III. Questionnaire
Les questions
ci-dessous permettent aux Églises particulières de participer activement à la préparation du Synode Extraordinaire qui
a pour but d’annoncer l’Évangile dans les
défis pastoraux
d’aujourd’hui concernant la famille.
1.Sur la diffusion des Saintes Écritures et du Magistère de
l’Église concernant la famille
a)
- Quelle est la
connaissance réelle des enseignements de la Bible, de “Gaudium et spes”, de
“Familiarisconsortio” et des autres documents du Magistère postconciliaire sur
la valeur de la famille selon l’Église Catholique?
- Comment nos fidèles sont-ils formés à la vie
familiale selon l’enseignement de l’Église?
b)
- Là où l’enseignement de l’Église est connu,
est-il intégralement accepté ?
- Est-ce que des
difficultés se vérifient dans sa mise en pratique? Lesquelles?
c)
- Comment
l’enseignement de l’Église est-il dispensé dans le cadre des programmes pastoraux
au niveau national, diocésain et paroissial?
- Quelle est la
catéchèse sur la famille?
d)
- Dans quelle mesure
– et en particulier sur quels aspects – cet enseignement est-il réellement
connu, accepté, refusé et/ou critiqué dans les milieux extra ecclésiaux ?
- Quels sont les
facteurs culturels qui empêchent la pleine réception de l’enseignement de l’Église
sur la famille?
2.
Sur le mariage selon la loi naturelle
a)
- Quelle place occupe
la notion de loi naturelle dans la culture civile, tant au niveau institutionnel,
éducatif et académique, qu’au niveau populaire? - Quelles conceptions de
l’anthropologie sont à la base de ce débat sur le fondement naturel
de la famille?
b)
La notion de loi
naturelle à propos de l’union entre un homme et une femme est-elle couramment
acceptée en tant que telle par les baptisés en général ?
c)
- Comment, en
pratique et en théorie, la loi naturelle sur l’union entre un homme et une
femme en vue de la formation d’une famille est-elle contestée?
- Comment est- elle proposée
et approfondie dans les organismes civils et ecclésiaux?
d)
- Si des baptisés non
pratiquants ou ceux qui se déclarent non-croyants demandent la célébration du
mariage, comment affronter les défis pastoraux qui en découlent ?
3.La pastorale de la famille dans le contexte de
l’évangélisation
a)
- Durant ces
dernières dizaines d’années, quelles sont les expériences nées concernant la
préparation au mariage?
- Comment a-t-on
cherché à stimuler le devoir d’évangélisation des époux et de la famille?
- Comment promouvoir
la conscience de la famille comme « Église domestique »?
b)
Êtes-vous parvenus à
proposer des styles de prière en famille qui réussissent à résister à la
complexité de la vie et de la culture actuelle?
c)
Dans la situation
actuelle de crise entre les générations, comment les familles chrétiennes
ont-elles su réaliser leur vocation propre de transmission de la foi ?
d)
De quelle manière les
Églises locales et les mouvements de spiritualité familiale ont-ils su créer
des parcours pouvant servir d’exemple ?
e)
Quel est l’apport
spécifique que les couples et les familles ont réussi à donner quant à la
diffusion d’une vision intégrale du couple et de la famille chrétienne qui soit
crédible aujourd’hui ?
f)
Quelle attention
pastorale l’Église a-t-elle montré pour soutenir le cheminement des couples en
formation et des couples en crise ?
4.Sur la pastorale pour affronter certaines situations
matrimoniales difficiles
a)
- Le concubinage ad
experimentum est-il une réalité pastorale importante dans votre Église
particulière ?
- À quel pourcentage
pourrait-on l’estimer numériquement ?
b)
- Existe-t-il des
unions libres, sans reconnaissance aucune, ni religieuse ni civile?
- Ya-t-il des données statistiques sûres ?
c)
- Les séparés et les
divorcés remariés sont-ils une réalité pastorale importante dans votre Église
particulière ?
- À quel pourcentage
pourrait-on l’estimer numériquement ?
