MEDJUGORGE (4)
Ce samedi est le dernier jour sur place. Demain, c’est le bus
et l’avion pour retour vers notre chère (… beaucoup trop chère !) France Républicaine. Réveil vers 6 h 30 suivant la programmation de
« pépé ». Mais le programme de la matinée n’est pas tendu. Le R.V. de
départ est pour 8 h 00. Donc, je prends mon temps…
« Petit déj. »
paisible en partageant avec le groupe. Des pèlerins sont
venus de la Réunion, d’autres de la Martinique, pour nous rejoindre au départ de Roissy… Sacré
détour, et détour sacré. Je partage leur table et j’ai du bonheur à évoquer avec eux la splendeur paradisiaque de leurs
belles iles, l’irrésistible attrait de leurs traditions d’accueil, surtout
quand elles sont parfumées au « Ti-Punch ». (Je
site le nom de mon ami « Frédo », une célébrité des motards martiniquais
domicilié au Lamentin. Il m’a fraternellement accueilli chez lui pour plusieurs
séjours avec mon épouse). Ils sont au
moins 3 participants à un groupe de prière dans cette seconde ville de
Martinique. J’évoque une messe du dimanche vécue chez eux. Leur église
« débordait » dans la rue au point d’y bloquer la circulation, (ce qui ne suscitait aucune réaction négative, bien au
contraire). Les enfants, petits gars et fillettes étaient
particulièrement adorables en leurs costumes soignés et colorés. Et surtout, la
liturgie festive était aux antipodes de nos trop fréquentes marches funèbres… Le partage d’heureux souvenirs d’amitié casse les barrières intérieures auxquelles
nous sommes trop conditionnés.
Le rendez-vous
pour ce matin est à 9 h 30 chez des
« petites sœurs » dont le monastère est situé dans le village de
la Croix Bleue. Le choix nous est laissé d’y aller en car ou à pieds. Pépé
décide de faire un peu de sport et de refaire le chemin découvert jeudi.
J’y arrive en avance, et suivant
mes « tristes habitudes consuméristes », je m’attable à la terrasse
d’un bistrot avec vue sur le lieu de notre rendez-vous.
J’y déguste tranquillement un « grand crème » en observant le
mouvement de foule auquel j’ai participé le jeudi matin. Un couple de notre
groupe, passe dans la rue et me reconnait. Je leur fait signe
de me rejoindre, ce qu’ils acceptent.
Je partage mon deuxième café avec leur premier. (Lui est toubib en retraite
« surbookée » dans un désert médical campagnard au voisinage de
TROYES (F10000). Il reste fidèle aux traditions des médecins de campagne,
proche du serment d’HIPPOCRATE et éloigné des ambitions majoritairement
« fricardes » qui se généralisent trop. Sa compagne est avec lui.
Manifestement plus jeune, son affection et ses attentions sont celles d’une
infirmière… Il est plus jeune que moi, mais nous sommes deux
« pépés » qui persistent à gagner leur croûte, fidèles à leurs
clients, en complément des retraites qui se contractent face à la montée des
charges quotidiennes). Nous avons de nombreux thèmes de partage.
Tous deux n’en sont pas à leur première visite à MEDJUGORGE. Leur présent
voyage est un pèlerinage en forme de
« merci à la Sainte Maman »…
Voyant arriver notre groupe de Français, nous nous
joignons à eux pour se positionner, à l’heure, à l’entrée du monastère des
petites sœurs et y attendre un peu. Les bâtiments sont manifestement de
construction récente, et sans aucun effet architectural autre qu’un clocher et quelques vitraux.
Cette communauté serait affiliée au « Chemin Neuf » ai-je entendu,
lequel est apparue en France dans la mouvance charismatique des années 70. Il y
a chez nous de nombreuses congrégations, avec domaines étendus, attachés à
cette obédience.
Nous « poireautons » donc… (Le
visage d’un ami revenu tardivement à la foi me monte au cœur. Ingénieur dans un
labo EDF, c’est par le Chemin Neuf qu’il avait été sauvé de la
« panade » où ses déboires sentimentaux l’avaient plongé. Il se porta
volontaire pour former la première équipe en charge du groupe ALPHA que
« mon EX » lança dans notre paroisse au tout début de la décennie
2000. Il n’y avait alors pas de formation à cet outil en France. C’est donc en
Suisse que nous avons reçu la formation nécessaire, par les soins d’un
merveilleux mélange de chrétiens « toutes tendances fraternellement
confondues ». L’œcuménisme y était bien réellement mis en œuvre).
