REDEMPTION  (4)

 

 

Nous l’avons vu dans les chapitres précédents, si « la peur » et « le pouvoir » font si bon ménage c’est bien pour des raisons qui s’enracinent dans notre dimension animale. Dans notre matérialité, ultimement dans la simple nécessité de survivre en préservant l’avenir de l’espèce humaine portée par nos enfants. Ainsi, nos comportements sociaux, depuis la nuit des temps, sont sur le fond semblables à ceux de toutes les espèces animales. Défense du territoire, destruction des intrus ou prédateurs, accroissement de la sécurité individuelle et collective. Dito pour le bien être, dans une quête admise par certains comme uniquement physiologique ou matériel, mais que d’autres perçoivent en convergence avec des destinées plus élevées.

Pour les premiers nous ne serions qu’une variante animale parmi des milliers d’autres,  guidée seulement par les instincts propre à notre espèce. Pour les autres, outre les facultés cognitives dont nous sommes équipés comme tant d’autres animaux, seule l’intelligence humaine, en outre,  serait capable d’établir des liens de communication avec un ordre supérieur qui féconde et oriente cette intelligence vers ce que nous appelons « Le Bonheur » (… majuscule SVP !)

 

Témoins, et aussi acteurs de la véritable révolution planétaire en cours surtout depuis le début de la crise financière de 2007, il convient aujourd’hui que chacun se questionne. Nous sommes à l’évidence les objets, les cibles  principales de cette manipulation politique historiquement nécessaire et très globalement bénéfique en l’Histoire de l’humanité. Malgré ses excès parfois terrifiants, initiée avec l’homme de Neandertal notre espèce a produit des philosophes immenses, de grands bienfaiteurs tant politiques que scientifiques. DIEU lui-même a épousé notre condition, il y a 20 siècles, quand « … les temps furent accomplis ». Et notre époque recèle beaucoup plus de savoir et de moyens de tous ordres pour aller beaucoup, beaucoup plus loin et plus vite encore dans la domination  de la création. Vers sa fécondité, comme vers sa destruction. D’où une série de questions cruciales, véritablement vitales : « … Où nous sommes-nous trompés ?... D’où nous vient ce désenchantement mondial, cette contestation planétaire de toutes les formes de pouvoir, cette puante odeur de désespoir et de mort ? Pourquoi le suicide est-il devenu la première cause de mortalité chez nos jeunes ? » Il me  semble que toutes ces questions, sur le fond, ont la même réponse.

   

 

Il convient de remarquer, avec René GIRARD, que l’émergence des premiers « homos » parmi leurs nombreux contemporains « Pithèques », si elle constitue les racines de toutes les civilisations par l’apparition des embryons de règles sociales, en y impliquant les tout premiers « sabres » et « goupillons », comportait également une multitude de puissances d’ordre spirituel. Il y avait, dans toutes les formes de pouvoirs ancestrales, trois intervenants – Les puissants d’ordre politique et généralement armé – Les sorciers, chamans et autres, d’ordre spirituel – Mais aussi des pouvoirs d’ordre surnaturel, acceptés par tous, dominant tout et qui était celui des esprit… « des dieux »… Les dépositaires des goupillons de l’époque n’en étaient que les porte-parole, les mandataires. Le consensus global ne restait  stable et fécond que si les deux catégories détentrices de pouvoir réalisaient la paix, la sécurité et la croissance du bien commun attendue par la majorité des assujettis. Le contrat social de Jean Jacques ROUSSEAU était déjà à l’œuvre. Les conditions de vie étant difficiles, nul doute que par simple nécessité de survie, les intérêts personnels ou catégoriels, les soifs de domination, étaient vite ramenés à des l’équilibres durables.

 

Un relatif équilibre, sans cesse évolutif, s’est ainsi lentement établi, avec son évidente fécondité au long des millénaires. J’ose discerner les grandes étapes successives  suivantes dans le sens de l’Histoire, jusqu’à ce « … que les temps soient accomplis » :

- Tout d’abord, et dès les premières molécules de vie surgies de « la soupe » primitive issue du BIG BANG des physiciens actuels, la règle de l’espèce la plus puissante, ou la plus adaptée au milieu faisait la loi dans son environnement. Seule importe la survie immédiate et la fécondité physiologique. Nous savons maintenant que la vie ne surgit aucunement du hasard. Elle est le fruit des « réglages initiaux » du BIG BANG, lesquels sont tellement improbables, que ne pas y accepter l’hypothèse d’une intelligence déjà organisatrice et préexistante est devenu tendancieux. Il me semble que l’obscurantisme a changé de camp…

- Les espèces se multipliant, les instincts prédateurs dans une même famille ont dû se calmer, sans pour autant disparaître. Parmi les mammifères, c’est là que s’opère la mutation entre les « Pithèques » et les « homos ». Les civilisations humaines entrent en formation.

