiano ». Je cherche « Français » et n’en trouve aucun parmi beaucoup d’autres de toute notre planète. J’identifie quelques cabines destinées, au moment de mon passage, à des ressortissants de pays que je savais officiellement adeptes de l’Islam ou de Bouddha.  Des réserves de pancartes sont bien visibles. Chaque prêtre vient choisir la sienne avant de s’enfermer dans une cabine s’il en reste, ou de s’asseoir en plein air.

Les deux bas côtés latéraux de la grande église comportent plusieurs portes qui donnent accès direct à ces espaces d’attente. Je suppose que s’il pleut, on doit également confesser sous la nef…

 

Je me mets au calme sur un banc latéral au fond de la grande église. (Je m’y suis probablement assoupi ponctuellement, tout en continuant à me poser les questions « tarabustantes » qui avaient motivé mon pèlerinage).

Une messe est célébrée à laquelle je participe. Pour la communion ce sont de nombreux prêtres, portant ciboire, qui se déplacent dans les allées jusqu’aux débouchés des lignées de bancs. J’observerai la même discipline collective lors d’une messe en plein air dans le grand amphi. Les foules énormes se déplacent ainsi fort peu, et tout le monde y gagne du temps.

 

En sortie de messe, l’heure du repas s’approche. Chacun dans le groupe est libre de diner où bon lui semble. Je « lèche » un peu les vitrines. Je me paye le petit bouquin officiel où sont reproduits presque tous les messages de « La Sainte MAMAN » entre mars 1995 et juin 2013(Les première apparitions datent de 1982) Je choisis un resto et en attaque la lecture, devant un thé, en prenant tout mon temps. L’heure venue je casse la croûte. Assez décevante ladite croûte, et pour une addition à un niveau trop élevée, surtout face à la réputation de modération du site en la matière, modération que je vérifierai deux soirs ensuite, avec des assiettes nettement plus savoureuses.

 

Retour paisible et « pédibus » vers la pension. Un affichage y annonce le programme de chaque lendemain, mais les pèlerins restent totalement libres d’organiser leur emploi du temps. J’y jette un œil en passant. Je suivrai le groupe. Le réveil sera donc vers 5 h 30 maxi.

Coucher et lecture, mais des messages de La MAMAN. (Parti de PARIS un mercredi, je confesse avoir acheté « Le Palmipède ». J’avais imprudemment osé en entamer la lecture durant l’attente du décollage à ROISSY. Je ne la reprendrai qu’à mon retour chez moi… Très inhabituel !) 

 

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DANIEL-KOKA