PÂQUES 2006 (2)
Des
fêtes pascales, j’en ai vécu de nombreuses dizaines. Toutes furent émouvantes,
plus ou moins recueillies, plus ou moins repentantes. Aucune ne fut aussi
puissamment libératrice que celle de cette année.
Avec
le BON DIEU, il n’y a aucune limite au bonheur, à la plénitude de vie. L’avenir
reste orienté vers un « encore plus de
Toi », qui ne cesse de Te
donner, à qui veut bien seulement T’accueillir. Sois béni, Seigneur, pour Ta
Miséricorde, pour Ton infini patience, pour Ta totale absence de condamnation
envers quiconque Te rend seulement un peu de Ton Amour.
Mais
en quoi la Pâque 2006 surpasse-t-elle toutes les précédentes ?
Je
les vivais comme le renouvellement d’une promesse de plénitude. Mais promesse,
donc à effet différé, dans un avenir certain mais indéterminé. En ce monde
peut-être, sinon à coup sûr dans l’autre.
Promesse
conditionnelle en outre, car je restais très conscient et vaguement honteux de
la noirceur de mes comportements face à la sainteté exigée au nom
du « catalogue » des péchés littéralement imprimé au fer rouge
dans ma conscience par tant de confessions obéissantes, fidèles, obstinées. A
chacune d’elles, je demeurais lucide. Jamais je n’ai pu réciter en pleine
sincérité le « … je prends la ferme
résolution… » de l’acte officiel de la contrition
sacramentelle. Je savais que « … le secours
de
« La
Rencontre » avait pourtant eu lieu plus de vingt Pâques en arrière.
L’Amour de DIEU m’écrasa. Sa tendresse, comme un fleuve formidable a balayé
toutes mes objections. Car je protestais « …
Mais ça n’est pas possible, Seigneur, tu sais combien je suis crasseux, esclave
de moi-même… Je ne suis pas aimable… Tu ne peux pas m’aimer ! »
Et plus je protestais, plus l’Amour, impétueux comme un torrent, m’affirmait « … Je m’en fous de tout ça… Je t’aime
comme tu es… »
Le
terrifiant catalogue me collait tellement aux neurones que plus de vingt années
auront été nécessaires pour bien intégrer la suite du dialogue : « … Je t’aime comme tu es… Accepte Mon Amour, accepte
pleinement Mon Pardon. Je le propose à tous depuis 2.000 ans du haut de Ma
Croix. Depuis 2.000 ans, par toutes les croix du monde, et humblement en toutes
les hosties d’une multitude de tabernacles, Je parle aux cœurs qui m’aiment… Il
suffit de m’aimer, au moins un peu… Tout le reste, absolument tout le reste,
J’en fais mon affaire… Cesse de t’agiter, aimes-moi. Votre impossible conquête de la vertu n’est qu’une émergence de votre
orgueil ».
Les quatre dernières années fonctionnèrent comme un
catalyseur. Elles illustrent bien comment Dieu s’y prend pour tirer du bien de
tout, y compris des événements les plus douloureux. Qu’il ne souhaite
évidemment pas… !
Pour
mes « frères » et « sœurs » chrétiens du secteur, j’étais
brutalement devenu « … Parano… Soviet… Sénil
et gâteux… Gourou… Bavard… » J’en
passe et des meilleurs. Ces débordements d’affection m’ont conduit d’abord à
une somatisation dangereuse, puis à la fuite et à la relance de mes activités
professionnelles délaissées volontairement durant six années pour dégager du
temps au profit des cathos du secteur.
« Restabilisé »
par ma famille et mon boulot, quelques mois avant Pâques de cette année, j’ai
cherché une « Réconciliation » en sautant sur une occasion de
décrispation. Le saut fut d’ailleurs comme télécommandé, soudain. Je n’avais
pas vu venir l’occasion. « La Signature » d’une grande paix qui
s’installe immédiatement me fit comprendre « Qui » avait
poussé !
Mais
hélas inutilement, du moins pour mes interlocuteurs. J’encaissais sans broncher l’ultime condamnation qui s’en suivit. Infligée par un gars plus jeune que mon fiston,
elle m’a donné à réfléchir sur les intentions réelles de l’Eglise catho envers
les brebis du Seigneur. Au moins sous les clochers du secteur.