- Une quarantaine de siècles avant EINSTEIN, face aux questions existentielles que se posaient déjà nos lointains ancêtres, les formulations de la Bible, en un langage accessible à tous, donnaient des réponses aucunement contradictoires sur le fond avec ce que la science nous propose à son tour dorénavant.

- L’espèce humaine accroît sa sagesse, son intelligence, invente la transmission des patrimoines culturels  par l’écriture. Les organisations sociales se complexifient, mais toujours  sous l’autorité des 3 ordres évoqués plus haut pour une finalité commune qui demeure inchangée. Les royaumes apparaissent. Les armes se perfectionnent. Les guerres antérieurement locales deviennent continentales.

- De nombreuses civilisations se succèdent, se développent et disparaissent. Certainement pas toutes sous les effets terrifiants des quelques grosses catastrophes naturelles que la science identifie dorénavant dans notre passé lointain.

 

 

Dans notre culture, mais manifestement aussi pour toute notre espèce, pour toute notre planète, une fracture géopolitique importante intervient avec le personnage historique d’ABRAHAM. Il fut le tout premier à oser affirmer que la référence spirituelle, le 3e pouvoir, celui qui gouverne tout et établit de fait le nécessaire consensus, n’était pas multiple. Non dit-il, il n’y a pas « des dieux ». Non, il n’y a pas « …des esprits multiples », celui du vent, de la pluie et de tant d’autres phénomènes naturels. NON… ! Il n’y a que « Le DIEU Vivant ». Comme l’écrira Maurice CLAVEL (… si ma mémoire ne me trahit pas. Environ 37 siècles plus tard) « … DIEU existe, je l’ai rencontré… Il me parle… ». On imagine sans peine la tête du Roi de CHALDEE devant pareille profession de foi, pareille contestation des fondements mêmes de son pouvoir !  Le monothéisme est né. Et avec ABRAHAM s’initient les trois grandes religions « Du Livre » que deviendront le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam.

 

C’est bien d’une fracture géopolitique énorme dont il s’agit. Car ABRAHAM initie une formidable révolution dont toutes les autres dans l’Histoire ne seront que des bâtardes. L’autorité de son pays le bannit. Sa forte affirmation théologique agresse littéralement tous les systèmes de pouvoir déjà en place. Il n’est plus question d’instrumentaliser, plus ou moins, les multiples autorités transcendantes au profit des intérêts des classes dirigeantes surtout. Les mécanismes du maintien de la peur, et de la division pour régner, sont brutalement devenus ringards. ABRAHAM doit fuir en exil avec toute sa famille et tous ses biens. Et il est contraint au nomadisme… Donc sous la seule autorité du ciel, des étoiles, de la nature au sein de laquelle « DIEU Vivant » lui parle au cœur à cœur. Il y a là une première rupture profonde avec tous les systèmes de gouvernance qui continuent leurs routes sur les modes antérieurs. Dans notre religion, c’est « La Première Alliance » officielle et historique de DIEU avec l’humanité. Pour ma part, je crois que cette alliance, d’ordre universel, n’a jamais cessée et ne cessera jamais.

 

ABRAHAM « Le Patriarche Prophète » fut le tout premier à oser affirmer que DIEU est unique, qu’il gouverne tout, qu’il veut notre bonheur, et que l’espèce humaine doit agir en synergie avec cette Sainte Volonté si elle veut se développer harmonieusement. La noble lignée des prophètes était initiée… Leurs massacres aussi, conséquences des insomnies de toutes les autorités usurpatrices de la Volonté Divine.

 

Avec ABRAHAM débute l’Histoire prophétique « Du Peuple Saint »… loin de l’être toujours. Il connaîtra MOÏSE, DAVID et SALOMON, mais aussi des fantoches, des tyrans et des assassins. Mais inlassablement, les prophètes annonceront la venue d’un être « Oint de DIEU » qui libérera « Son Peuple ». Il paraît en notre espèce il y a vingt siècles. Le  très court passage du CHRIST JESUS dans l’Histoire a marqué toute la civilisation humaine. Il est indiscutablement le personnage le plus connu et le plus influent, même s’il demeure souvent contesté. Prétendre ignorer ou dénigrer son influence simplement civilisationnelle est devenu ridicule.

