OUI… ou NON (1) ?
Je veux parler du très prochain référendum sur la
constitution européenne. J’y voterai
résolument non. Et cependant…
Dès les années 50 ma future épouse m’invitait aux fêtes et
voyages qui préludèrent à un des tout premiers jumelages franco-allemands.
Surtout amoureuses, mes ardeurs étaient assez éloignées des préoccupations
politiques. Ce premier jumelage fut une magnifique réussite. Devenu président
du club de judo côté français, je garde un souvenir ému des tatamis allemands
et surtout de la « troisième mi-temps » plus que généreusement
arrosée de bière locale. Il était devenu rituel entre nous de la fêter avant
les combats, ce qui valait des retentissantes gueules de bois aux combattants visiteurs !
Sur cette joyeuse lancée, ayant déménagé, mon épouse et moi
comptèrent parmi les promoteurs actifs du jumelage de notre nouvelle ville avec
une localité située sur les rives du Bodensee. Encore une belle réussite qui va
fêter ses 15 années de fécondité en amitié et fraternité européenne.
Parallèlement, consacrant une bonne vingtaine d’années à
l’encadrement d’un groupe de scoutisme européen avec mon fils et mes filles, ma famille peut affirmer que l’Europe, oui… on connaît et on
a donné.
Couronnant le tout, écrivant ce texte, je suis de retour de
Roumanie dans le cadre d’un troisième jumelage, intervenu entre une paroisse gréco
catholique perdue dans les Carpates et celle de mon village. J’en fus le
promoteur actif et je viens de mesurer dans le concret de la vie de ces très
pauvres gens l’impact positif de cet engagement. Alors que le désespoir gagne
du terrain dans ce pays au point d’y
vendre des enfants aux réseaux mafieux de la prostitution, notre vallée perdue
et oubliée de ses dirigeants politiques a retrouvé le goût d’entreprendre et de
faire barrage à ces ignobles commerces. Lesquels restent tolérés au vu et au su
de toutes les autorités, tant locales qu’européennes.
Mais je voterai non. Car je ne retrouve pas dans le texte
abscond qui nous est proposé la moindre trace de l’Europe dont j’ai toujours
rêvé et à laquelle j’ai consacré, de près ou de loin le plus clair de mes
loisirs depuis plus de 50 ans. L’énarque d’ESTAING,
n’a manifestement pas les mêmes préoccupations que le petit peuple auquel
j’appartiens.
Dans mes prochaines lettres, je formulerai les dangers que je
discerne dans le texte qui nous est proposé.
Il a vocation d’être l’embryon d’une loi suprême s’appliquant
à tous les peuples européens. Il me semble que la France, « Lumière des Nations » avait le devoir
de proposer fraternellement autre chose qu’un galimatias technocratique auquel
personne ne peut rien comprendre. Pour l’avenir de mes enfants, pour
l’avenir de mes nombreux petits-enfants, je refuse la dictature énarchique et
technocratique fricarde qui s’y dévoile.
Je regrette tristement que face à des enjeux aussi
gigantesques devant l’histoire des hommes, les autorités de mon Eglise fassent
entendre un discours aussi peu clairvoyant. Derrière les arguments avancés, je
ne vois que de la peur, habillée de prudence car c’est plus présentable,
fortement teintée de « politiquement correct » et d’opportunisme en
outre. Je songe aux paroles de Notre Seigneur :
« … que votre oui soit oui…
que votre non soit non… Je vomis les tièdes… »
Oui, je
veux l’Europe. Plus que jamais. Mais pas celle-là. Si la France vote non ce sera tant
mieux. Il faudra bien que nos politiques revoient leur copie. La véritable
démocratie est là. Et l’Europe ne sera nullement en panne car elle existe et
fonctionne déjà. Grâce surtout à l’enthousiasme, au dynamisme et au courage que ses peuples
ont manifestés depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Quelques grands
défunts ont su canaliser et féconder tous ces efforts.
Ne troublons pas leur repos en bafouant et stérilisant
par avance leurs belles visions d’avenir.
GOETHE
DANIEL-KOKA