- Comment affronter
cette réalité au moyen de programmes pastoraux adaptés ?
d)
- Dans tous ces cas,
comment les baptisés vivent-ils leur situation irrégulière?
- Ils en sont
conscients ?
- Manifestent-ils
simplement de l’indifférence ?
- Se sentent-ils écartés
et vivent-ils avec souffrance l’impossibilité de recevoir les sacrements ?
e)
- Quelles sont les
demandes que les personnes divorcées et remariées adressent à l’Église à propos
des sacrements de l’Eucharistie et de la réconciliation ?
- Parmi les personnes
qui se trouvent dans ces situations, combien demandent ces sacrements ?
f)
- La simplification
de la pratique canonique pour la reconnaissance de la déclaration de nullité du
lien matrimonial pourrait-elle offrir une réelle contribution positive à la solution
des problèmes des personnes concernées ?
- Si oui, sous
quelles formes ?
g)
- Existe-t-il une
pastorale spécifique pour traiter ces cas ?
- Comment cette
activité pastorale se déroule-t-elle ?
- Existent-ils des
programmes à ce propos au niveau diocésain et national ?
- Comment la
miséricorde de Dieu est-elle annoncée aux personnes séparées et aux divorcés
remariés ; comment le soutien de l’Église
dans leur cheminement de
foi est-il mis en acte ?
5.Sur les unions de personnes du même sexe
a)
Existe-t-il dans
votre pays une loi civile qui reconnaisse aux unions de personnes du même sexe
une quelconque équivalence au mariage ?
b)
Quel est le
comportement des Églises particulières et locales tant envers l’État promoteur
d’unions civiles entre personnes du même sexe, qu’envers les personnes
impliquées dans ce type d’union ?
c)
Quelle attention
pastorale est-il possible d’avoir envers des personnes qui ont choisi de vivre
selon ce type d’unions ?
d)
En cas d’unions entre
personnes du même sexe qui aient adopté des enfants quel comportement pastoral
tenir en vue de la transmission de la foi ?
6. Sur l’éducation des enfants au sein
de situations de mariages irréguliers.
a)
Quelle est la
proportion estimée de ces enfants et adolescents dans ces cas par rapport à
celle d’enfants nés et élevés au sein de familles constituées selon les règles ?
b)
- Dans quel état
d’esprit les parents s’adressent-ils à l’Église ?
- Que demandent-ils?
- Uniquement les
sacrements ou également la catéchèse ?
c)
Comment les Églises
particulières répondent-elles au besoin des parents de ces enfants pour leur
offrir une éducation chrétienne ?
d)
Comment la pratique
sacramentelle se déroule-t-elle dans ces cas-là: préparation administration et
accompagnement du sacrement ?
7. Sur l’ouverture des époux à la vie
a)
- Quelle connaissance
concrète les chrétiens ont-ils de la doctrine d’Humanae vitae sur la paternité
responsable ?
- Quelle conscience
a-t-on de l’évaluation morale des différentes méthodes de régulation des
naissances?
- Du point de vue
pastoral quels approfondissements pourraient être suggérés à ce propos?
b)
- Cette doctrine
morale est-elle acceptée?
- Quels sont les aspects
les plus problématiques qui en rendent difficile l’acceptation par la plupart
des couples?
c)
Quelles méthodes
naturelles sont promues par les Églises particulières pour aider les conjoints à mettre en pratique la
doctrine d’Humanae vitae ?
d)
Quelle est
l’expérience sur ce thème dans la pratique du sacrement de la
réconciliation et dans la
participation à l’Eucharistie ?
e)
Quels contrastes
apparaissent-ils à ce propos entre la doctrine de l’Église et l’éducation
civile ?
f)
- Comment promouvoir
une mentalité plus ouverte envers la natalité ?
- Comment favoriser la croissance des
naissances ?