Mais c’est tristement au passé qu’il me faut l’écrire.
Chaque chapelle a depuis repris ses prérogatives, les sessions ALPHA « doivent »
n’afficher qu’une « religion ». La mise
en œuvre de l’universalisme voulu par JÉSUS doit rester pilotée par M. le Curé
local, et personne d’autre.
(J’ai ainsi vécu avec cet ami une des toutes premières sessions ALPHA en
France hors de Paris et quasiment en pleine « cambrousse ». Il est
resté très « accro » à l’exubérance sentimentaliste des
charismatiques. J’y souscris fort peu, du moins en ses expressions quasi
systématiques trop peu soucieuses des réactions des observateurs. Mais quinze
années plus tard, il reste très engagé et très actif en son témoignage de
« Présence interne » bien réelle…)
Le groupe qui nous précédait sort du monastère et nous
prenons très silencieusement sa place
dans la chapelle des petites sœurs. L’une d’elle vient nous donner un
enseignement. Je ne me souviens aucunement du titre qui nous avait certainement
été annoncé. Mais je me souviens de la personnalité
très atypique de cette moniale et de « l’ambiance » de sa parole.
Elle n’avait que la cinquantaine, et
elle était très belle. OUI, son
physique cadrait parfaitement avec l’image de la Sainte Maman, image que je
porte en mon cœur beaucoup plus que dans les bouquins de ma bibliothèque. Son
langage était très simple, mais fortement pédagogique, ancré sur nos quotidiens
spirituels, mais sans frontière avec la vie matérielle qu’il nous faut
affronter. Tout son discours tournait autour du thème « …comment l’ESPRIT SAINT s’y prend-il avec nous,
LUI le TOUT PUISSANT, pour respecter nos libres choix ? »
J’ai véritablement « savouré » la finesse de ses nuances. J’ai
tristement mesuré la distance qualitative entre cette forte et belle simplicité
d’une part, et la puissance anesthésiante de la majorité de nos homélies (…
sauf celles de « mon EX », qui demeurent explosives vers le
haut !) OUI, c’est bien de l’ONCTION de l’ESPRIT
SAINT dont elle témoignait. Nous sommes tous confirmés cependant. Cette onction
était, et reste trop souvent une promesse. Chacun doit se poser la question
« … où en suis-je ?…Est-ce que j’entends bien
réellement l’ESPRIT SAINT, quand il me parle ?... Où en suis-je dans
l’apprentissage du « décodage » de Son Langage, en vue de ne pas le
confondre avec mes résurgences d’orgueil ? Mon regard sur les autres
et mon oreille sont-ils inconditionnellement en mode d’écoute respectueuse, de
recherche d’enrichissement mutuel, sans aucun jugement, ni a priori ni
ensuite… ? »
Comme il se doit pour sortir, passage quasi obligé
par une boutique où dépenser quelques €.
Le retour se fait en groupe et à pied. Le R.V. est fixé à midi pour la messe
paroissiale dans la grande église du bourg central. Je prends mon temps, continuant de savourer les belles et simples
paroles de cette « Sainte Petite Sœur » en traversant la campagne.
Je suis, avec le groupe, largement dans les temps pour la messe…Retour au calme et « adoration interne » avant
la célébration. Comme les jours précédents, le langage local m’est
incompréhensible phonétiquement, mais le respect de la liturgie et la
mémorisation de la messe en français conduisent effectivement à une totale
communion des cœurs… S’ils veulent bien se laisser saisir.
Retour vers notre auberge, avec brève étape à la poste
pour donner des nouvelles, avec une bise téléphonique à mon épouse. Pas d’apéro ce midi là… !
DANIEL, tu changes… !
Le programme de l’après midi me laisse hésitant. Le
groupe se propose d’escalader la montagne au sommet de laquelle se dresse une
croix qui domine toute la région. On peut aussi modérer les difficultés de
l’approche en taxi. L’aspect sportif du programme, même ainsi atténué me fait
fuir. Après avoir envisagé une sieste prolongée, suivie de lectures dans un bistrot, je
choisis l’option d’un chemin de croix,
sous la gouverne de notre jeune LÉANDRE. Le « sous-groupe » marche
paisiblement ainsi vers les jardins qui jouxtent l’église paroissiale.
