LAETARE.
C’était ainsi que nous nommions jadis le dimanche fêté
cette année 2005 le 6 mars. Dimanche
de la lumière donnée aux aveugles que nous sommes et dont la cécité est
réputée avoir été guérie par l’eau reçue lors de notre baptême.
Ce matin-là, je participais à la messe sous le clocher
de S…. Notre jeune Père A… officiait avec courage face à une assemblée assez
clairsemée. Les sports d’hiver finissants expliquaient peut-être ce manque de
foule, comme le froid intense qui régnait à l’extérieur. Hélas, l’animation
liturgique fut à ce point sinistre que je me suis demandé où était caché le
catafalque. Je me sentais comme sur un iceberg malgré les efforts méritoires et
conjugués du prêtre et du générateur d’air chaud.
Une furieuse envie de fuir m’a saisi. Je ne suis resté que par respect pour le mystère merveilleux qui s’accomplissait cependant, formidable énergie vitale dont j’ai tant besoin. Aussi par devoir de témoignage envers quelques nouveaux chrétiens qui subissaient avec stoïcisme ce témoignage totalement contradictoire avec la pédagogie qui les avait convertis.
Le grand fils de l’un d’entre eux n’était pas là. Je
m’en suis félicité. Car c’était une ambiance à lui faire perdre
Le dimanche suivant, toujours à S… mais avec notre cher Père B… (mon "NEW") l’ambiance était un peu moins frigorifique. A propos de la résurrection de LAZARE, la question nous fut courageusement posée de notre réaction face à cet impossible événement s’il survenait aujourd’hui dans notre cimetière local. Les réactions furent diverses et révélatrices des distances qui nous restent à parcourir pour pénétrer le sens vital et profond du mystère pascal.
La messe s’acheva par un chant d’action de grâce qui
dégénéra immédiatement en marche
funèbre. Notre Curé prit l’initiative de modifier le « tempo » et de
lui rendre un peu du dynamisme qui aurait dû être spontané et débordant.
Je pense aux actions d’évangélisation en cours, aux
visages angoissés, aux vies torturées que le Seigneur nous envoie mais qui
viennent de l’extérieur, poussés le plus souvent par le désespoir, avec la soif
d’entendre notre témoignage. Et je
me dis que c’est loin d’être gagné… Très loin ! Scandaleusement loin.
A cause de nous. A cause de notre manque de foi. A
cause de notre déficit en ESPRIT-SAINT. A cause de nos pauvres certitudes de
croyants recroquevillés sur nos béquilles seulement théoriques et
intellectuelles. Si peu vitalisantes. Certitudes tellement valorisantes aussi
tant nous restons persuadés d’être « le sel de la terre », « la
lumière du monde ». Ce bon docteur COUE a réussi, par une pédagogie
collective suicidaire à ancrer en nous cette certitude réconfortante et anesthésiante.
Notre attitude individuelle et
collective est un blasphème permanent aux splendeurs christiques dont nous
prétendons être les témoins obligatoires. C’est à pleurer… Exactement comme dit-on, le faisait parfois
St DOMINIQUE en prière contemplative avant de célébrer
Nous demeurons obstinément des liturges du Vendredi
Saint. Beaucoup trop rarement du matin de Pâques. Notre témoignage reste celui
des disciples peureux et fuyards qui le laissèrent pratiquement seul face à sa
Croix et à la meute hurlante qui réclamait la mort de l’Innocent. Combien d’innocents condamnons-nous ainsi
chaque jour à rester dans leur mort quotidienne ?
Déficit de pédagogie donc. De pédagogie « DU » péché et conjointement du mécanisme cependant simplissime de
« La Rédemption ».
Fausse piste que celle « des » péchés quand elle vient seule
comme c’est généralement le cas, aussi nécessaire qu’elle soit.
Quand je médite sur les raisons structurelles de ce
déficit tellement permanent qu’il m’a fallu quarante années de vie pour le
discerner et passer au-delà par le don merveilleux que me firent quelques trop
rares prêtres de JESUS, je suis saisi par une sorte de vertige. Oui, Saint
DOMINIQUE pleurait face à cette question… Nos yeux sont généralement bien secs.
A l’image de nos cœurs.
Et DIEU fait se lever son soleil… Inlassablement,
chaque matin, avec une infinie patience, sur nous comme sur ses pauvres enfants
abandonnés à l’extérieur.
Il attend que nous entrions, enfin, dans le vrai feu
de « Sa Tendresse » et de « Sa Miséricorde ». Ce qui impose
que nous quittions nos pauvres certitudes, que nous abandonnions nos chers
béquilles. J’en ai tout un catalogue identifié chez moi comme chez la plupart
des « bien-pensants » malgré les doutes introduits à cet égard par ce
qui fut ma paroisse.
Osons chausser les bottes
de sept lieues données par l’ESPRIT-SAINT. Cessons de postuler avec une
certitude tranquille que nous aurions l’exlusivité de « Son
langage ». C’est un affront à la justice divine.
La vie, comme un torrent, continue à débouler autour
de nous. Nous sommes perçus comme y étant étrangers. Nous ne parlons plus son
langage. Surtout quand nous prenons en permanence des airs de croque-morts
donneurs de leçons.
Nous devrions ne pas être « de ce monde »
tout en étant ses animateurs, mais seulement par « Sa » délégation.
En fait, nous témoignons que nous restons très attachés à ce monde et à ses mirages,
au moins autant que les autres, tout en prétendant affirmer le contraire… Et
pour ce qui est de « La Joie » promise… Catastrophe ! A faire
fuir même le chrétien que je suis… !
Folie blasphématrice ?
DANIEL