VOYAGE VERS BETHLEEM
Un jour froid et sec de décembre s’achève. Sur la
route qui va de Jérusalem à Bethléem de Judée le trafic est intense. Il y a
foule. Marie et Joseph ont parcouru environ 120 km depuis Nazareth et c’est
probablement la fin du troisième jour de leur voyage. Joseph n’a pu trouver
qu’un âne. Chargé de Marie et du
coffre à bagages
l’animal ne peut guère parcourir plus de 40 km par jour.
- Es-tu fatiguée ? demande Joseph.
- Non, mais toi qui marches tu dois l’être.
- Pour moi, ça n’est rien. Courage Marie, au-delà de
cette montagne, c’est Bethléem.
Un berger et son troupeau traversent
- Dieu vous bénisse tous les deux, remercie Marie.
- Vous venez de loin ?
- De Nazareth.
- C’est un bien long voyage pour une femme dans cet
état. C’est ta femme ?
- Oui.
- Vous savez
où loger ?
- Pas du tout...
- Bethléem est pleine de gens venus de partout pour
s’inscrire ou pour faire étape. Vous ne
trouverez probablement pas de logement. Connais-tu la ville ?
- Pas beaucoup.
- Alors je te renseigne ... dans son état elle ne
peux pas rester dehors pour
- Que Dieu te donne sa joie, répond Marie en
remerciement.
- La paix soit pour toi, ajoute Joseph.
Ils reprennent la route.
- Voici Bethléem Marie ... la terre de David. Tu vas
pouvoir te reposer. Tu me sembles bien fatiguée.
Marie prend la main de Joseph et lui répond avec un
sourire radieux :
- Non, mais je crois que le moment est venu.
- Dieu de miséricorde ! Comment allons-nous faire ?
Mais tu souffres ?
- Pas du tout. Vois comme je suis calme et ne crains
rien. Je suis remplie de joie. Une joie belle, forte, irrésistible. Mon coeur
me répète : « Il naît ». Je l’entends me dire : « maman me voici
pour te donner le baiser de Dieu » Oh, Joseph quel bonheur … !
Mais pour Joseph ça n’est pas la joie ... pas du
tout ! Porte après porte il demande un abri. Tout est occupé. L’auberge est
pleine à craquer. Ses supplications et l’état émouvant de Marie n’y font rien.
Un riche pharisien regarde Joseph avec un mépris évident, et quand Marie s’approche il s’en écarte indigné comme
d’une lépreuse ... Joseph va exploser mais Marie intervient :
- N’insiste pas, partons. Dieu pourvoira.