Ils suivent donc les indications du berger ... Le mur derrière
l’auberge … la campagne et les grottes abris sous un escarpement de la colline …
Celles qui présentent un meilleur aspect sont déjà occupées … Il faut aller
plus loin pour enfin trouver une sorte de grand trou aménagé en étable.
Le sol est jonché de vieille paille mêlée à des crottes séchées et
aussi quelques bouses. Malgré le froid, l’odeur reste forte. Face à l’entrée,
il y a une mangeoire avec un brave bœuf au repos. Le paisible animal porte son
doux regard sur Joseph qui fait l’inventaire des lieux à la lumière d’une
lanterne à huile. Il y a une provision de bois et, au sol, l’emplacement d’un
foyer. La voûte est toute noire de suie mais aussi abondamment garnie de toiles
d’araignées. Sur la gauche, une sorte de renfoncement est un peu plus abrité du
vent de la nuit qui s’annonce très froide.
Pratique et efficace, Joseph décharge l’âne du coffre à bagages, invite
Marie à s’asseoir dessus, place l’âne au repos à côté du bœuf et allume un feu.
Il déploie au mieux une grande toile au travers de l’entrée pour calmer les
courants d’air. Enfin il va puiser un peu d’eau au ruisseau et entreprend de la
faire chauffer.
Assise sur le coffre, Marie est calme, sereine. Toute son attitude
exprime l’immensité de l’événement dont elle perçoit qu’il est commencé.
L’enfant Dieu va naître ! Tout son être le sait. Mais elle sourit doucement en
suivant du regard tous les efforts de Joseph pour limiter l’extrême inconfort
de la situation, et elle se tait. Elle sait que Joseph paniquerait. Sa solitude
face à cette naissance qu’elle va devoir affronter seule, sans le secours de sa
mère ou de quelque femme expérimentée, ne l’effleure même pas. Dieu pourvoira
pour sa petite servante, elle le sait.
Finalement, après avoir étendu du foin dans le coin protégé du vent et
y avoir déployé une toile et une couverture, Joseph invite Marie à se reposer.
- Je vais garder le feu et l’entretenir. Repose-toi et prions. Demain
il fera jour...
Tournant le dos à Marie, Joseph s’assied sur une bûche entre elle et le
feu. Marie s’allonge et entre en prière. Le bœuf et l’âne contribuent vaguement
à tempérer le froid glacial qui s’insinue partout. Ils masquent aussi le recoin
où le plus grand événement de toute l’aventure des hommes est en cours : la
naissance de Jésus, l’Emmanuel, Dieu fait homme !