NAISSANCE DE JESUS Œ

 

Probablement le 11 décembre de l’an -5, la nuit est bien avancée. Il gèle ferme. Joseph s’est endormi face au feu dont il ne reste que quelques braises rougeoyantes.

Une étrange lumière, une sorte de concentration locale de toute la luminosité de cette pleine lune d’hiver irradie du recoin où se trouve Marie. Cette irradiation prend de la force, s’intensifie... Les animaux, troublés commencent à s’agiter et chacun d’eux, en son langage sonore dans ce grand silence, salue l’hôte divin qui vient de naître. Ce concert très bref mais intense, réveille Joseph juste au moment    la lumière disparaît :

- Mais... Marie, que se passe-t-il ?

- Viens Joseph, l’enfant est là !

D’un bond Joseph est debout. Il se précipite puis s’arrête comme pétrifié face  à  Marie  qui assise sur la litière tente d’abriter la nudité du nouveau-né des morsures du froid. La très haute conscience de « Qui » est là le fait balbutier :

- ... Mais, je n’oserai jamais !

- Prends Jésus, insiste Marie, il  faut que j’aille chercher des langes ...

En un geste très lent, infiniment respectueux, réellement liturgique, Joseph se penche sur l’enfant et sa mère. Il prend le bébé dans ses grosses mains d’honnête travailleur. Mais au contact tout chaud de ce petit être qui se met à hurler au moment où il quitte sa mère, Joseph semble revenir sur terre. Vite, il niche le bébé entre ses bras, le couvre de son manteau en faisant le dos rond... et il pleure. Il pleure de bonheur, de vénération et d’émotion tout à la fois. Oui Joseph verse aussi des grosses larmes de détresse devant la cruauté du dénuement présent.

Vivement, Marie a extrait des linges du coffre et elle emmaillote Jésus. La dextérité spontanée qu’elle montre dans ses gestes nous rappelle que Jean Baptiste fut, là aussi, le précurseur de Jésus.

Joseph ravive le feu et expose une couverture à la flamme pour la réchauffer. Marie y enroule Jésus. Avec une infinie patience, poignée par poignée, Joseph sèche et chauffe du foin qu’il accumule dans un coin de la mangeoire. C’est là que Jésus trouve son premier berceau.

Le calme s’installe.

Marie et Joseph ne peuvent détacher leur regard du petit visage à peine visible dans la pénombre.

 

 

Œ La nativité est le troisième mystère joyeux du rosaire. Sa contemplation, et tous ses fruits, doivent s’enraciner dans le sublime contraste entre l’infinie puissance divine qui s’incarne et les conditions d’extrême pauvreté dans lesquelles se réalise cette incarnation. Doivent s’y ajouter bien sûr, l’intimité de la sainte famille préservée par cette pauvreté, l’émerveillement de Marie, première adoratrice mais combien active, de l’enfant Dieu, Joseph écrasé par la présence de Dieu en ce bébé et qui nous aide ainsi à entrer véritablement dans le don de crainte, le refus de Dieu et de son incarnation concrètement manifesté par l’absence d’hébergement décent... et bien d’autres merveilles, car c’est le propre des mystères de s’élargir à mesure qu’ils se découvrent. L’Esprit nous fait ainsi entrer dans l’humilité vraie.