NON, FRANC ET MASSIF.

 

 

Le non l’a emporté et avec un écart qui ne laisse aucun doute sur les attentes du peuple.

 

Les médias à la soupe ont brutalement changé de musique et cherchent maintenant à minimiser l’impact de ce qui se passe dans la vieille Europe. Il devient urgent de limiter la contagion et de faire croire au monde étonné que les Français, une fois de plus, font une crise de bizarrerie passagère générée par leurs petits problèmes intérieurs. Pas de panique, sous la conduite de leurs politiques si intelligents, la sagesse leur reviendra, c’est sûr, surtout si aucun autre peuple ne les suit.

Face à ce vote véritablement historique, on oublie de donner sa juste valeur à ce qu’il veut signifier :

 

- Les vieux peuples Européens ne veulent pas d’un avenir livré à des eurocrates déconnectés de toute responsabilité. Chacun des Etats a déjà mesuré douloureusement, au niveau du portefeuille, les conséquences internes de cette dérive. Chez nous, en deux siècles, au Roi ont succédé une multitude de roitelets quasiment inamovibles et finalement bien plus coûteux. Les palais européens de Strasbourg et d’ailleurs ne sont que les symétriques de nos palais régionaux pharaoniques. J’en connais un où un accès direct à la mer (avec port privé s’il vous plaît) a été construit pour le bien-être de M. le Président de région et ses amis. Je n’ai pas visité les autres…

 

- Tous les Européens qui réfléchissent un peu, et il en reste heureusement beaucoup malgré les efforts de la propagande du « P.Q. », ne veulent pas d’une « Europe ectoplasmique », d’une entité non définie humainement, géographiquement et culturellement. L’accueil d’accord, l’amitié bravo, mais la culture du n’importe quoi et n’importe comment pour ne vexer personne, on en a ras la casquette. Nous sommes Européens et entendons le rester. Devant l’Histoire, après nous être si souvent battus, c’est la première fois qu’il nous faut définir un avenir commun. Il ne se bâtira pas sur des idées en forme de courant d’air et un territoire indéterminé qui renierait tout notre passé.

 

- Nos amis allemands sont très fortement endettés. Nous aussi. On me rétorque que nous le serions bien moins que les Etats-Unis. Il faudrait ramener ça à la tête de pipe pour être honnête. Et comparer avec le même ratio mais par tête de Chinois et d’Indien. La croissance de leur puissance économique est telle qu’elle génère chaque année grosso modo l’équivalent de tout notre pays. Que se passera-t-il le jour où ces grands Etats demanderont aux pays endettés de leur rembourser tous les € et tous les $ accumulés chez eux ?

 

- Ils deviendront, à peu de frais, les propriétaires de nos patrimoines. Face à ce danger et à des gens qui travaillent courageusement pour sortir leurs familles de la misère, on nous soutient que le progrès consiste à ne travailler que 35 heures à des salaires dix fois supérieurs aux leurs. La propagande « P.Q. » est parvenue à ancrer cette contre évidence dans la cervelle de beaucoup.

 

- On nous affirme que la libre circulation des hommes comme des capitaux est le moteur de la croissance. Je le crois volontiers, mais au profit de qui ? Certainement pas des millions de chômeurs que ce système laisse au bord de la route de notre côté. Lesquels sont spectateurs indignés d’indemnités de licenciement patronales gigantesques qui ne peuvent s’expliquer que comme étant le prix du silence de leurs bénéficiaires. Au profit de qui ce silence qui devient beaucoup trop éloquent ?

 

Je viens de terminer une lecture passionnante et je me permets de vous la recommander. Je la crois assez prophétique de ce à quoi nous venons d’échapper par ce vote franc et massif. Echappatoire toute provisoire je le crains, car on nous représentera le plat en essayant de modifier seulement la présentation. Surtout pas le fond de la recette.  

 

Jean-Christophe RUFIN est un homme de terrain. Toubib parmi les promoteurs de « Médecins sans frontières », il vient de nous donner « GLOBALIA ». C’est un roman de fausse anticipation. Il y force à peine des dérives présentes dans nos sociétés. Elles conduisent à une abdication totale de la puissance politique au profit d’une concentration très restreinte mais planétaire de la puissance financière et donc économique. Ceux qui vivent à peine décemment dans ce monde y ont abdiqué toute liberté de penser et de s’exprimer. La peur est devenue le ciment indispensable de cette société totalement individualiste où chacun est perpétuellement sous la « bienveillante protection » des psychologues et médecins au service du système. Tous ceux qui refusent sont refoulés dans ce qui est la continuation de notre tiers ou quart monde. Et on les laisse se dém…. Ne manquant pas de les bombarder abondamment mais dans la discrétion  s’ils rouspètent,  alors que toutes les TV de l’autre monde étalent des scènes d’aide humanitaire façon TF1 le samedi soir, histoire de donner bonne conscience au peuple. Mais GLOBALIA est une véritable démocratie. Les politiques, écrans du véritable pouvoir, y sont élus avec d’écrasantes majorités. Mais plus de 95% des électeurs  s’abstiennent, et c’est respectable car « c’est leur choix ».

 

Qui gouvernera le monde… ? Le Fric au profit d’une étroite minorité ? Ou « L’homme » au profit de l’humanité toute entière ? Y compris des riches car il en faut et qui sachent le rester. Mais sans oublier les pauvres. Je suis assez d’accord avec M. Tony BLAIR quand il affirme qu’il ne veut pas que les riches deviennent pauvres, mais que les pauvres s’enrichissent.

 

L’Europe n’est pas en panne. Il faut poursuivre sa construction dans une perspective démocratique, ni énarchique ni « crétinocratique ». Elle dispose du FSE (Fond Social Européen) hélas bien modeste. Ne pourrait-elle pas orienter ces fonds vers le soutien des initiatives populaires novatrices en termes de production et de services, plutôt que financer les aides au chômage ? Ne pourrait-elle pas financer la résorption du chômage par les chômeurs eux-mêmes plutôt que contribuer à financer le statu quo, à si peu de variantes près.

 

L’espoir est dans la mise en œuvre très volontariste de la « subsidiarité » et de la démocratie vraie. Ces deux mots figuraient dans le texte que nous venons de rejeter précisément parce qu’il signifiait tout leur contraire. Elles consistent à susciter, à privilégier et respecter les initiatives qui viennent du petit peuple. Les administrations ne sont pas là pour dire aux gens comment ils doivent inventer, créer, travailler, respirer, vivre… et finalement aller faire pipi de manière certifiée correcte. Hélas elles donnent l’impression de ne plus faire que cela, et ça coûte de plus en plus cher au cochon de contribuable.

 

Il vient de dire non. Assez… Changeons de route et de chauffeur s’il le faut. Les candidats ne manquent pas ! 

 

Oui, je sais… Je suis un rêveur !

 

 

 

DANIEL-KOKA

Sous un bon gouvernement,

la pauvreté est une honte.

Sous un mauvais gouvernement,

La richesse est aussi une honte.

CONFUCIUS.

 

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