LETTRE A "MON EX"

 

 

Vous le savez probablement, (... vous l'ai-je dit ?) j'ai fait un voeux d'obéissance à votre "paternité" spirituelle. L'intrusion très perturbatrice et douloureuse  de "Mon New" en mon relatif confort spirituel aura eu cet effet bénéfique de  me faire prendre conscience d'une sorte de plafonnement, d'immobilisme, dans mes relations avec Notre Seigneur si peu aimé.

 

 

Jusqu'à votre départ de notre village (… départ "en retrait" et certes pas "en retraite"), l'Eglise Catholique avait toujours été incarnée, en mon intelligence, en mon coeur et en mon esprit,  par des prêtres amis. Je revois maintenant avec grande reconnaissance les visages de Saint EMILE, de Saint RITON et du Saint père CLAUDE. Vous restez très fortement présent dans ma vie et dans celle du village. Parmi les évêques que le Bon Dieu a mis sur ma route, Charles MATHIEU le dispute avec notre Saint JP II pour la fréquence des rencontres physiques et intellectuelles, et pour leur impact spirituel en ma vie. Tous deux sont très, très loin devant les "ordinaires" du secteur hélas si bien qualifiés en la circonstance.  

 

 

Mes six récentes années de « CATHO-GRATOUILLE », m'ont douloureusement conduit à une évidence, à une triste réalité, que je n'avais jamais identifiée avant votre départ de notre paroisse. Tous étaient des anti-cléricaux sous des modes diversifiés. Tous ont déployé des trésors de prudence, de patience et de courage. Tous  ont reçu de l'expression de leur Sainte Liberté Spirituelles d'enfants et de prêtres de DIEU le salaire alors inévitable de leur employeur : marginalisation, critiques, persécutions sournoises, exils... etc...  J'ai été témoin, en direct d'une véritable escroquerie intellectuelle de la Curie Romaine envers la pensée et les paroles publiques du pape JP II. Même lui était prisonnier.

 

 

J'avais donc idéalisé "Notre Sainte Mère" l'Eglise Catholique Romaine. Jusqu'à l'arrivée de "Mon New" je savourais une lune de miel qui a duré  ainsi environ 55 ans, sur le mode naïf. Celui des enfants.

 

 

Ce rapprochement me console. Sur ce terrain, je suis resté très longtemps en cet état que JESUS nous recommande. Le zèle excessif que je déployais, et les dégats physiologiques graves causés par le récent renversement de l'ambiance, justifient largement le retrait et la résistance héroïque de ma chère épouse ! Je les aime toutes les deux (... mon épouse et "Notre Sainte Mère Catho Romaine"). En outre, je suis du genre tenace en mes affections, plutôt pardonnant et oublieux, assez indifférent aux vacheries passagères, mais sachant  l'usage prudent  de la distance envers les dangereux. Ou simplement les casse-pieds.

 

 

Aujourd'hui, en ce temps de Paques 2009, je suis devant un carrefour. Vous m'écoutez, 3 ou 4 fois par an, avec votre bienveillance de véritable prêtre, et aussi avec l'expérience spirituelle que vous donne la presque décennie d'avance que vous avez sur moi au calendrier. J'ai eu le bonheur de recevoir, une fois de plus Votre Pardon en ce temps de PÂQUES.

 

 

Des signaux multiples se manifestent dans ma vie qui signifient tous, très clairement, que l'heure est venue de "changer de braquet", de mieux identifier les vraies priorités, de cesser de les habiller de mon activisme et de mon égo sans cesse renaissants. Bref de véritablement, et autant que faire se peux, noyer ma pauvre volonté dans celle du Christ JESUS dont la patience, la générosité et la tendresse à mon égard me plongent dans un abîme de perplexité. Car toutes mes turpitudes cachées demeurent et vous les connaissez bien. 

 

 

Quelle générosité, quelles infinies tendresse et miséricorde, quelle formidable dose de "Vrai Bonheur" ne me donne-t-il pas quasiment en permanence ! Ma naïveté me portait à postuler que tous en recevraient vite quasiment la même dose... Au moins ceux qui se réclamaient de Lui. Quelle erreur...! Je mesure maintenant combien les coeurs sont généralement fermés, éloignés, comme indifférents à Sa générosité. Elle est pourtant la même pour tous, évidemment, et inconditionnellement. C'est nous, et nous seulement qui fermons toutes les portes d'entrée... Quelle tristesse pour Lui. Quelle tristesse pour le Père et l'Esprit. Et quel malheur pour notre pauvre monde !

 

 

Les chrétiens sont le plus souvent enfermés dans la trouille. Peur du monde, peur des autres, peur de la Vie. Et finalement peur de Dieu tout en proclamant hautement le contraire. Quel triste témoignage sous le regard de tous ceux qui nous observent de l'extérieur. L'espérance les taraude sans qu'ils en identifient la véritable source ultime. L'Esprit les travaille, même s'ils ne le savent pas. Et à notre époque, nul ne peut igorer le Saint Nom de Jésus.

 

 

En ce matin du 28/05/09, la conversation face au Saint Sacrement était à peu près celle-ci : "... Seigneur, ces dernières semaines ont été physiquement pénibles... Les décennies commencent à peser lourd... J'en ai fait de trop, j'ai trop forcé la machine... ma fidélité à notre rendez-vous quasiment quotidien est peut-être aussi un masque à mon activisme... une forme de fuite devant les exigences de la vie communautaire telle que Tu la veux, Toi... Celle qui nous est imposée dans le quartier, et qui semble plaire aux bonnes consciences patentées, n'est pas sur ma longueur d'onde. Elle sent la caserne et le carrièrisme adjudantesque … certes avec une indéniable bonne volonté postulée alignée sur La Tienne… Elle désespère le coeur des petits qui n'osent plus croire à la réalité du Royaume tout proche, accessible aujourd'hui... Mais le repliement, le silence, la désertion face au combat du monde, est-ce que  "Tu" veux vraiment ça pour moi ?  Les récentes misères traversées seraient-elles aussi un signal de Ta part ...? Seigneur que veux-Tu que je fasse ? Il y a trop de pistes devant moi. Voici venu le temps des économies d'énergie. Quelles sont Tes priorités, les Tiennes... Parle Seigneur, et donnes-moi de bien percevoir Ta Volonté... Aides-moi à ne pas mélanger, comme d'habitude, Ta volonté et mes incessantes résurgences d'égo..." 

 

 

Une heure plus tard, en ma boite postale, avec le courrier du boulot, deux lettres me font une gros coup de chaud au coeur. La première est de vous. Il y faudra une suite de ma part. J'y parlerai de l'Abbé MUNNIER. Vous lui ressemblez tant... Et une autre de Mgr MATHIEU, enfin retrouvé, qui m'écrit alors que je priais pour son repos depuis tant d'années...!

 

 

Curieusement, ces deux lettres m'apportent des réponses, tout en me laissant totalement libre des choix. Comme d'habitude. Dieu respecte la somptueuse dignité de Princes de Son Royaume dont Il nous a revêtus, définitivement, il y a vingt siècles. Lui, en payant le prix fort...

 

 

DANIEL-KOKA