8. Sur le rapport entre la famille et
la personne
a)
Jésus-Christ révèle
le mystère et la vocation de l’homme : la famille est-elle un lieu privilégié
pour que ceci arrive ?
b)
Quelles situations
critiques de la famille dans le monde d’aujourd’hui peuvent-elles devenir un
obstacle à la rencontre de la personne avec le Christ ?
c)
Dans quelle mesure
les crises de foi que les personnes peuvent traverser ont-elles une incidence
sur la vie familiale ?
9. Autres défis et propositions
À propos des thèmes
traités dans ce questionnaire, y-a-t-il d’autres défis et propositions que vous
considérez comme urgents ou utiles ?".
DOCUMENT PREPARATOIRE SYNODAL – Points
I et II
Cité du Vatican, 5 novembre 2013 (VIS).
Voici le texte
intégral du Document préparatoire de la III Assemblée générale extraordinaire
du Synode des évêques, (intitulé "Les défis pastoraux de la famille dans
le contexte de l'évangélisation") diffusé ce matin par le Saint-Siège :
I. Le Synode: famille et évangélisation
La mission d’annoncer
l’Évangile à toutes les créatures a été confié directement par le Seigneur à
ses disciples et l’Église en est le messager dans l’histoire. À l’époque à laquelle
nous vivons, l’évidente crise sociale et spirituelle devient un défi pastoral
qui interpelle la mission évangélisatrice de l’Église pour la famille, noyau
vital de la société et de la communauté ecclésiale.
Proposer l’Évangile
sur la famille dans ce contexte s’avère plus que jamais urgent et nécessaire.
L’importance du thème se manifeste par le fait que le Saint-Père ait décidé
d’établir pour le Synode des Évêques un itinéraire de travail en deux étapes:
- La première,
l’Assemblée Générale Extraordinaire de 2014, visant à préciser le
“statusquaestionis” et à recueillir les témoignages et les propositions des
Évêques pour annoncer et vivre de manière crédible l’Évangile de la famille.
- La seconde,
l’Assemblée Générale Ordinaire de 2015, pour chercher des lignes d’action pour
la pastorale de la personne humaine et de la famille.
Aujourd’hui se
présentent des situations inédites jusqu’à ces dernières années, depuis la
diffusion des couples en union libre, qui ne se marient pas et parfois en excluent
même l’idée, jusqu’aux unions entre des personnes du même sexe, auxquelles il
est souvent consenti d’adopter des enfants.
Parmi les nombreuses situations
nouvelles qui réclament l’attention et l’engagement pastoral de l’Église, il suffira
de rappeler: les mariages mixtes ou interreligieux; familles monoparentales; la
polygamie, les mariages arrangés avec le problème de la dot qui en découle,
parfois
assimilée à un montant d’acquisition
de la femme, le système des castes, la culture du non-engagement et de la présupposée
instabilité du lien, les formes de
féminisme hostiles à l’Église, les phénomènes migratoires et la reformulation
de l’idée même de famille, le pluralisme relativiste dans la conception du
mariage, l’influence des media sur la culture populaire pour la conception des
noces et de la vie familiale; les
courants de pensée qui
inspirent les propositions législatives qui dévaluent la permanence et la
fidélité du pacte matrimonial; l’expansion du phénomène des mères porteuses
(location d’utérus); les nouvelles interprétations des droits humains.
Mais surtout dans le
milieu plus strictement ecclésial, l’affaiblissement ou l’abandon de la foi en
la sacramentalité du mariage et en la puissance thérapeutique de la pénitence
sacramentelle.
De tout cela, on
comprend combien est urgente l’attention de l’épiscopat mondial “cum et sub
Petro” face à ces défis. Si, par exemple, on pense au seul fait que dans le
contexte actuel tant d’enfants et de jeunes, nés de mariages irréguliers, ne pourront
jamais voir leur parents recevoir les sacrements, on comprend combien sont urgents
les défis posés à l’évangélisation de la situation actuelle, par ailleurs répandue
partout dans le “village global”.
