PÂQUES 2006 (1)

 

Pour un chrétien très vite immergé dans le bénitier, avec masque et tuba, de « vraies Pâques » impliquent annuellement une sorte de bilan de vie face à « l’affaire sublime » de la Croix. Une confession est habituellement très utile, au moins en cette occasion.

L’année 2006 aura été d’un cru exceptionnel… J’avais préparé, par écrit, ma rencontre avec le prêtre ami qui depuis de nombreuses années m’écoute et me conseille avec patience trois ou quatre fois par an. Par délicatesse sûrement,  aussi parce qu’il me connaît probablement mieux que moi-même, cette préparation ne m’a pas servi à grand-chose.

Mais après cinq années très perturbées par le départ de « mon Ex », et l’arrivée de « mon New », ces quelques petites semaines ont rétabli le grand calme. Je serais bien ingrat de ne pas en témoigner.

 

 

Une relecture de ma vie était nécessaire, mais avec les lunettes que donne de nombreuses décennies de recul. Les lunettes de la sagesse et des rhumatismes.

 

 

Grand séminariste familier de la chaleur des draps féminins, mon grand-père refusa le célibat imposé aux prêtres. Il fut donc exclu des milieux cathos. On le retrouve sur les barricades de la commune de Paris. Recherché par M. THIERS et certainement pas pour son bien, il sauva sa peau en fuyant à l’étranger. De retour dans sa région natale, il fut jusqu’à sa mort, sans discontinuité, un élu du petit peuple des travailleurs, les notables du coin le lui faisant payer au prix fort en toutes occasions. Inutile de préciser qu’il était farouchement anti-clérical et qu’il transmit ce virus à son fils.

 

 

Mon père commença une vie d’ouvrier à 14 ans dans la fosse à vidange d’un atelier de mécanique. Devenu patron d’une grosse entreprise, il se fit expulser du syndicat patronal pour avoir osé dire, dès les prémices des grèves du front populaire, que les revendications ouvrières étaient au moins justes, mais aussi irréversibles. Son entreprise fut une des seules à ne pas faire grève en notre pays. Quelques années plus tard il était le président national du syndicat des patrons qui l’avaient exclu. A ses obsèques, beaucoup de ses anciens compagnons de chantier étaient là pour honorer la mémoire de « M. JEAN ». Les « curés » étaient rigoureusement interdits de séjour dans notre maison.

 

 

Jusqu’au jour où un jeune prêtre du doyenné de Fontainebleau m’embaucha pour animer une des troupes scoutes du secteur. Je le fis donc entrer dans la famille. Il se révéla bon ripailleur, franc buveur sans excès, amateur de saines rigolades, et très indulgent envers les folies habituelles dans la famille. Car dans la bonne ville de « Bleau », nous étions regardés avec un mélange de suspicion et d’effarement.

Il baptisa tous ceux de mes neveux qui le voulurent bien. Il célébra mon mariage avec la cheftaine des guides du secteur. Il baptisa nos enfants. Il enterra tous les défunts de ma famille dans le secteur et finalement mes parents. Inutile de préciser que je l’aimais et le respectais profondément. Il était un de ces prêtres efficaces, au contact de la base, plein de dévouement et d’amitié désintéressés pour tous. Bref un véritable saint comme JESUS les aime, alors que l’Eglise les fait souffrir. Elle ne s’en est pas privée à son égard… Il est dans la paix et dans la joie dorénavant.

 

 

Son copain de séminaire devint le curé de mon village. Nous l’appelions RITON. Lui aussi est dorénavant dans l’autre vie, mort à la tâche dans un accident, alors que retraité il continuait à répondre généreusement à toutes les demandes de service. Sa devise, fièrement étalée au-dessus du bureau du presbytère était « Bien faire et laisser braire ». Tout un programme durant les années 70… !

 

« Mon Ex » son successeur, n’affichait pas la même devise. Il était plus prudent. Mais son agir quotidien dans la paroisse était du même tonneau. Il sut conquérir mon cœur, devint aussi un ami très cher, me fit faire « les pieds au mur » au profit de la paroisse, mais dut aussi se résoudre à la retraite.

 

 

Quand « Mon New » débarqua dans le secteur, mais seulement alors, je pris conscience que je n’avais fréquenté au long de ma vie, de près et très activement, que des prêtres anti-cléricaux (Oui, ça existe !)

Tous furent mes confesseurs successifs. Face aux comportements excessifs qui sont les miens en trop de domaines, leur réponse commune fut toujours « … Paix… Miséricorde… Pardon… Joie… Vie… » Pas une once de condamnation, tant dans leurs homélies publiques que dans leurs exhortations privées.

La conscience d’une sorte de convalescence de longue durée s’était installée, avec guérison certaine, peut-être en cette vie si DIEU le veut bien, en l’autre à l’évidence. Une soif de vie, et de louange communautaire joyeuse initiait et entretenait beaucoup d’initiatives concrètes, généralement exercées « hors les murs » de notre église paroissiale. Sous leur amicale protection, je n’avais pas mesuré combien « je dérangeais ».

 

 

Le réveil fut brutal et très douloureux. Je l’ai exprimé dans les premiers chapitres du « CATHO-GRATTEUR ».

Une mutuelle mauvaise conscience a trainée sur ces cinq années, avec des effets néfastes dans la paroisse. J’ai pris fin 2005, en vue de Pâques 2006, l’initiative d’une démarche de réconciliation.

Elle ne fut que fort peu reçue. Les regards demeurent inquiets chez les officiels, le langage doit demeurer politiquement correct et les initiatives très strictement controlées par l’autorité. Laquelle à l’issue d’un entretien, certes fraternel et privé, m’a confirmé bien explicitement une condamnation globale sur toute l’orientation de ma vie. Bref, j’avais été « reçu 5 sur 5 », comme on dit chez les militaires…

 

 

J’ai donc porté le problème vers « mon directeur », à l’occasion de ma confession pascale. Au nom de JESUS, il m’a réitéré « Sa Miséricorde ». Son pardon fut confirmé, en mon cœur par la prise de conscience d’une longue cohérence dans ma vie, avec l’aide incessante et efficace de DIEU. Une grande joie lumineuse interne en résulta à la messe pascale.

(… à suivre)

 

 

 

DANIEL-KOKA.