Œ FRATERNITE ?
Tout au long de ton séjour sur cette terre, ton sens de la
fraternité fut restrictif, sélectif et très marqué par ton désir de dominer, de
briller. Tu recherchais la gloire,
Découvrir un frère dans le vieux bonhomme que je suis, et
vingt siècles après ton passage ici bas, aurait, à l’époque, paru tout à fait
incongru, et certainement inconvenant, au brillant rejeton d’une riche famille
de Kériot, instruit par les sommités du Temple de
Jérusalem, et déjà confident de bien des intrigues des autorités religieuses et
politiques.
J’origine notre fraternité dans le rabbi Jésus. Il a marqué
ta vie et aussi
Affirmer que l’ambition fut étrangère à mon dynamisme
interne serait mentir. Nous avons là un deuxième point commun que je ne saurais
renier car toute vie est portée par une espérance. A ce titre, des formes
d’ambitions sont nécessaires. Le vrai problème n’est que celui de leur centrage
et de leur contribution à une convivialité, à une communion finalement, mais au
sens que lui a donné notre commun Maître.
Quand je contemple, aussi faiblement qu’il m’est possible, son infini sainteté et
l’étendu de son universel amour, l’évidence de notre fraternité, en lui,
s’impose. Cette contemplation m’a révélé combien nous sommes semblables. Les
mêmes ambiguïtés, contradictions, tentations suivies des mêmes abandons ont
terni nos vies, en zones d’ombres dans l’éclat de Sa lumière. Tout n’est
qu’affaire de centrage, de gradation dans les errances. Je défie qui que ce
soit, spirituellement honnête, d’oser s’affranchir de ta fraternité au motif
que décidément, tu serais toi, infréquentable.
Les belles raisons que je fabriquais jadis, pour masquer mon
trouble face à cette évidente parenté, n’ont pas résisté à l’usure du temps. La
sagesse commande une lucidité qui ne conduit certes pas à s’abandonner à nos
pesanteurs, mais totalement à la tendresse du rabbi Jésus. Tu fus soumis non
moins activement que nous au feu de cette amour. Toutes nos misères
s’enracinent dans notre opacité, notre faculté à Lui résister.
Y as-tu capitulé en cet instant suprême qui marque notre
entrée dans l’éternité ? Nul autre que
toi et Lui ne peut le savoir. Cette question te concernant me revient souvent.
En écho monte une douleur qui n’est pas mienne, il me semble... Je l’espère du
moins. Car si quelqu’un nous aime, toi et moi, et d’un amour éternel qui ne
saurait se tarir, c’est bien Lui. Aurai-je abdiqué ce stupide orgueil de ma vie
qui fut aussi le tien ? J’en doute souvent. En fait nul n’en peut rien savoir.
Pour toi comme pour moi, c’est affaire de miséricorde acceptée. L’évidence
s’impose qu’il ne peut en être autrement.
Mais j’entends d’ici des refus de cette fraternité là. Cette
évidence devenue mienne est peu partagée. Elle paraît offensante à qui