Et le chemin de croix commence… Je confesse que je
n’avais « jamais » pratiqué cette prière en d’autres circonstances
que nos veillées pascales du vendredi saint. En silence et avec discipline, j’ai suivi le
groupe, de station en station, essayant de m’extraire du « présent/présent » pour me plonger dans Ce « Passé/Présent » glorieux, douloureux, barbare. Le
cheminement pédibus du groupe n’était pas propice à l’exercice… La présence
d’une petite meute de toutous mendiants dans le jardin non plus. Mais surtout le rituel mécanique de prières sans cesse
débitées comme par des automates contrariait ma mise en mode « réception »…
Car une conviction m’habite.
Elle résulte de la prise de conscience très progressive, invasive, mais toujours
source d’un bonheur ineffable, celle de l’inexistence profonde du temps.
Cette prise de conscience m’a conduit à l’évidence devenue
indestructible, que sous le regard de JÉSUS, j’étais, je reste et le resterai
jusqu’à ma mort, un de ceux qui ne cessent de manier le marteau pour le clouer
sur Sa CROIX. J’étais et je reste un de ceux dont « IL » dit « …
ils ne
savent pas ce qu’ils font… »
Je
dois partager avec vous l’évènement majeur de ma vie, (… quitte à passer une fois de plus pour un
malade mental !). J’ai reçu
l’incroyable bonheur de vivre mon chemin de DAMAS, sur le mode de St PAUL.
C’était il y a une trentaine d’années. Je sais depuis combien sont nombreux,
très nombreux, de plus en plus nombreux mais généralement très discrets, ceux
qui ont reçu le même « électrochoc ».
Il s’est produit à
PARIS, lors d’une soirée de prière
dans le sous-sol de l’église de La Trinité, avec le groupe des artistes charismatiques.
(Parmi eux, il y avait beaucoup de célébrités, dont le supérieur (… au
cinéma !) du monastère du « Nom de la Rose », le moine qui
faisait face à James Bond 007 (…également déguisé en moine franciscain !) A genoux, recevant la prière d’un groupe qui ne
connaissait ni mon nom, ni surtout mon prénom, j’entendis un des participants dire « … du livre de DANIEL… » Suivit alors la lecture de la déclaration d’AMOUR DE
DIEU, transmise par GABRIEL au prophète DANIEL.
Profondément bouleversé, je me suis mis à protester
intérieurement, tout en « chialant » de plus en plus « … mais Seigneur tu sais bien dans quels
« abîmes de merde » je me complais… « TU » ne peux pas
m’aimer… c’est impossible… » Et plus je
protestais, plus une sorte de très puissant torrent intérieur m’envahissait,
balayant tout sur son passage, en m’affirmant « … Mais je m’en fous de tout ça…
aime moi… »
C’est peu de temps après cet évènement intérieur qu’un
saint prêtre de mes amis m’a dit « … Daniel, si tu veux savoir comment
ça s’est passé il y a 20 siècles, dans la bande à JÉSUS et autour, bouquine
l’évangile raconté par Maria VALTORTA… » J’ai ainsi découvert
« le quotidien » de l’environnement de JÉSUS, de Sa Maman, de tous
les personnages dont nous parlent les évangiles canoniques, et de tant d’autres
à nos images dont ils ne parlent pas.
Ces
deux « rencontres » ont très progressivement modifié mes modes de
pensée. La « mutation » totale
n’est pas de ce monde et il reste toujours beaucoup de route à parcourir avant « la
boite à 6 planches ». « La Présence Réelle » de JÉSUS dans nos
quotidiens, pas seulement eucharistique très loin s’en faut, m’est
progressivement devenue une sorte d’évidence vitale. Il m’a ainsi été « donné » de partager Son
Histoire Humaine, vécue comme en partage bien concret de la mienne… Des
nôtres ! J’ai sagement persévéré en ce Chemin de Croix avec le
groupe.
Le programme annonçait une soirée d’Adoration Eucharistique,
en plein air avec tous les paroissiens et les autres groupes de pèlerins. En
ouverture de cette dernière soirée, nous étions convenus de tous nous retrouver
dans la bonne et simple brasserie que j’avais fréquentée la veille.
J’ai flâné un peu dans le centre du bourg, puis me
suis installé dans la brasserie convenue pour y attendre les amis, sagement en
présence d’un thé…et me plonger une nouvelle fois dans la lecture des messages
de la Sainte Mère.