Cette réalité trouve
un écho particulier dans l’accueil immense que reçoit de nos jours
l’enseignement sur la miséricorde divine et sur la tendresse envers les
personnes blessées, dans les périphéries géographiques et existentielles: les
attentes qui s’en suivent sur les choix pastoraux à propos de la famille sont
énormes.
Une réflexion du
Synode des Évêques sur ces thèmes apparaît donc tant nécessaire et urgente que
juste comme l’expression de la charité des pasteurs envers ceux qui leur sont
confiés et de la famille humaine toute entière.
II. L’Église et l’Évangile sur la famille
La bonne nouvelle de
l’amour divin doit être proclamée à ceux qui vivent cette expérience humaine
personnelle fondamentale, de couple et de communion ouverte au don des enfants,
qu’est la communauté familiale. La doctrine de la foi sur le mariage doit être
présentée d’une manière communicative et efficace, pour qu’elle soit en mesure
d’atteindre les cœurs et de les transformer selon la volonté de Dieu manifestée
en Jésus-Christ.
Pour ce qui est du
rappel des sources biblique sur le mariage et la famille, on ne reportera ici
que les références essentielles. De même, pour les documents du Magistère, il
semble opportun de se limiter aux documents du Magistère universel de l’Église,
en y ajoutant quelques textes du Conseil Pontifical pour la Famille et laissant
aux Évêques participants au Synode le soin de rapporter les documents de leurs Organes
Épiscopaux respectifs.
En tout temps et dans
les cultures les plus diverses n’ont jamais fait défaut ni l'enseignement clair
des pasteurs ni le témoignage concret des croyants, hommes et femmes, qui en
des circonstances très différentes ont vécu l’Évangile sur la famille comme un
don incommensurable pour leur vie et celle de leurs enfants.
L'engagement pour le
prochain Synode Extraordinaire est motivé et soutenu par le désir de
communiquer à tous ce message, avec une plus grande force, espérant ainsi que le
trésor de la Révélation, confié à l’Église, comble de plus en plus le cœur des
hommes» (DV 26).
Le projet du Dieu
Créateur et Rédempteur, la beauté du message biblique sur la famille a sa
racine dans la création de l'homme
et de la femme faits
tous deux à l’image et la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1,24-31 ; 2, 4b-25). Unis par un lien sacramentel indissoluble, les
époux vivent la beauté de l'amour, de la paternité, de la maternité et de la
dignité suprême de participer ainsi à l’œuvre créatrice de Dieu.
Dans le don du fruit
de leur union ils assument la responsabilité d’élever et d’éduquer d’autres
personnes pour l’avenir du genre humain. À travers la procréation l'homme et la
femme accomplissent dans la foi la vocation d’être les collaborateurs de Dieu pour
la sauvegarde de la création et la croissance de la famille humaine. Le
Bienheureux Jean-Paul II a commenté cet aspect dans FamiliarisConsortio: «Dieu a
créé l'homme à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1,26s): en l'appelant à l'existence
par amour, il l'a appelé en même temps à l'amour. Dieu est amour (1Jn 4,8) et
il vit en lui-même un mystère de communion personnelle d'amour. En créant l'humanité
de l'homme et de la femme à son image et en la conservant continuellement dans
l'être, Dieu inscrit en elle la vocation, et donc la capacité et la responsabilité
correspondantes, à l'amour et à la communion (cf. Gaudium et spes, 12). L'amour est donc la vocation fondamentale et
innée de tout être humain» (FC, n.
11). Ce projet du
Dieu créateur, que le péché originel a bouleversé (cf. Gn 3,1-24), s’est
manifesté dans l’histoire à travers les vicissitudes du Peuple élu jusqu’à la plénitude
des temps, alors qu’avec l’incarnation le Fils de Dieu non seulement confirma
la volonté divine de salut, mais avec la rédemption il offrit la grâce d’obéir
à cette même volonté.
