LA SAINTE FAMILLE EN EGYPTE

 

C’est une pauvre maisonnette  toute blanche qui les abrite. Elle ne comporte que deux pièces sans fenêtre mais avec chacune une porte vers l’extérieur. Le terrain alentour est très sablonneux. Une haie rachitique délimite une parcelle au delà de laquelle on aperçoit une route, les faubourgs d’une grande ville, du sable... beaucoup de sable, et au loin la masse impressionnante des pyramides. Il s’agit manifestement de la proximité de la ville du Caire.

Dans l’enclos, on distingue nettement une tentative de faire pousser quelques légumes. Il y a aussi un arbrisseau qui donne un peu d’ombre et sert d’attache à une biquette blanche tachetée de noir. Elle broute et rumine un tas de verdure jetée à terre.

A quelques pas, sur une natte étendue sur le sol, un beau bébé de deux ans et demi environ, joue avec des morceaux de bois taillés grossièrement en forme de brebis ou de chevaux. Il y a aussi de jolis copeaux de bois blond. Jésus est vêtu d’une tunique qui ressemble fort à un de nos tee-shirts, mais qui serait trop grand et dont les manches arriveraient aux coudes. Il porte des sandales de cuir très semblables à nos tongs actuelles.

Dans un des rares coins d’ombre, Marie tisse sur un métier rustique, tout en surveillant l’enfant. Elle se lève souvent pour le replacer sur la natte, ou remettre en place une sandale qui s’égare, un jouet qui s’ensable, ou encore pour éloigner la chèvre quand l’animal se fait trop familier.

Le temps coule, paisiblement.

Le soleil descend sur l’horizon, la journée s’achève, le ciel prend les teintes du couchant. Marie rentre son métier dans la maison et en ressort tête couverte d’un voile et portant une amphore. Elle prend Jésus par la menotte, tous deux sortent de l’enclos, et sur la route sablonneuse se dirigent vers la campagne. On avance lentement, à la cadence du bébé qui trottine comme il peut, s’arrête parfois pour contempler un passant, un bourricot qui passe ... Les distractions sont nombreuses et Marie prend tout son temps. Elle regarde fréquemment en arrière, vers la ville, tout en se dirigeant vers un bassin, point d’eau de tout le quartier, signalé avec une belle évidence par des gros buissons verdoyants et de nombreux palmiers.

Venant de la ville, une scie sur l’épaule gauche et un rabot coincé sous le bras, Joseph accélère le pas dès que Marie et le bébé sont en vue. Mais voici que Jésus aperçoit Joseph à une trentaine de mètres. Marie lâche la menotte et l’enfant court vers son papa, bras mi-levés, course hésitante si caractéristique des bébés qui se hâtent. Joseph anticipe le choc en déposant ses outils et reçoit l’enfant dans ses bras. Marie sourit, ramasse les outils et continue vers la fontaine pour y remplir son amphore.

 

On est de retour à la maison pour le coucher du soleil. Joseph trait la chèvre et l’enferme dans un réduit attenant à la maison.

Une des deux pièces fait office à la fois de séjour, cuisine, atelier et chambre commune. Un foyer est allumé dans une cheminée. Beaucoup d’objets très divers, établi, étagères, métier à tisser, tabourets, petite table, sont impeccablement rangés le long des murs. Maison très pauvre mais très propre.

Joseph allume une lanterne, la pose sur son établi et se remet à l’ouvrage pour achever une commande à livrer prochainement. Jésus, les mains posées sur l’établi, frimousse dressée et curieuse, observe attentivement tous les gestes de Joseph.

Marie prépare un repas très simple à base de légumes cuits à l’eau, de pain et de fromage. Dès la fin de la cuisson, la lampe est placée sur la table, Marie assise prend Jésus contre elle et lui fait manger des morceaux de pain imbibés de lait de chèvre. Elle l’assied ensuite sur un tabouret, à table avec papa et maman, pour partager les légumes. Marie sert Joseph et ne mange qu’après lui.

Quelques olives en dessert et comme boisson de l’eau seulement.

Grande pauvreté, grande simplicité. Mais dignité et propreté royales avec en plus une paix immense, joyeuse, quasi palpable, celle de la perfection de l’ordre divin au sein d’une famille en totale conformité avec Sa Volonté.

(Mathieu 2- 19,23)

Quand Hérode eut cessé de vivre, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph, en Egypte, et lui dit : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, et mets-toi en route pour la terre d’Israël ; car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » Il se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère, et rentra dans la terre d’Israël. Mais apprenant qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place d’Hérode son père, il craignit de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint s’établir dans une ville appelée Nazareth pour que s’accomplît l’oracle des prophètes : « Il sera appelé Nazaréen »