JOSEPH
En ce mois de décembre de l’an -7, probablement entre le
16 et le 23, il règne au temple de Jérusalem une agitation très inhabituelle.
Le Grand Prêtre a convoqué plus d’une cinquantaine d’hommes en âge d’être
mariés mais tous célibataires. Il les a choisis dans les grandes familles
d’Israël car il espère que Dieu désignera parmi eux l’époux de Marie, princesse
de sang royal, descendante de David.
Les invités ne savent pas pourquoi ils sont là. A l’époque on ne posait pas de questions, et quand le Grand Prêtre convoquait, on obtempérait... Avec un peu d’appréhension !
Dès leur arrivée au temple, chaque invité s’est vu remettre un
branchage coupé, évidemment dépourvu de toute feuille puisque nous sommes en
décembre, avec consigne d’aller prier au temple muni de ce bout de bois, avant
la réunion. Les visiteurs se sont tous volontiers pliés à ce rite étrange
auquel ils ne comprennent rien et remettent, à leur retour en salle, le
branchage qui leur a été attribué. Un scribe les entasse sur une table et
constitue ainsi un beau fagot. Dans la salle, tout le monde discute à
mi-voix. On est heureux de se revoir. On
échange des nouvelles. On s’interroge aussi sur les raisons de cette réunion et
sur cette étrange liturgie.
Au son d’une trompette, tout le monde fait silence et le Grand Prêtre
paraît. Il se dirige vers le fagot de branchages... l’examine, le fouille, et
finalement en extrait un miraculeusement chargé de fleurs... Un murmure se répand dans l’assistance à cette constatation tout à fait surprenante :
- Hommes qui êtes venus à mon appel, écoutez ! Le Seigneur a parlé.
Qu’il soit béni. Un rayon de sa gloire est descendu comme soleil de printemps
pour donner vie à ce rameau sec. Dieu
s’est ainsi fait
père et tuteur de Marie, la vierge
de David, qui n’a
que lui comme protecteur. Sainte enfant, gloire du
temple et de sa race, elle a mérité que Dieu lui fasse connaître le nom de
l’époux qu’il lui a préparé.
Alors seulement, le Grand Prêtre examine l’espèce d’étiquette qui
accompagne chaque branchage.
- Le nom de l’époux est Joseph de Jacob, de la tribu de David à
Bethléem, charpentier à Nazareth de Galilée. Joseph, avance ! C’est le Grand
Prêtre qui te l’ordonne !
Un homme s’avance, rouge comme une pivoine.
C’est l’ex-apprenti charpentier menuisier, le tonton d’Alphé dont nous avons déjà fait la connaissance. C’est
maintenant un grand gaillard d’environ 30 ans. Son allure exprime beaucoup de
force et de douceur.
- Venez tous. Regardez le nom qui accompagne le rameau fleuri. Que
chacun reprenne son rameau pour s’assurer qu’il n’y a pas de fraude.
Tous défilent dans le calme.
Le Grand Prêtre met la main sur l’épaule de Joseph :
- L’épouse que Dieu te donne n’est pas riche, mais personne en Israël
n’est aussi vertueuse aussi pure, et aussi belle que Marie. Sortez tous
maintenant. Toi Joseph, reste. Et toi Zacharie, va chercher ta cousine.
La salle se dépeuple lentement.
- Marie doit te dire un vœu qu’elle a fait. Aide sa timidité, Joseph,
et sois bon avec elle qui est si bonne.
Marie entre, accompagnée de Zacharie et d’Anne de Phanuel.
Le Grand Prêtre montre alors une douceur toute paternelle :
- Viens ici, Marie... Voici l’époux que Dieu te destine. C’est Joseph
de Nazareth. Tu retourneras donc dans ta ville natale. Maintenant je vous
laisse. Que Dieu vous bénisse, Qu’il vous garde et vous montre sa face. Qu’il
ait pitié de vous, toujours , et qu’il vous donne sa
paix.