Le Fils de Dieu,
Verbe fait chair (cf. Jn 1,14) dans le sein de la Vierge Mère vécut et grandit
dans la famille de Nazareth et participa aux noces de Cana dont il enrichit la fête
avec le premier de ses « signes » (cf. Jn 2,1-11). Il accepta avec joie
l'accueil familier de ses premiers disciples (cf. Mc 1,29-31; 2,13-17) et
consola la famille de ses amis dans leur deuil à Béthanie (cf. Lc 10,38-42; Jn
11,1-44).
Jésus-Christ a
rétabli la beauté du mariage en proposant à nouveau le projet unitaire de Dieu
qui avait été abandonné, en raison de la dureté du cœur de l’homme, même au
sein de la tradition du peuple d’Israël (cf. Mt 5,31-32; 19.3-12; Mc 10,1-12;
Lc 16,18).
En retournant aux
origines, Jésus a enseigné l'unité et la fidélité entre les
époux, refusant la
répudiation et l’adultère. C’est justement à travers l’extraordinaire beauté de
l'amour humain – déjà exalté avec des accents inspirés dans le Cantique des
Cantiques, et du lien conjugal exigé
et défendu par des
Prophètes comme Osée (cf. Os 1,2-3,3) et Malachie (cf. Ml 2,13-16) –, que Jésus
a affirmé la dignité originelle de l’amour conjugal entre l'homme et la femme.
L’enseignement de
l’Église sur la famille :
- Dans la communauté
chrétienne primitive la famille apparut également comme l’«Église domestique»
(cf. CEC 1655). Dans lesdits “codes familiaux” des Lettres apostoliques du
Nouveau Testament, la grande famille du monde antique est reconnue comme le
lieu de la solidarité la plus profonde entre femmes et maris, entre parents et
enfants, entre riches et pauvres (cf. Ep 5,21-6,9; Col 3,18-4,1; 1Tm 2,8-15;
Tt 2,1-10; 1P
2,13-3,7; cf. aussi la Lettre à Philémon).
- En particulier, la Lettre aux Éphésiens a
reconnu dans l'amour nuptial entre l'homme et la femme «le grand mystère» qui
rend présent dans le monde l'amour du Christ et de l’Église (cf. Ep 5,31-32).
- Au cours des
siècles, surtout dans les temps modernes jusqu’à nos jours, l’Église a produit
un enseignement constant et progressif sur la famille et sur le mariage qui la fonde.
Une des expressions les plus remarquables a été proposée par le Concile Œcuménique
Vatican II, dans la Constitution pastorale Gaudium et spes, qui, en traitant
quelques-uns des problèmes les plus urgents, consacre un chapitre entier à la
promotion de la dignité du mariage et de la famille, comme cela est montré dans
la description de sa valeur pour la constitution de la société: «Ainsi la
famille, lieu de rencontre de plusieurs générations qui s’aident mutuellement à
acquérir une sagesse plus étendue et à harmoniser les droits des personnes avec
les autres exigences de la vie sociale, constitue-t-elle le fondement de la
société» (GS 52). L'appel à une spiritualité christocentrique pour les époux
croyants est d’une intensité toute spéciale: «que les époux eux-mêmes créés à
l’image d’un Dieu vivant et établis dans un ordre authentique de personnes,
soient unis dans une même affection, dans une même pensée et dans une mutuelle
sainteté, en sorte que, à la suite du Christ, principe de vie, ils deviennent,
à travers les joies et les sacrifices de leur vocation, par la fidélité de leur
amour, les témoins de ce mystère de charité que le Seigneur a révélé au monde
par sa mort et sa résurrection» (GS 52).