 

Il me semble qu’à notre époque surtout, il y a urgence à rétablir l’universalité de ce don de DIEU à tous ses enfants, à revenir à la source du monothéisme, à méditer la profondeur des promesses qu’il implique, quelles que soient les races, les civilisations et les traditions religieuses. DIEU n’est pas venu en notre condition, se faire massacrer, par nous tous, sur une Croix, uniquement au profit des adeptes de nos sacristies  Le cœur de l’enseignement de JESUS, la base du christianisme, est une indestructible contestation de la logique de pouvoir et de peur qui continue à prévaloir 20 siècles après sa venue. Le seul véritable révolutionnaire de toute l’Histoire est Le CHRIST.  Surtout pas les « traders… » et autres prêtres de la religion du fric.

 

Je résume la teneur de cette révolution, telle qu’il me semble possible de la comprendre en ce 21e siècle commençant :

- LE CREATEUR de tout l’univers l’a ensemencé de vie biologique, féconde, conquérante, tendant sans cesse à plus de complexité et d’intelligence. C’est ce que la science actuelle confirme. Certes dans un vocabulaire non religieux.

- Dans cette formidable évolution l’espèce humaine est apparue sur la terre et s’y est développée.

- La mort biologique, en notre existence seulement matérielle, est voulue par DIEU. Elle est nécessaire à l’expansion de la vie. Mais la souffrance, la dégénérescence et la mort douloureuse n’ont jamais été voulues par DIEU. Il veut pour chacun de ses enfants une vie terrestre qui soit une plénitude de SON BONHEUR à LUI, par Son AMOUR à LUI. Il veut pour chacun de ses enfants non une mort, mais une « dormition » aussi proche que possible de celle que rapporte la Tradition Chrétienne concernant la Sainte Vierge. Toutes nos souffrances non transcendées par une communion interpersonnelle avec DIEU, et peu importe l’appellation que nous lui attribuons, ne sont que la résultante de  notre éloignement du Créateur.

- La vie physiologique, spécialement en l’espèce humaine, a mission d’être porteuse du message de vie éternelle, affirmé par la résurrection du CHRIST, et largement confirmé par « SES » innombrables manifestations inter personnelles depuis 20 siècles. La science indique dorénavant que la vie est une manifestation « neg-entropique » locale, certainement pas limitée à notre planète, dans un univers sous-tendu en sa totalité par une énergie organisatrice intemporelle, immatérielle, pour laquelle le temps et l’espace n’existent pas.

- Ainsi, borner la vie à sa seule durée physiologique, revient dorénavant à limiter nos êtres à leurs seules matérialités évidemment soumise à la loi « entropique » universelle. Mais c’est rester alors dans une logique seulement matérialiste, dont la science actuelle a détruit les fondements philosophiques et métaphysiques. Nous savons maintenant que toute matière, en ses composantes ultimes est seulement énergétique. Donc pas matérielle.  Donc ultimement, au moins pour le monde animal, pas soumise au temps, ni à l’espace.

- Il est devenu possible d’affirmer que cantonner la vie à sa seule dimension physiologique opère une sorte de rupture avec l’ordre naturelle universel. C’est donc à la fois un déni infligé au Créateur, et par là…  une faute écologique majeure. Généralement  ignorée, hélas, et qui conduit au désespoir, à l’aggravation des souffrances inévitables, à l’inculpation de DIEU Lui-même, à la perte totale de sens, à une forme de suicide différé ou immédiat.

- Le CHRIST et son Evangile nous identifie clairement comme les libres enjeux d’un combat éternel entre « la Vie » et « La Mort ». Le CHRIST est DIEU lui-même venu en notre matérialité humaine. Il s’est librement laissé massacré sur une Croix pour affirmer, trois jours plus tard, « La prééminence de l’éternité déjà présente, sur notre matérialité ». Pour affirmer la victoire éternellement acquise, de la vie éternelle sur toutes nos morts, ici et maintenant. Et pas seulement après nos cimetières.

- Dans cette logique grandiose, notre matérialité n’est que le champ nécessaire à l’existence de notre divine liberté : « accepter la logique  de bonheur que DIEU propose inlassablement, ou en rester à la seule logique humaine », car « … à Son Image, il nous créa… »

- C’est à SATAN, le « Prince de ce monde » matériel et temporel auquel nous participons ainsi nécessairement, que DIEU Lui-même,  atemporel et immatériel, mais épousant  notre temporalité, a ainsi payé, par avance pour chacun, le prix de notre vie en un éternel bonheur.

- Ce Bonheur nous est acquis, progressivement certes, mais aussi totalement que possible en cette vie, seulement si nous acceptons Son Amour, lequel ne peut alors que déborder vers Lui en retour, et vers tous nos proches.

