EUCHARISTIE
(2)
Sur le fond, je ne suis aucunement un détracteur de
nos liturgies, du moins tant qu’elles ne sont pas soporifiques en leurs
expressions.
Le cérémonial de la messe est toujours
et partout le même. Seulement des variantes de vocabulaire en font
la diversité. JÉSUS s’y fait présent… Même
dans une assemblée endormie, et pas nécessairement en une « adoration de
St PIERRE… » (*) oration de St PIERRE..
L’aspect
soporifique, ou pas, n’est que la résultante de la « profondeur communionelle » de toute l’assemblée quand elle se
laisse plus ou moins « saisir » par la vie éternelle qui se fait présente, et par la joie (Profonde…) qui
en résulte.
Évidemment, la sainteté du célébrant y contribue
majoritairement, et à proportion de son « rayonnement » spirituel
spontané.
Ayant vécu un très grand nombre de messes depuis mon
enfance, je mémorise des célébrations de coloration spirituelle parfois très
contrastées. Quelques beaux souvenirs :
- Un de mes plus beaux coups de cœur se situe dans la cathédrale Sainte ANNE de BRAZAVILLE.
J’étais dans le secteur pour le boulot à une époque où le CONGO était encore
officiellement un régime marxiste.
Ce dimanche, une forte
concentration de paroisses venues de campagnes parfois lointaines faisait
la fête dans le voisinage de la cathédrale, avec processions en costumes
typiques pleins de couleurs et de beautés africaines. La danse, les percussions,
les cuivres accompagnaient les cortèges convergents vers la messe.
Chaque village apportait ses offrandes
en nature. Des légumes et des fruits divers étaient abondants, de la
volaille, des moutons ou biquettes parfois... Je n’ai jamais revu pareille joie et générosité dans nos offertoires.
La consécration n’en fut pas moins adorative,
silencieuse et très fervente. Je ne comprenais rien au vocabulaire local mais la gestuelle de tous, célébrant y
compris, était identique à la nôtre. Oui, je fus pleinement en
« communion » avec ce peuple si sympathique. Je ne
l’oublierai jamais …
- Un autre coup de cœur remonte à ma lointaine jeunesse. J’avais la
vingtaine seulement. Ma troupe de
« boy-scouts » avait été privée de son aumônier. En plein
« grand camp » les gendarmes étaient venus embarquer d’urgence notre
« père Michel », car la République en sa guerre d’Algérie manquait
d’officiers.
Le samedi suivant la bande de jeunes bivouaquait donc
dans un bois au voisinage immédiat de l’abbaye N. D. de
Timadeuc, en vue de la messe du lendemain. Pour cette messe, toute
la troupe avait envahi le « perchoir » situé au-dessus de l’entrée et
de la nef. Des jeunes ados à la messe, ça n’est jamais parfaitement calme. Or ils le furent exceptionnellement ce
dimanche-là. Et surprise, ils allèrent tous
à la communion, laquelle n’avait évidemment jamais été ni obligatoire ni
discriminatoire.
Devant le lent spectacle de ces enfants en procession,
une émotion forte et très profonde m’a saisi.
« LA Source » de cette émotion m’était totalement extérieure. Ce me fut une évidence très forte.
Soixante ans plus tard, il se trouve qu’écrivant ces lignes, je suis avec
mon épouse sur le départ d’une sorte de pèlerinage annuel avec les chefs de
bande de ce groupe d’ados. Ils ont épousé des gamines auxquelles « ma
promise » consacrait ses loisirs. Outre les sites naturels et les beaux
monuments, chaque année nous ne manquons
pas de savourer, de partager
sur place «Le Pain », et « Le
Vin ». Et surtout pas dans une ambiance « coincée… »
- JEAN-PAUL II vient d’être canonisé. Curieusement cet évêque fut (… et
restera de très loin), celui que j’ai le
plus fréquemment rencontré. Tant dans la prière que sur le terrain perdu dans
des foules, que par la lecture de ses textes (… pas tou,
très loin s’en faut !), qu’en une
rencontre privée à St Pierre de Rome. Nous étions environ 3 ou 4.000 invités.
La messe de J.P. II au Bourget, lors de sa toute première visite en France fut un évènement au retentissement
national, minimisé bien sûr par nos médias. Comment oublier la réception en
direct de la célèbre interpellation « … France,
qu’as-tu fait de ton baptême… ? » Comment oublier ces nombreux fidèles à genoux sous la pluie et
dans la boue lors de l’homélie, écoutant souvent en larmes ? Comment
oublier ces petits enfants qui
regardaient ébahis leurs papas ou leurs mamans pleurant ainsi ?
Comment oublier les stupides zizanies
internes de l’Église de France, autour de cette visite.
- Autre famille de souvenirs, plus récents car jaillis
de « l’outil ALPHA », la saveur
et la fécondité spirituelle des repas qui ouvrent chacune des soirées de ces
parcours. Les fruits de ces parcours, donc
essentiellement de ces repas, sont évoqués dans « LA RENCONTRE »…
Ces beaux souvenirs m’ont toujours
« chauffé » les profondeurs… Mais la froideur routinière, l’ambiance
« zombie » que je constate trop souvent en des messes hors les
murs de « mon Ex » n’ont
jamais cessé de me scandaliser. Et de me faire souffrir, surtout pour ceux
qui à l’extérieur, en sont témoins… J’ai formulé cette
protestation dès l’ouverture du CATHO-GRATTEUR. Vous pouvez la lire dans la page de garde du site. La réponse du « BUREAU-CHEF » m’est venue, et j’ose
la partager avec vous, mais en rappelant la mise en garde qui figure
en entrée de ces chapitres.
