TRESORS DES APOCRYPHES (1)
Aujourd'hui,
le "PSEUDO-VILLON"
C'est
fou ce que le Moyen-Age, réputé obscur, nous réserve de perles lumineuses...
BALLADE
DE LA PITIE NOTRE-DAME
Tristes
humains vêtus de noir,
Rongés
de pleurs, hâves, marris,
Désespérés,
perdant le boire
Et
le manger, priez Marie.
Elle
qui pleura tant sur terre
Chassera
l’ombre de vos yeux,
Et
mandez-lui que considère
La
grand’ pitié des enfants’ Dieu.
Mourants, perclus, blessés, malades,
Vous qui souffrez en votre corps
Et gémissez, triste ballade,
Priez Marie, criez plus fort.
Elle que maux souvent brisèrent
Vous pansera, vous irez mieux;
Et mandez-lui que considère
La grand’ pitié des enfants’ Dieu.
Rois d’ici-bas, bourgeois, marchands,
Nobles seigneurs, puissants prélats,
Tous pleins d’écus, honorés, grands,
Priez Marie malgré celà.
Elle qui règne aimée du Père
Vous sauvera, riches soucieux.
Mais mandez-lui que considère
La grand’ pitié des enfants’Dieu.
Joyeux lurons, gentils paillards
Et francs ribauds du doux Paris,
Beaux escoliers, rimeurs, pendards,
De vos chants gais priez Marie;
Elle qui fut heureuse et claire
Vous sourira, gens trop peu pieux.
Mais mandez-lui que considère
La grand’ pitié des enfants’ Dieu.
Cagots dont l’amour se limite
Aux alentours du bénitier,
Que la peur du grand air habite,
Priez Marie les yeux baissés.
Elle qui riait des commères
Vous aidera, ô vertueux;
Mais mandez-lui que considère
La grand’ pitié des enfants’ Dieu.
Envoi:
Vous tous enfin, pécheurs mes frères,
Priez-la bien, jeunes et vieux,
Et mandez-lui que considère
La grand’ pitié des enfants’ Dieu.
Trouvaille de JULES