- A cette seule condition, SATAN et la mort à notre éternité toujours offerte, n’ont plus prise sur nous, malgré les souffrances et notre mort corporelle. Elles demeurent inévitables en notre matérialité. Et  finalement même nécessaires au développement de notre espèce et à l’épanouissement total de sa « Sainte Liberté ».

    

VOILA CE QU’EST VERITABLEMENT LA REDEMPTION  :  UNE MERVEILLE INSURPASSABLE… !

 

Mais j’entends les objections de la majorité d’entre vous « Belle théorie que tu nous sors là… mais en attendant, je reste dans mes souffrances quotidiennes… j’en bave un max chaque jour… la mort frappe alentour avec une barbarie et une voracité effrayante… Quasiment tous les religieux, même ceux Du Livre ce qui est un comble, promettent aux autres les chaleurs éternelles de l’enfer et s’excommunient ainsi d’un bord à l’autre avec une constance dont ils ne perçoivent aucunement combien elle serait, dans ta logique, blasphématrice de l’infinie justice divine… Oui du moins dans ta logique, car dans  celle du simple observateur extérieur que je suis et qui en a marre de se faire flouer, tes arguments évoquent furieusement le  marchant de cravate du marché de mon village… Toutes vos contradictions, à vous les religieux d’un dieu unique au nom duquel vous ne cessez de vous bouffez le nez, même en faisant exploser des gosses après avoir brûlé de milliers d’innocents sur des bûchers, dégagent une forte odeur de propagande bassement intéressée… Où peut être votre crédibilité ?... Vous êtes complètement à la masse ! Comment pourrions-nous oser vous suivre, seulement un peu… ?  »

Waouh… ! Voilà bien ce que pense la très grande majorité de nos contemporains, du moins en notre Douce France.

 

Dans le droit fil de cet argumentaire, en ce WE de Pâques 2011, alors qu’approche la béatification de notre cher JPII, j’ose reproduire ici quelques images blasphématrices publiées par CHARLIE HEBDO à l’occasion de la semaine sainte. C’était la première page. Il y avait pire à l’intérieurCes images « ... me font mal, très mal », et d’une sorte de douleur dont je sais qu’elle n’est pas seulement la mienne.

 

 

Voilà ou en est notre société. Voilà une des très nombreuses images que la France  propose en exemple aux autres patries au nom du beau concept de laïcité, mais ici poussé à l’outrance. Voilà l’idéal de liberté et de respect mutuel qui est proposé à notre jeunesse. Certes je suis inconditionnellement défenseur de la liberté de la presse, comme de toute liberté car il y va de la dignité fondamentales de tout être humain.  Certes  je suis aussi du genre provocateur, mais tendu vers une réflexion plus profonde, vers un avenir plus fructueux, vers l’amitié la joie et la paix dans une tonalité taquine. Mais qui s’efforce de ne pas devenir blessante.

 

De quelle société Monsieur CABU se fait-il ici  le propagandiste ? Quel espoir, quelle dignité, quel avenir propose-t-il à nos jeunes par ses grossières caricatures pas dénuées de talent ?  Mais ayons aussi l’honnêteté de discerner que la si pauvre crédibilité de nos témoignages, à nous les croyants, est aussi la cause profonde de ces blasphèmes.

 

Il leur est si facile d’oublier les exemples planétaires de tous les saints. Et pas seulement ceux qui figurent au répertoire officiel. Monsieur CABU est donc manifestement un adepte de la fréquentation des chiottes. A chacun ses lieux de convivialité. Honorer ses dessins du mode de lecture évoqué par Guy BEDOS dans un de ses sketches lointains aurait offensé mes profondeurs. Je regrette mes 2, 50 €…

 

Et pour résumer ce chapitre 4 de REDEMPTION, « est-il possible de construire une société durablement heureuse, si elle prétend nier toute référence transcendantale ? »  En niant la nécessaire interférence, la nécessaire et fructueuse coopération entre « le sabre et le goupillon » ? En prétendant oublier les fondements même de toutes les civilisations ? Avec l’Histoire je réponds non. Tous ceux qui pensent le contraire sont engagés sur une fausse route qui dure chez nous depuis deux siècles en aggravant pratiquement sans cesse la tendance. Route des désillusions, route de la peur, route de l’instrumentalisation mutuelle et surtout des humbles, celle du culte de l’argent… Route de la mort et de Satan.

 

Mais il demeure que les contradictions de mon ami, comme celles de CABU, appellent une réponse fraternelle. Le tout récent film « DES HOMMES ET DES DIEUX » formule magnifiquement « LA Belle Réponse » Pourrons-t-ils l’entendre… ?

 

DIEU seul le sait. LUI seul peut les y aider…

 

(… à suivre)

 

 

DANIEL-KOKA