- Les Successeurs de
Pierre également, après le Concile Vatican II, ont enrichi par leur Magistère
la doctrine sur le mariage et sur la famille, en particulier Paul VI avec l’Encyclique
Humanae vitae, qui offre des enseignements spécifiques tant sur les principes
que sur la pratique. Successivement, le Pape Jean-Paul II dans l’Exhortation
apostolique Familiarisconsortio voulut insister en proposant le dessein divin à
propos de la vérité sur l’origine de l’amour entre époux et celui de la famille:
« le «lieu» unique, qui rend possible cette donation selon toute sa vérité, est
le mariage,
c'est-à-dire le pacte d'amour conjugal ou le choix conscient et libre par lequel
l'homme et la femme accueillent l'intime communauté de vie et d'amour voulue par
Dieu lui-même (cf. Gaudium et spes, 48), et qui ne manifeste sa vraie signification
qu'à cette lumière. L'institution du mariage n'est pas une ingérence indue de
la société ou de l'autorité, ni l'imposition extrinsèque d'une forme; elle est
une exigence intérieure du pacte d'amour conjugal qui s'affirme publiquement
comme unique et exclusif pour que soit vécue ainsi la pleine fidélité au
dessein du Dieu créateur. Cette fidélité, loin d'amoindrir la liberté de la
personne, la met à l'abri de tout subjectivisme et de tout relativisme, et la
fait participer à la Sagesse créatrice» (FC, 11).
- Le Catéchisme de
l’Église Catholique recueille ces données fondamentales: «L’alliance matrimoniale,
par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une intime communauté
d e vie et d’amour, a été fondée et dotée de ses lois propres par le Créateur.
De par sa nature elle est ordonnée au bien des conjoints ainsi qu’à la
génération et à l’éducation des enfants. Elle a été élevée entre baptisés par
le Christ Seigneur à la dignité de
sacrement [Cf. Conc. OEcum. Vat. II, Gaudium et spes, 48; Code de Droit
Canonique, 1055, 1]» (CEC 1660).
- La doctrine exposée
dans le Catéchisme considère tant les principes théologiques que les
comportements moraux, traités sous deux titres distincts: Le sacrement du mariage
(n. 1601-1658) et le sixième commandement (n. 2331-2391). La lecture attentive
de ces parties du Catéchisme fournit une compréhension moderne de la doctrine
de la foi pour soutenir l’action de l’Église face aux défis contemporains. Sa pastorale
trouve son inspiration dans la vérité du mariage considéré selon le dessein de
Dieu qui a créé l’homme et la femme et qui, dans la plénitude des temps, a révélé
en Jésus également la plénitude de l’amour entre époux élevé au niveau de
sacrement.
- Le mariage
chrétien, fondé sur le consentement, est aussi doté d’effets
propres tels que les biens
et les devoirs des époux, toutefois il n’est pas affranchi du régime du péché
(cf. Gn 3,1-24) qui peut procurer des blessures profondes et aussi des
dégradations à la dignité même du sacrement.
- L’Encyclique
récente du Pape François, Lumen fidei, traite de la famille dans son rapport
avec la foi qui révèle «combien les liens entre les hommes peuvent être forts, quand
Dieu se rend présent au milieu d’eux » (LF 50). «Le premier environnement dans
lequel la foi éclaire la cité des hommes est donc la famille. Je pense surtout
à l’union stable de l’homme et de la femme dans le mariage. Celle-ci naît de
leur amour, signe et présence de l’amour de Dieu, de la reconnaissance et de l’acceptation
de ce bien qu’est la différence sexuelle par laquelle les conjoints peuvent
s’unir en une seule chair (cf. Gn 2, 24) et sont capables d’engendrer une nouvelle
vie, manifestation de la bonté du Créateur, de sa sagesse et de son dessein d’amour.
Fondés sur cet amour,
l’homme et la femme peuvent se promettre l’amour mutuel dans un geste qui
engage toute leur vie et rappelle tant d’aspects de la foi.
Promettre un amour
qui soit pour toujours est possible quand on découvre un dessein plus grand que ses propres
projets, qui nous soutient et nous permet de donner l’avenir tout entier à la
personne aimée» (LF 52). «La foi n’est pas un refuge pour ceux qui sont sans
courage, mais un épanouissement de la vie. Elle fait découvrir un grand appel,
la vocation à l’amour, et assure que cet amour est fiable, qu’il vaut la peine
de se livrer à lui, parce que son fondement se trouve dans la
fidélité de
Dieu, plus forte que notre fragilité» (LF 53).