Le temps passe vite, dans ce type de prière quasi
contemplative. J’ai tardé à constater que le groupe était plus qu’en retard…
Changement de programme… ? La brasserie était pleine. Elle n’a peut-être
pas pu les recevoir. Bref j’ai cassé une bonne croûte, arrosée du vin local, l’ensemble
peu coûteux. Et je suis arrivé pratiquement à l’heure du début de l’Adoration.
Cette dernière soirée fut une sorte de couronnement
final, comme il se doit. La nuit était tombée. Le grand amphi de plein-air
situé derrière l’église principale a une capacité totale d’environ 10.000
personnes assises. Donc beaucoup plus s’il faut rester debout. En ce mois d’octobre
2014, nous étions en fin de saison touristique tant civile comme religieuse.
Arrivant sur un des nombreux accès à l’amphithéâtre, je suis
immédiatement saisi par une ambiance que je n’avais jamais ressentie à une telle
intensité. Dans ce silence quasiment total, je retrouve mais concentrée
cette fois, la foule déjà rencontrée jeudi et vendredi matin. Il y a là entre 5.000 et 7.000 adorateurs,
de tous âges, de toutes races, mais collectivement
émetteurs d’une communion qui se perçoit centrée sur le Saint Sacrement.
Je retrouve la même diversité de modes de prière tous intérieurs et
silencieux. Il y a des chapelets
de tous formats. Il y a des priants debout, d’autres à genoux, rarement prosternés.
Des assis semblent en demi-sommeil et parfois en « Adoration de St Pierre »
comme il m’arrive parfois d’y parvenir. Il y a aussi des bébés qui pleurent, et
beaucoup d’autres sagement dans leurs landaus.
Par
séquences brèves, séparées par de grands silences, un groupe de violonistes
joue des très belles musiques incitatives à la contemplation en mode « réception
totale ». J’ai perçu comme perturbatrices les interventions, heureusement
rares et brèves, d’« officiels ». Mais la foule restait comme totalement
intériorisée, accrochée à sa contemplation…
La
question « QUI
crée et suscite LA COMMUNION de toutes les races, de tous les peuples, de toute
la famille humaine sur la planète terre… ? Les animateurs, officiels ou
pas, même bourrés de charismes… ? Ou Le Bureau Chef toujours plus ou moins en direct ? »…
cette question aurait
été ridiculement vide. Elle se pose cependant presque toujours avec une
insistance perturbatrice dans nos communautés, même religieuses.
Le
« politiquement incorrect » que suis si volontiers s’en est trouvé
réconforté…calmé… assagi. Très
lentement, une réponse m’est montée au cœur face à « l’ordre » (… formulation
trop forte, mais en sa directivité seulement !) reçu
vers le 14 juillet 2014. Je vous le
rappelle :
C’était « …
DANIEL… Il faut que tu ailles à MEDJUGORGE… » Ce
réconfort, ce calme, ce début de Sagesse, transcrit en mon langage quotidien et
en mon tempérament m’a signifié « DANIEL… FERME TA GUEULE… Mais ÉCRIT… LA PUB, JE M’EN
CHARGE… »
OUI… Cette soirée d’Adoration réellement communautaire,
comme « mondiale » fut le « sommet
spirituel » de mon pèlerinage. Je ne doute aucunement qu’ils furent
nombreux les Enfants de DIEU à recevoir des cadeaux, en cette forme de vie
éternelle déjà présente.
LA
PRÉSENCE bien RÉELLE de JÉSUS RESSUSCITÉ n’est pas seulement une théorie, pas seulement
un dogme. Qu’on l’accepte ou pas, qu’on
en ait conscience ou pas, elle est surtout une réalité dans les quotidiens de tous les êtres humains. Cette Présence anéantit
toutes les distances, tant spatiales que temporelles. Elle active et dynamise
nos facultés « empathiques » en réception d’abord mais venant de « LUI »,
et ensuite en émission vers nos proches en mode de « débordement ».
J’avais le cœur « très chaud » sur mon retour
vers le plumard. Les perspectives d’avenir
commençaient à nettement se clarifier. Demain, c’est le retour vers mes quotidiens
en ce bas monde…
Petite
remarque en passant ami(e)s lect(rices)eurs : je boucle ce chapitre
à quelques jours de la Pentecôte 2015.
Et, à
cette approche, petite taquinerie « fleur
de l’amitié » comme il se doit, mais taquinerie dont je ne m’exclue pas.
Le refrain d’une chanson me revient « …il avait l’dédain des Dons, c’était
un dindon digne… il avait l’dédain des DONS, c’était un digne dindon
(… à suivre)
DANIEL-KOKA