PÂQUES
2007 (1)
Sainte Cène, Passion, Crucifixion et magnifique
résurrection... Pâques, c'est tout ça vécu au présent, dans nos vies d'aujourd'hui comme à
chacune de nos messes ou de nos "prières contemplatives" en face du
Saint Sacrement. La fête de Pâques, les liturgies de Pâques, nos contritions
pascales, nos communions pascales... ne sont que le rappel d'un éternel et immuable présent qui s'est manifesté dans notre
temporalité il y aura bientôt vingt siècles. Oublier cette éternelle
présence, ou la négliger au profit de spéculations intellectuelles, mais
surtout projeter dans un avenir incertain et conditionnel cette splendeur du
Christianisme offerte gratuitement à tout être humain est une forme de contradiction
radicale avec la dynamique des Actes des Apôtres.
Comme chaque année, la liturgie nous offre la relecture des
passages les plus significatifs de ce texte de Saint LUC. Certains l'appellent
le 5e évangile, celui de l'Esprit Saint. Un cortège de questions me hante : "... Comment
est-il possible que l'Eglise chrétienne soit aussi peu performante, aussi peu
enthousiasmante, aussi peu entraînante ? Comment se fait-il que ce monde que
JESUS est venu délivrer des puissances de la mort se désintéresse à ce point du
Christianisme ?"
Cette année, plus que les précédentes, "Les ACTES",
à chaque lecture, me donnent de nombreux indices de réponse qui tous convergent
dans la même direction.
Tous plus ou moins, nous sommes majoritairement des Chrétiens
imbibés d'habitudes et de comportements acquis. C'est notre éducation, notre
culture, tout notre environnement qui nous ont fait ce que nous sommes. Nous
ressemblons furieusement au peuple juif d'il y a vingt siècles. Ils croyaient
en DIEU. Ils appartenaient à l'Eglise de leur temps. Ils étaient soumis aux
autorités du Temple, comme nous le sommes à celles de nos Eglises, ni plus ni
moins. Le plus souvent, nos grands prêtres actuels
nous dirigent avec les mêmes pesanteurs humaines et temporelles que ceux du
Sanhédrin et du Temple qui condamnèrent JESUS au supplice de
Oui, le Temple - le
plus souvent mais pas toujours - avait
instrumentalisé la personne divine au profit de son pouvoir temporel et
politique. Ces gens vivaient bien. Le petit peuple les craignait plus qu'il ne
les aimait. Je constate tristement que nos Eglises
ont fait de même - le plus souvent mais pas toujours - avec la personne de
JESUS. A leur époque comme à la nôtre, les comportements religieux
sont surtout rituels, culturels, intellectuels, structurels et disciplinés...
bref surtout à base d'habitudes. Ils étaient et nous
sommes, trop peu ou pas du tout "habités" par l'Esprit Saint.
Ils étaient et nous sommes toujours aussi pleinement, concernés par le
discours de JESUS à NICODEME sur la nécessaire renaissance dans l'eau et dans l'Esprit.
Quand surgissent les témoins de la résurrection, devenus témoins pour avoir rencontré
l'ESPRIT, tous les conditionnements habituels explosent. Plus rien
ne résiste. La nécessité "... d'obéir à DIEU plutôt qu'aux hommes..."
s'impose à tous comme une évidence. Certes, PIERRE est le patron, -
patron pêcheur qu'il a toujours été dans tous les sens du terme -. Mais
la puissance de l'Esprit l'habite de manière visible et efficace dans toutes
les misères humaines... C'est le petit peuple
naissant des Chrétiens, tous laïcs à l'époque, qui se construit lui-même, avec
une dynamique dérangeante. Et ça fait de l'ombre aux officiels de
l'époque... Et la persécution recommence.
Aujourd'hui toujours, quand l'Esprit se fait dérangeant ou
possiblement contestataire des vérités officielles, on isole, on fait taire, on
dénigre... On ne brûle plus, car ça ferait trop désordre, mais on condamne. Sur
le fond, je ne vois aucune différence. C'est un rejet, une
excommunication qui refuse d'avouer son nom. Sainte
Infaillibilité oblige ! Quant aux laïcs, s'ils sont bien sages
seulement, dans le meilleur des cas, on fait semblant de les écouter.
Je viens d'achever la lecture des mémoires de Hans KÜNG. Avec la précision d'une horlogerie
suisse (... comme ils se doit !), et avec beaucoup de dosage
aussi dans le respect de l'institution Catholique Romaine à laquelle il a
donné toute la grande richesse de sa vie, il démonte
les basses combines du "pendant et après concile". Il
montre également comment se sont construits tous les beaux textes conciliaires,
mais aussi leurs dangereuses ambiguïtés face aux attentes du monde
actuel. En fermant ce gros pavé de 551 pages "écrites petit", j'avais le coeur lourd. Comme face à un énorme gâchis.
Hans KÜNG est manifestement un formidable théologien doublé
d'un communicateur et d'un manager comme il y en a trop peu aux commandes de
l'Eglise. Or il aura passé sa vie sous la menace, sous
Pour revenir aux ACTES et à Pâques, essayons d'imaginer (...
pourquoi pas ?) une deuxième Incarnation de JESUS. Il est écrit "...qu'Il reviendra dans la Gloire à la fin des
temps...", ce qui n'interdit pas de penser qu'Il pourrait
revenir dans une autre incarnation totalement discrète. Peut-être est-Il déjà
revenu plusieurs fois sans se manifester autrement que par une sainteté
seulement humaine en apparence. Si vous réfléchissez à cette hypothèse, en y
associant le postulat "... car rien n'est impossible à DIEU",
elle perd tout raison d'être évacuée. A votre avis, où
se situerait-Il dans nos Eglises...? Où exercerait-Il sa discrète humanité... ?
Se ferai-Il charpentier ou golden-boy... ? Donnerait-il au denier du culte ou à
la soupe populaire... ? Oserait-il participer à nos actuelles Saintes
Congrégations des Bénis-Oui-Oui... (*) Porterait-il un col romain ou serait-il
pasteur réformé...?
A vrai dire, je pense très sérieusement qu'Il y est présent,
en de multiples formes seulement humaines atténuées. Car ils sont nombreux ceux
qui humblement et discrètement peuvent oser dire en leur coeur comme Saint PAUL
"... oui, avec moi, JESUS commence à vivre....
Je ne suis plus seul..." Et je pense aussi très sérieusement
qu'Il est revenu, et qu'Il ne se prive pas de revenir souvent. Mais je me
demande pourquoi ça se voit si peu, même s'Il s'est Lui-même imposé la plus
absolue discrétion. Nos pesanteurs
et nos certitudes sont décidément en béton armé...!
(*) Rigolons un peu..! Je cite
ici à votre attention les appellations taquines mais lucides de plusieurs
de mes amis. Ils savent mon attachement aux bénitiers et à
Mais celles que je trouve les
plus sympas sont "... la fanfare cycliste des mères chrétiennes" pour
les dames, et "
Vous voyez pourquoi je m'ennuie moins chez les païens que chez les pratiquants.
DANIEL-KOKA.