Cette réponse tient en une évidence…
Une lecture routinière des Évangiles et des Actes la
masque. Elle s’est brutalement imposée, en mon cœur, lors de la semaine sainte 2013 il me semble.
M’interrogeant
sur les raisons profondes du déclin du christianisme en Europe, surtout face
aux belles ambitions que sont « la Nouvelle Évangélisation »,
« La Civilisation de l’Amour », le « puissant
moteur » du dynamisme évangélisateur de l’Église primitive m’est devenu
évident. Comment a-t-il été possible au christianisme, sans télé,
sans poste, sans journaux, sans INTERNET ni transports rapides, de
« conquérir » tout le bassin méditerranéen en deux siècles
seulement ? A l’évidence, nos lointains
frères et sœurs fonctionnaient sur un autre mode que le nôtre… Mais lequel ?
J’ai trouvé confirmation de tous les souvenirs évoqués
plus haut, dans une sorte de « première lecture » de l’affaire des « témoins d’EMMAÜS ».
(Comme
vous, je ne peux pas évaluer le nombre de fois où j’ai entendu ce texte, où je
l’ai lu et médité, où de savants prédicateurs me l’ont expliqué.) Brutalement, une évidence s’est fait jour… Certes, la toute première messe nous est rappelée chaque année le
Jeudi Saint. Ce fut une forme
de messe privée que JÉSUS choisit souverainement pour instituer le socle
rituel, et institutionnel, de notre Église. Mais
quelle fut la toute première messe publique … ? Où fut-elle
célébrée… ? Par qui… ?
Les réponses m’ont « explosées » au cœur
lors d’une relecture des « témoins d’EMMAÜS » :
- Ils sont sur la
route…(Comme
nous, tout au long de nos vies).
- Ils fuient JÉRUSALEM, par
déception et par peur… (Et ils ne sont pas rares, hélas,
ceux qui fuient l’Église et toute forme de religion).
-
Ils rencontrent un
inconnu. Et un partage s’instaure au long de la route … (Notre individualisme contemporain s’oppose
aux « partages » autres que très superficiels. C’est un cancer
mortel, et pas seulement dans le domaine religieux).
- Ils entrent dans
un bistrot… (Un lieu ouvert à tous, sans aucune
distinction. Un lieu où on « se restaure… » (Le
pain), où on « étanche sa soif »(Le
vin). Un lieu généralement méprisé par les « bien
pensants »).
- La toute première
messe publique y est célébrée, (… sur une table, sans aucun apparat) par « l’Inconnu »,
qui cesse de l’être au partage du pain, mais disparait à ce moment…
- Bouleversés,
revigorés, « transcendés », ils reviennent vers JÉRUSALEM
et vers les apôtres pour leur raconter
cette rencontre « magnifiante »…(Après « LA RENCONTRE », les convertis, ou
les « remis en route » renouent avec la pratique religieuse, toujours
dans un enthousiasme et une joie « rayonnante », communicatrice. Hélas,
souvent ça ne dure pas… Car…)
- Et les « grands
chefs » n’y comprennent rien… (Pas
tous… pas tous… !)
- Résonne aussi très fortement depuis 20 siècles, mais
seulement dans les cœurs qui veulent bien l’entendre, cette affirmation de JÉSUS :
« … là ou deux ou
trois sont rassemblés en Mon Nom… JE SUIS
là… »
A toutes ces convergences profondes se sont ajoutées les conséquences de l’élasticité du
temps qui passe, en nos modes de pensée,
donc en nos intelligences et en nos consciences. Élasticité pouvant même
aller jusqu’à la contraction du temps à zéro. Voire même à l’inversion du sens
de son écoulement.
Le
« JE SUIS » du PÈRE à MOISE, le « JE SUIS » de JÉSUS à CAÏPHE, le Royaume qui EST tout proche, m’ont alors ouvert la
porte d’une toute autre « transparence réceptive » à La Présence Réelle de JÉSUS dans le culte eucharistique. Sans « LUI », nous ne
« sommes » pas…
Je mesure
combien pareilles affirmations feront « hurler » ceux de mes lecteurs
qui ne fonctionnent en leurs neurones que sur un mode matérialiste. Ou sur un mode à dominante « intellectualiste »…
Je vous laisse
« digérer »… Car au
prochain chapitre, nous aborderons ce que je perçois dorénavant comme l’indispensable énergie motrice qu’il nous
faut recevoir, à laquelle il est indispensable de « revenir » pour
« oser » la Civilisation de l’Amour ».
Universelle cette énergie… Accessible à
tous, incessamment proposée
par le PÈRE à chacun de ses 6 milliards actuels de
petits enfants,
avec le soutien actif de notre Grand Frère, SON FILS premier né d’entre les
morts.
« LUI-MÊME » épousant toutes les pesanteurs, et toutes les promesses
grandioses de notre humanité…
(… A suivre)