MEDJUGORGE (3)
Réveil vers 5 h
00 ce vendredi matin, et petit déjeuner ultra léger
et rapide. Un bus nous attend pour nous
emmener vers le domicile d’une des voyantes, auprès de laquelle la Sainte Maman
se manifeste pratiquement toutes les
semaines. C’est ce que j’ai compris, mais cette information demande
probablement être vérifiée. Je n’en ai pris le temps…
Le bus roule sur environ 5 km. Le jour commence à se
lever. On arrive au voisinage d’un domaine qui s’est constitué autour de la
maison de la voyante (Je n’ai pas mémorisé son prénom… Pardonnez
le moi). Le bus a un peu de mal à se
garer au voisinage proche, car il y a déjà du monde bien que l’heure soit très
matinale. Notre bus n’est pas le seul… Outre le domicile de la voyante et dans
le même parc, une chapelle a été
construite pour regrouper les pèlerins venus écouter les messages de la Maman.
Nous parvenons à y entrer et nous trouver des places assises. L’attente commence, rythmée « comme il
se doit » par des chapelets, avec méditation d’une famille de mystères.
Y
participant un peu machinalement, je constate que mon allergie à cette forme de
prière reste bien présente. Je m’en sens coupable…Qu’en pense la Sainte
Mère ? Je n’en sais rien, et « Elle » ne me renseignera pas.
Des techniciens s’affairent à la mise en place de
matériel de prise de son et d’images pour les médias locales. Le matériel est
manifestement de classe professionnelle.
Le temps
passe, les chapelets aussi… Il n’est pas
impossible que pépé ait coincé une petite bulle, compensatrice d’une nuit un
peu trop courte…Si ce fut le cas, mon sommeil a été respecté.
Vers 7 h 30,
l’ambiance change brusquement. La
voyante vient d’entrer dans un local attenant, probablement une sacristie. Elle
va venir livrer le message reçu. Les caméras et les magnétos se mettent à
fonctionner… La voilà.
Elle paraît une bonne soixantaine, traits tirés et
fatigués, mais voix chaleureuse, joyeuse même, qui
vous tape au cœur. Le message est bref, comme tous ceux que j’ai lus
la veille dans le petit bouquin où ils sont regroupés. La
tonalité est très maternelle, très simple. Ce jour-là, mais une fois de plus, MARIE incite ses « petits
enfants » à prier, prier… Mais ce jour surtout
pour la paix, gravement menacée dit-ELLE.
La « livraison » a duré un petit quart d’heure.
Une prière commune s’en suit. Et nous entreprenons de sortir de la chapelle…Mais on dirait que « ça bouchonne ».
Le parc est
bondé… Une foule énorme l’a envahi,
qui a suivi la « livraison » par les moyens sonos et vidéo
extérieurs. Cette foule est compacte.
Tout le monde se presse pour entrer dans la chapelle dont nous voulons sortir…
Il faut pratiquement « échanger » sa surface au sol avec celui ou
celle d’en face. Le mouvement est très lent. Je pense une fois de plus aux
conditions de sécurité en cas de malaise chez un pèlerin. Impossible à des
secours de lui porter remède dans une pagaille semblable. Mais cette foule quasi monolithique est très
calme, très patiente, très priante.
Cette migration très lente, nous demande plus d’un
quart d’heure pour parcourir une centaine de mètres. Le regroupement se fait
dans le bus et nous attendons ceux qui furent les plus timides dans les
échanges d’espaces migratoires.
Je
me pose alors la question de la crédibilité de cette voyante, et possiblement
des autres. Sa tonalité chaleureuse, maternelle, et la constante de fond du
message ne m’ont aucunement perturbé. Rien ne me conduit à douter. J’accepte
donc pleinement l’éventualité des messages authentiquement mariaux, bien que
n’ayant rien perçu qui soit d’ordre mystique, inhabituel.
Le bus démarre. Il manœuvre difficilement car la foule
déborde sur la route. Sur plusieurs
kilomètres, de chaque côté, des bus en des véhicules de toutes sortes sont
garés dans un désordre inimaginable. Les chemins de terre latéraux vers les
champs accueillent des voitures dont on se demande comment elles manœuvreront à
la sortie.
Un peu péniblement mais pour le bus, nous voici de retour à la pension. Un vrai
petit déjeuner nous attend. Il est suivi d’un enseignement donné par le
jeune prêtre Béninois qui accompagne notre groupe. Il s’appelle LÉANDRE. C’est un solide, simple mais profond, chaleureux
sans être sentimentaliste. Il nous parle de l’Eucharistie et je me sens en
totale harmonie avec sa jeune expérience spirituelle. Ce sera lui,
le seul prêtre parlant français, qui me recevra dans un des nombreux
confessionnaux déjà décrits.
La pendule le commandant, nous partons à pieds vers la
grande église pour la messe paroissiale et quotidienne, à midi carillonnant.
Nous y arrivons un peu en avance et je
m’installe dans le fond de la nef, comme presque toujours, mais avec vue sur
l’autel.
Tout en « écoutant » ce qui me vient
« à l’intérieur », j’observe discrètement les pèlerins avec lesquels
je partage le même banc. Sur ma gauche,
une dame est manifestement en prière intérieure de supplication, ça se perçoit
bien que sa gestuelle soit alignée sur le calme ambiant (… en
parfait accord avec la perception que ma chère épouse en a, quand elle fustige
« … mes grenouilles de bénitiers ! ») La probable souffrance de cette dame
« rebondit » en moi vers le « haut », bien qu’incertaine en
ma perception. (Mon « Ex », et directeur
spirituel, a diagnostiqué chez moi une sorte « d’hyper sensibilité »
qui lui parait possiblement pathologique. Pourquoi pas… ?)