Avec
mes « copains » retrouvés dans « la vie civile »,
rarement aussi païens qu’il y paraît, c’est la fête,
Eux
m’acceptent comme je suis et me trouvent fréquentable, sans prétendre me plier
à leurs mœurs. Il est vrai que sans les cacher, je ne prétend aucunement les
plier aux miens.
La
fameuse soirée où Jésus fut reçu pour la première fois chez Lévy devenu St
Mathieu illustre souvent, mais « in péto » seulement, les confidences
de mes amis. Seule la présence du Seigneur fit qu’elle ne se finit pas en
débauche comme d’habitude. Le style des invités signait nettement cette
aboutissement probable. Saint Pierre le comprit immédiatement et s’en
scandalisa, refusant de pénétrer dans cette maison. Seule la dignité du Texte
Sacré exigea qu’on n’y employât pas le vocable usuel qui s’imposait !
Si
ma vision du texte vous choque, je vous conseille de revoir le JESUS de
Zefirelli… Il est parfaitement explicite.
Vinrent
enfin les toutes dernières semaines avant Pâques 2006. J’y vécu une suite
d’événements très forts et signifiants. La chaleureuse affection de ma paroisse
m’avait conduit à fuir la vigile chez eux, et à chercher la tranquilité du
dimanche matin au fond d’une autre église. La messe ce jour là fut un
débordement de joie et de paix. Enfin j’avais existentiellement compris la
totalité du message des vingt dernières années et plus. Ouf, il était
temps… !
Je
ne résiste pas à la reproduction de l’illustration suivante :
P.
GELUCK est un très grand de la BD. (J’espère que cet extrait de ses œuvres,
à des fins aucunement commerciales, mais sans une autorisation écrite, ne me
vaudra aucun ennui. Ce dessin est extrait d’un des albums du Chat, publié chez
Casterman. En vente dans toutes le bonnes librairies…)
Je
me situe dorénavant à l’extérieur, par rapport au tapis, par solidarité avec les
nombreux publicains dans mon genre, pas nécessairement celui de
« Lévy » (mais à chacun ses maux). Je ne me reconnais plus de l’autre côté du tapis.
Ce conditionnement interne et institutionnel au jugement en toute
bonne conscience façon St Pierre, à l’accès conditionnel à l’Eglise du Christ,
bref au « péage » quel qu’en soit la forme, me semble un blasphème à
la Rédemption offerte depuis 20 siècles.
Blasphème
également à la dignité suprème de l’espèce humaine, telle que le Créateur l’a
instituée. « Il » nous
veut libres, totalement libres de « Le » choisir ou pas.
S’Il avait estimé de son devoir de se comporter en adjudant de quartier, je ne
doute pas qu’Il avait toute la puissance pour le faire lors de Sa visite chez
nous il y a vingt siècles.
C’est
ce blasphème là, très majoritairement sous-jacent dans le témoignage des
chrétiens de mon village (mais pas seulement), qui explique la merveilleuse
fécondité de toutes nos actions d’évangélisation sur les 5 dernières
décennies...
Comme il convient de garder le sens de la rigolade,
voici une illustration de la situation, telle qu’entendue lors d’une joyeuse
réunion entre chrétiens. (Des vrais… Si, ça existe, je vous
l’assure… !)
On
m’y expliqua que les Eglises chrétiennes, le plus souvent, sont vues de
l’extérieur avec le regard des passagers qui s’embarquent pour un beau voyage…
« … Ils montent dans l’avion et s’installent. Ils
connaissent l’appréhension des gens qui en sont à leur baptème de l’air…. On
est décontracté, mais en apparence seulement !
Les hotesses de l’air sont empressées… Il y a un
petit froid quand, voyant passer un officier qui se dirige vers la cabine de
pilotage sur un fauteuil roulant, elles expliquent qu’il s’agit du chef
mécanicien.
Quelques minutes plus tard, ce sont deux officiers
qui passent. Lunettes noires, et cannes blanches qui battent les limites de
l’allée centrale, indiquent clairement qu’ils n’y voient rien : « …on
applaudit notre commandant de bord et son adjoint, demande les
haut-parleurs… » Tous les passagers se tassent sur leurs sièges et
plongent dans la prière…
Elles redoublent de ferveur quand après le point fixe
en bout de piste, les réacteurs se déchaînent.
DANIEL-KOKA.