MARIE ET MAMAN ANNE
Quelques années plus tard, Anne et Marie sont dans le jardin familial à
Nazareth. On s’active dans le calme à soigner les diverses plantes ornementales
et potagères. Ce travail n’empêche pas Anne d’instruire sa fillette :
- Maman... raconte-moi encore la parole de Gabriel au prophète
Daniel... là où le sauveur est promis.
Et patiemment, une fois de plus, Anne s’exécute :
[ Daniel 9 - 21 a 24 ]
Je parlais encore
en prière, quand Gabriel fondit sur moi en plein vol, à l’heure de l’oblation
du soir. Il vint, me parla et me dit : Daniel me voici. Je
suis sorti pour venir t’instruire dans l’intelligence. Dès le début de ta
supplication une parole a été émise et je suis venu te l’annoncer.
Tu es l’homme des prédilections. Pénètre la
parole, comprends la vision : Sont assignées septanteŒ semaines pour ton
peuple et ta ville sainte, pour mettre un terme à la transgression, pour
apposer les scellés aux péchés, pour expier l’iniquité, pour introduire
éternelle justice, pour sceller vision et prophétie, pour oindre le Saint des
Saints (2). Prends-en connaissance et intelligence : depuis l’instant
que sortit cette parole, qu’on revienne
et qu’on rebâtisse Jérusalem, jusqu’à un prince Messie.
Marie écoute très attentivement. Elle connaît déjà ce récit par cœur.
- Combien de temps faut-il encore attendre pour que vienne le Messie ?
- Environ trente années ma chérie...
- Que c’est long... Et je serai au temple. Mais si je priais tant et
plus, si je consacrais toute ma vie à Dieu dans ce but, peut-être le Seigneur
hâterait-il la venue de son Messie ?
- Le prophète a dit soixante-dix semaines...
Des larmes perlent au coin des yeux de la petite Marie ...
- Mais Dieu est si bon que si tu le pries, toi, peut-être qu’il
t’exaucera...
A cette perspective, le sourire revient immédiatement.
- Alors je prierai, et je me ferai vierge pour cela.
Là Anne est
sidérée !
- Mais sais-tu ce que cela signifie ?
- Ne pas connaître l’amour d’un homme, mais seulement l’Amour de Dieu,
n’avoir de pensées que pour Dieu... rester enfant dans sa chair et ange dans
son cœur, n’avoir d’yeux que pour le contempler, d’oreilles que pour
l’entendre, de bouche que pour chanter sa louange, de mains que pour s’offrir à
lui, des pieds pour le suivre, un cœur et une vie que pour les lui donner...
- Mais alors tu n’auras jamais de bébé à toi... Toi qui aimes tant les
agneaux et les tourterelles. Il est doux
de s’entendre appeler maman !
- Le prophète dit que le Messie naîtra d’une vierge. Sa mère est donc
probablement née. Elle doit être au
temple. Je serai peut-être sa compagne, son
amie. Je pourrai peut-être
l’approcher, la servir... maman,
être l’humble servante de cette maman et de son enfant... Je le dois.
Marie est tout enthousiasmée à cette pensée. Son immense sainteté, dont
elle n’a aucune conscience, lui interdit d’imaginer un seul instant que cette maman ce sera elle. Elle est
parfaitement humble.
Anne, très émue, contemple son bébé, à peine fillette...
Elle est un brin dépassée par les événements, Anne…
Œ Ma correctrice orthographique, invoquant cette tournure de
langage, soupçonne l’archange Gabriel d’être belge ! Pourquoi pas ?
(2)
Quel magnifique
et grandiose résumé de la mission accomplie par Jésus ! Il faut contempler
cette prophétie, dans les objectifs qui lui sont ici anticipés, en gardant au
cœur la vision de la Croix, celle de la résurrection de Pâques qui anticipe les
nôtres et accomplit celle de tous les morts depuis la nuit des temps qui
précéda cette sublime fracture dans notre Histoire. Ajoutons dans notre
contemplation notre participation, déjà réalisée (… très partiellement, mais
bien réellement) à l’éternité divine. « Allez dire que LE ROYAUME EST là… »
C’est du présent… Pas seulement du futur… !