VŒUX 2008

 

 

Pour illustrer le panorama de cette fin d'année, et baliser d'espérance celle qui s'ouvre, je vous raconte quelques  événements similaires vécus autour de la fête de Noël.

 

La chorale à laquelle je participe avec mon épouse répond chaque année à des invitations amicales et donne quelques concerts dans le secteur. Pour les fêtes de fin d'année nous  faisons retentir plusieurs chants traditionnels où il est question de bergers, d'étoile, de mages et surtout de la Sainte Nativité. Nos deux prestations furent  techniquement "impeccables". 

 

La première était donnée au centre culturel de notre bourg, à la demande de M. le Maire, durant le repas de fin d'année offert au 3e âge. Nos chers  auditeurs se montrèrent beaucoup plus attenifs à ce qui se passait dans leurs verres et leurs assiettes qu'à la qualité de nos chants. Etait-ce une affaire de réglage des Sonotones ? Il nous a semblé que le niveau des bavardages resta invariant, sauf peut-être aux tables les plus proches... Bref, comme on dit, c'est l'intention qui compte !

 

Pour la deuxième, nous avions invité les habitants du secteur par voie d'affiche. Le concert se tint dans l'église catholique locale, mise à disposition gracieusement par M. le Curé, celui que j'appelle "mon new" en d'autres "CATHO-GRATOUILLES". La grande nef était quasiment pleine. La solennité du lieu suscita quelques scrupules dans notre choeur, à propos d'un chant très ancien où des transports amoureux sont évoqués en termes rabelaisiens comme il se doit pour une partition moyenâgeuse. 

Ce fut une réussite, tout le monde était enchanté, mais dans une ambiance qui resta très, très sage... Et aussi presque uniquement composée de personnes agées. Il n'y avait pratiquement pas de jeunes.

 

Une jeune Antillaise participe à notre groupe. Nous indiquant qu'elle chante aussi avec la chorale des ces amis exilés loin des divines sources du "Ti-Punch", elle nous invita à leur soirée de "Chanté Noël" et nous y sommes allés. 

Le style musical était totalement différent. La préoccupation principale aussi. Il s'agissait de faire chanter et  danser tous les participants, en cassant progressivement toutes les réserves habituelles entre gens qui se connaissent trop peu ou pas du tout. Le choeur ne comportait qu'une quinzaine de volontaires, dont certains armés de percussions. On chantait à voix unique, mais sur des rythmes de "Zouc" à vous réveiller n'importe quel "Zombi". Je précise que par prudence, le Ti-Punch ne fut servi que vers minuit, histoire de lancer la suite nocturne des opérations à laquelle mon grand âge m'interdisait de participer.

Mais quel bonheur d'entendre toutes nos mélodies traditionnelles -  "Minuit Chrétien...", 'Il est né le Divin Enfant...", "Les Anges dans nos Campagnes..." -  chantées sur un rythme à vous faire oublier tous vos rhumatismes.  

Les 2 ou 300 personnes qui étaient là, dont beaucoup de jeunes familles avec de très jeunes enfants, ont vite joué le jeu. Les chants les plus appréciés étaient redemandés. J'ai observé que les textes de tous ces cantiques, souvent avec des passages en créole, étaient d'une grande simplicité mais tous fortement ancrés sur les bases essentielles de notre foi, affirmées avec toute la force convaincante des "gospels". 

Le coeur au chaud devant tant de joie festive et communionnelle, j'ai pensé avec tristesse au contraste avec la soirée en une de nos églises. Nous étions dans une salle des fêtes communale du secteur, offerte par notre République. Je me suis dit que certes JESUS se réjouissait de cette soirée, comme de toutes les autres. Mais je suis sûr que sa préférée, celle qui lui chauffa le plus le coeur, fut celle des Antillais, à des années lumières de nos litrurgies compliquées pour spécialistes se piquant volontiers de savante théologie.

"Catholique" signifie "universel". Je suis de plus en plus allergique à tout ce qui, au nom d'une tradition certes admirable et même vénérable, nous enferme frileusement entre les murs de nos sacristies. Tout en demeureant farouchement, et avec bonheur, attaché à ma catholicité, j'y perçois avec une netteté actuellement croissante un réflexe de recentrage sur la seule vérité romaine affirmée par M. le Curé, au mépris des vérités accueillis par les autres enfants du BON DIEU. Lesquels sont très majoritairement hors desdites sacristies. Le masque du pouvoir se cache de moins en moins. 

Les guerres de territoires spirituels recommencent dont Ben -Laden et le Président Busch ne sont plus les seuls leaders. 

 

Cependant, le Web fait exploser les frontières de la pensée, donc de la spiritualité et de la théologie. Cependant, les brassages de populations et de cultures imposent des contacts multiples d'où émerge doucement et vitalement, dans nos quotidiens, la belle formule de Ruyard Kipling : "Nous sommes du même sang, toi et moi..." Le sang  du CHRIST JESUS.

 

Il me faut réparer une injustice. Ce midi 17/01,je cassais une croûte avec un ami. 

Le 20/12 passé, il avait organisé un repas très convivial, pour environ 80 couverts (... une paille !), dans la salle communale d'un de nos villages. Il s'agissait de clore fraternellement une session d'évangélisation "Alpha" donnée dans le secteur durant les 3 mois précédents. 

J'étais à table avec un groupe d'une douzaine de participants à une sorte de "CHRISTO-CAFE-BISTROT" qui fonctionne dans le même secteur au profit de gens disons plutôt "... dans la m... !" Pour l'un d'entre eux au moins, dormir dans les rues par les températures que nous connaissions à l'époque suscite le recours à des boissons fortes dont l'emploi est bien visible. Ce soir-là, il était dans un état plus qu'avancé... Il a cependant pris le micro pour un bref témoignage. M. le Curé et mon ami PAVEL ont laissé faire. Quelques têtes connues ont marqué leur désapprobation. D'autres, plus nombreuses, furent attentives. La misère et la détresse ainsi exprimées ont touché des coeurs structurellement bien au chaud... 

Bref, ce fut 20 siècles plus tard, comme une résurgence du rejet dont la Sainte Famille fut victime à l'heure da la Divine Naissance. Pardon d'avoir négligé ce beau témoignage d'action qui dément partiellement, localement et sur le mode laïc, l'illustration de PIEM reproduite plus haut.

 

 

DANIEL-KOKA