RENCONTRE.

 

 

 

 

 

Ce 13/02/08, vers 13 h 30, je prends le bus 92 à la station Cluny en direction de la gare de Lyon pour retourner en mon village.

 

La station suivante est située sur le boulevard Saint Germain à hauteur du Collège de France. Un homme monte et s'assoit de l'autre côté du bus, mais quasiment en face de moi. Son visage me frappe. Tout le monde connaît cet homme. C'est un des scientifiques les plus célèbres au monde. Il est beaucoup plus populaire que Ségolène, Sarko, Busch voire même Mao... Du moins dans les cervelles qui suivent un peu les conséquences des avancées de la science.

 

Je commence par douter. Il me semble un peu plus... enveloppé que les dernières images de lui entrevues à la télé. Je me dis qu'il vieillit comme tout le monde. Son universelle célébrité, accompagnée de beaucoup de respect, remonte à une trentaine d'années. Le temps passe pour lui comme pour chacun d'entre nous.

 

Je me remémore les évolutions de sa pensée. Elle est devenue beaucoup plus douce, nuancée, qu'au moment de sa célébrité naissante. Il faut dire que son enfant a fait du bruit. Surtout dans le landerneau des chrétiens plutôt fondamentalistes. Elle reste très controversée, et sur un mode vaguement délirant aux profondeurs des U.S.A. Elle a fait le régal des « laïcarts » en recherche de justification de leur idéologie. Elle converge nettement me semble-t-il avec les recherches de René GIRARD. Tous deux apparaissent comme complémentaires  pour l'observateur au ras des pâquerettes que je suis.

 

Oserai-je l'aborder ? Si c'est lui, ma démarche risque d'être perçue comme irrespectueuse. Si c'est un sosie, j'aurai droit à un regard vide, ou surpis. Voire  inquiet...

 

Le bus taille sa route... La place voisine de mon savant présumé se libère. Je change de siège et j'ose l'aborder avec simplicité respectueuse. Après avoir posé une main sur son épaule pour attirer son attention, je questionne :

- Pardon Monsieur, veuillez excuser ma désinvolture, mais ne seriez-vous pas M. .... ? (*)

- Oui.. c'est moi.

Le regard qui accompagne la réponse est bienveillant. Un brin malicieux...

- Je suis heureux, Monsieur, pour cette occasion de vous témoigner directement mon admiration. M'autoriseriez-vous une autre question ?

- Volontiers.

- Bien qu'étant à des années lumières de vos connaissances, je réfléchis dans les mêmes domaines pour des raisons spirituelles. Il m'a semblé que votre pensée et celle de M. René GIRARD s'étaient fortement rapprochées...

- C'est exact...

Et il accompagne cette confirmation d'un geste des mains qui exprime la convergence.

- Des esprits comme le sien et le vôtre sont rares... On les entend bien peu. Le politiquement correct envahit tout. Il y a pourtant urgence !

Son visage exprime un acquiescement lucide mais résigné.

-... mais il ne faut pas désespérer, me dit-il avec force.

- Surtout pas !

 

Et chacun replonge dans ses cogitations intérieures. Arrivé aux abords de la Bastille, ce grand homme se lève et m'adresse un signe d'au-revoir amical.

-... transmettez mon salut à votre enfant, la petite  LUCY...!

Il s'est marré.

 

Il descend et je vois cette célébrité internationale se perdre dans une foule qui l'ignore...   

 

 

(*) Yves COPPENS est le papa de "La Petite LUCY", dernier "pithèque" identifié le plus proche de l'espèce homo.

DANIEL

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