LA VISITATIONŒ
C’est le point du jour et Nazareth dort
encore.
Marie est en amazone sur un âne,
et sur une seconde monture Joseph a placé un coffre qui renferme tous les
objets et vêtements dont la jeune femme aura besoin.
Ils se mettent en route et croisent un
troupeau de moutons. Il y a de nombreux agneaux nouveau-nés. Cette rencontre
touche le cœur de Marie et le berger qui a reconnu la plus célèbre des
nazaréennes présente un tout petit à ses caresses.
La route est longue, environ 120
km de Nazareth à Jérusalem. Joseph et Marie se parlent rarement. Joseph pense à
ses obligations professionnelles et Marie, toute en contemplation de l’amour de
Dieu et des beautés du paysage, regarde parfois son mari. Une inquiétude monte
alors en son cœur ... comment pourra-t-il comprendre sans souffrir le prodige
dont l’accomplissement a commencé ?
Immédiatement résonne en son cœur
le souvenir de la parole de Gabriel : « ... ne crains pas Marie... »
Mais est-ce seulement l’archange qui parle en son cœur ?
A Jérusalem, Joseph a tôt fait de
trouver, parmi ses connaissances, un voyageur vers Hébron qui veuille bien accepter
d’assurer la sécurité de sa jeune épouse. Ils vont prier au temple, puis Marie
continue sa route tandis que Joseph reste à Jérusalem.
Marie arrive à Hébron probablement le
dimanche 17 mars -5.
- C’est ainsi qu’il faut faire, dit-elle
à Marie, Elisabeth est vieille et Zacharie aussi. A présent le voilà muet ! Les
domestiques aussi sont âgés...
Un petit vieillard arrive en
boitillant côté jardin. Il ouvre à Marie :
- Je suis Marie de Joachim et d’Anne
à Nazareth, la cousine de vos maîtres.
L’homme appelle un aide auquel il
confie les ânes puis précède Marie vers la maison.
A sa vue, Marie bondit à sa rencontre
comme une jeune gazelle, et les deux cousines pleurent de joie en tombant dans
les bras l’une de l’autre.
Mais voici qu’Elisabeth se détache de
Marie en poussant un « Ah !... »
où se mêlent douleur et joie. Elle pose la main
sur son ventre et semble vaciller. Marie la soutient, croyant la voir tomber.
Mais après quelques secondes de recueillement, Elisabeth se dégage et,
radieuse, regarde Marie avec vénération. En souriant, elle s’incline en un
salut aussi profond que possible vu son état :
(Luc 1 42-55)
... Bénie es-tu entre les femmes, et béni le fruit de ton
ventre ! Et d’où m’est-il donné que vienne vers moi la mère de mon Seigneur ?
Car vois-tu, dès que la voix de ta salutation est arrivée à mes oreilles,
l’enfant a bondi d’allégresse dans mon ventre. Et bienheureuse celle qui a cru
en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur.
Marie est très émue. En sa
vieille cousine Dieu lui donne une confidente avec qui partager le secret
grandiose, mais humainement démesuré, qu’elle porte depuis huit jours. Deux
perles de larmes coulent sur son visage plein de joie levé vers le ciel. Son
cœur éclate d’allégresse et de reconnaissance.
... Mon âme magnifie le Seigneur, et mon
esprit exulte en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de son esclave. Car
voilà que désormais toutes les générations me proclameront heureuse, parce que
le Puissant a fait pour moi de grandes choses, et saint est son nom, et sa
miséricorde va de génération en génération sur ceux qui le craignent. Il a
déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur orgueilleux, il
a renversé les souverains de leurs trônes et élevé les humbles, il a comblé de
biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Il a secouru Israël
son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, selon qu’il l’avait annoncé à
nos pères, en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais.
Marie et Elisabeth échangent en
silence un long regard. Par grâce divine elles partagent le grand secret. Le
secret du Roi, et elles se taisent quand paraît Zacharie.
Œ La Visitation est le second des mystères joyeux du rosaire. Il est
important, face à de jeunes auditeurs le leur faire imaginer la scène, le
contraste entre la jeunesse bondissante de Marie et la joie encombrée plus par
l’âge que par la maternité de sa cousine. Il faut faire remarquer le
débordement d’Esprit Saint au voisinage de Marie... Nous sommes tous appelés à
en bénéficier. Marie ne dit rien de son immense secret. C’est l’Esprit qui
agit... Ici dans le cœur d’Elisabeth et très bientôt dans celui de Zacharie.
Effusion du « don de science », la science de Dieu, qu’il faut oser
demander, avec confiance et humilité.
A force de le réciter, nous sommes devenus comme indifférents à ce
sommet des prières chrétienne qu’est « le
Magnificat ». Louange, débordement de joie et de bonheur, voila ce que
devrait être notre prière constante. Il y a là l’occasion d’une pédagogie de la
prière, toute simple et efficace, que des jeunes comprennent tout spontanément.
L’aboutissement sublime de la prière de louange est notre rédemption
personnelle qui nous fait véritables outils de la rédemption collective.
Rédemption dont le Maître demeure évidemment JESUS. Car saint THOMAS explique
avec pertinence que « Le Péché » (… dit originel) est le refus de
rendre à DIEU la Louange et la Gloire qui lui sont dues. C’est donc par le
retour à La Louange, pour chanter La Gloire de DIEU, que s’opère
existentiellement chaque Rédemption, par la seule force de la Miséricorde
divine passant par
Il faut casser cette image tenace
des chrétiens bigots, torturés et hépatiques (ou constipés...), sans cesse
torturés par le terrible catalogue des péchés, véniels ou plus. Evidemment sans
aucunement abandonner toute moralité et
règle de vie sociale. C’est la moralité de JESUS qui est l’objectif, pas
nécessairement celle des hommes qui est trop souvent liberticide au niveau
spirituel. Le PERE seul, par JESUS, est
donateur, et gratuitement, en simple retour d’un peu de l’Amour qu’il nous
donne. « ILS » souffrent de nous voir si peu réceptifs et
retransmetteurs…
Le plus souvent hélas, les pré-ressuscités que nous devrions être, offrent un terrible contre témoignage à un monde qui se désespère dans des fausses routes ! Dieu veut notre bonheur, notre joie, en une plénitude simple, toujours accessible. Maman Marie est le meilleur guide dans la recherche de la vraie route. Cependant, elle connaissait par cœur toutes les prophéties du serviteur souffrant ! Formidable pédagogie de l’espérance dont notre époque a tant besoin.