La messe commence. Elle est célébrée en une langue à
laquelle je ne comprends rien. Mais la liturgie aide à la prière communionnelle, bien avant la « consommation
sacramentelle ». Sur la fin, durant ce qui devait être des annonces, je
reste assis. La dame souffrante
s’adresse à moi pour me demander de prier pour « … son
PATRICK » ! Ce que je lui promets. Et depuis, je pense très
souvent à ce Patrick lors de mes prières matinales, bien qu’ayant oublié le
visage de « sa » dame. (Elle m’avait pris pour « un
curé »… Elle aussi !)
Casse-croûte
à la pension, puis « rebus » qui nous emmène vers « Le
Cénacle ». Cette
communauté est située à 4 ou 5 km du bourg principal, au pied de la haute
colline où les marcheurs costauds grimpent pour contempler le panorama de tout
le secteur.
Je ne savais pas que « Le Cénacle »
était probablement un des éléments de réponse aux questions qui ont motivé mon
pèlerinage.
Une communauté
de handicapés adultes survit depuis plus de 35 ans, dans la paroisse que je
fréquente au milieu des champs de betteraves de la Brie. Ils sont chaque dimanche les servants de la messe
dite par « mon Ex ». La « densité » spirituelle croissante
de ces célébrations est évidente pour tous. Mais face au grand âge de
« mon EX », leur devenir ne concerne personne, à l’exemple de
l’évêché qui s’en fout manifestement depuis bien des « mitres ».
Pire aux
quotidiens, la splendeur de la magnifique collégiale gothique qui nous
accueille est génératrice de zizanies
incessantes autour de son potentiel touristique. Comment sortir de ce panier de crabes, indifférents à l’essentiel,
était une des raisons de mon voyage à MEDJUGORGE.
Je découvre
donc ce qu’est « Le Cénacle ». Voici sa fondatrice, (une sainte méconnue parmi tant d’autres…) :
A fond de son monastère, cette petite sœur entendit un jour JÉSUS lui dire « … il faut que tu ailles t’occuper de tous ces
adolescents rendus au bord du suicide par leurs addictions aux drogues de votre
époque… »
Elle a obéi. La
communauté de MEDJUGORGE fut la première. Il y en
a plusieurs en Italie, deux en France dans le secteur de Lourdes m’a-t-on dit,
et quelques autres en Amérique latine. Elles
fonctionnent toutes de la même manière :
- Y entrer ou en sortir est totalement libre.
- Mais la discipline intérieure est très
astreignante :
- 8 heures de travail quotidien.
- Partage total de vie avec un « parrain »,
pensionnaire également, mais déjà « re-stabilisé »
en sa discipline personnelle après une addiction à la même drogue le plus
souvent.
- Aucune sorte de drogue dans la maison, on ne fume
pas, et on ne boit que de l’eau.
- Hygiène stricte et quotidienne, à l’eau froide, même
en hiver.
- Alimentation solide, produite sur place par le
travail des pensionnaires, dans le potager, le poulailler etc…
- Prières
quotidiennes à heures fixes.
- Repos et sport tous les dimanches.
Il ya des communautés pour hommes, d’autres pour
femmes, et aussi pour des couples.
Des bons professionnels à la dérive et au bord du
suicide y trouvent refuge. Le domaine
s’est ainsi construit sans aucune intervention extérieure. Les bâtiments sont impressionnants par leur solidité, leurs volumes et la qualité des
matériaux mis en œuvre. C’est un binôme « arrivant récent-parrain » qui nous
reçoit et nous explique leur vie, en français.
Ils
vivent fortement leur reconstruction en cours, c’est évident. Ils ont reconquis
leur fierté d’« ÊTRE » et sont heureux d’en témoigner. C’est
magnifique…
Ils nous expliquent que les finances de la communauté sont excédentaires, qu’elle ne doit
rien à personne, se suffit totalement à elle-même, et que ce sont eux qui
foncent au secours des personnes qui
subissent un malaise ou un accident dans les foules du voisinage. J’ai remarqué
leur joie quand ils nous ont dit « … si vous avez un problème, sachez que
ce seront d’anciens drogués qui viendront vous secourir » Face à « La Rédemption » que nous cherchons
tous, la force de ce témoignage me semble impressionnante…
Je pense évidemment à mes amis handicapés, fidèles
servants de l’autel de notre collégiale…Je pense à notre « État
Providence » à la française, en déficit chronique depuis plus de 30 ans,
et qui sacrifie d’abord les budgets des services de « santé publique ».
Quelles leçons à recevoir ici ! (…Mais sœur ELVIRA n’a pas fait
l’ENA, donc elle n’a pas le niveau requis !)
Le groupe a le choix du
retour en bus ou à pied en traversant la campagne. Pépé choisit la marche… A l’arrivée au voisinage de l’église, et sachant
qu’il confesse, je cherche le placard où se cache LÉANDRE. Je fais la queue
comme il se doit et reçois son absolution. Réconfortante comme à chaque fois… L’absolution
provoque toujours en moi un phénomène que j’assimile à ce qui se passe quand on
balance un combustible liquide sur un brasier. (OUI,
c’est nettement « braque »… ! Mais je suis thermicien et
énergéticien. Déformation professionnelle donc !)
Dîner abondant, simple et savoureux, à prix très
raisonnable, dans une brasserie proche
de l’église. Notre guide nous l’avait recommandée. Je prends mon temps… et je
rentre paisiblement faire dodo. Avec en préalable lecture apaisante des
messages de la Sainte Maman.
DANIEL-KOKA