KT de KOKA  (6)

 

 

 

 

LA FAMEUSE AFFAIRE DE LA POMME ET "DU" PECHE DIT ORIGINEL

 

 

Tu liras au chapitre 3 de la Genèse la relation d'une curieuse affaire où interviennent EVE et un SERPENT, puis ADAM, et enfin DIEU qui dresse le bilan de cette funeste rencontre. Dans cette lecture tu te souviendras qu'au chapitre précédent, DIEU avait donné domination sur toute son oeuvre créatrice à ADAM et EVE, mais en leur recommandant de "... ne pas manger les fruits de l'arbre de la connaissance, sinon, vous mourrez..."

 

Le SERPENT, tout le monde le connaît, c'est l'image de SATAN. On le voit ici commencer très fort, mais avec perversité suivant ses habitudes, en piégeant EVE dans sa propre naïveté. La pauvrette ne le voit pas venir... Il commence par affirmer une erreur manifeste, histoire de capter l'attention de la petite :

"- Alors DIEU vous a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ?"

C'est intentionnellement qu'il affirme quelque chose de faux. DIEU a dit tout le contraire, mais avec une seule limitation. SATAN provoque ainsi l'amorce d'un dialogue dangereux où EVE ne fait pas le poids. Face à SATAN, nul ne fait le poids s'il est seul. Avec imprudence, EVE tombe dans le panneau et proteste, évidemment avec l'intention noble de rétablir la vérité, de défendre l'honneur de la parole de DIEU... Bref une dangereuse illusion toute baignée de bonne volonté et teintée d'un début de vanité :

"- Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin. Mais du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, DIEU a dit : Vous n'en mangerez pas, vous n'y toucherez pas, sous peine de mort."

Du coup, voilà SATAN renseigné. Il sait dorénavant où porter ses attaques. Le texte suggère ainsi qu'avant cette imprudence d'EVE, il ne savait probablement pas comment attaquer la forteresse de l'espèce humaine, alors pleinement dans la communion de DIEU, donc sous la protection constante de sa puissance. Sa tactique va consister à ruiner la confiance qui lie l'espèce humaine à son Créateur. Il l'applique à EVE dans le texte, mais il l'applique à chacun d'entre nous à longueur de journée... Là, histoire de bien enfoncer la compréhension spirituelle profonde du texte, je me permets de le paraphraser :

- Mais tu n'y es pas... Il n'est pas question de mourir, ni même de souffrir. Au contraire, car DIEU vous raconte des salades... Il vous trompe et tous ceux qui parlent en son nom aussi... Il sait bien que le jour où vous en mangerez vous deviendrez comme des dieux... à vous la puissance, le bonheur, la libération de toutes contraintes... bref la vraie vie ! Pas question de mourir, au contraire, il faut jouir à fond de la vie présente et seulement d'elle... La mort, c'est pour les autres...

Tu vois comme ils sont beaux et séduisants les fruits de cet arbre... DIEU ne veut pas les partager... C'est un monstre d'égoïsme qui se réjouit de votre frustration !

 

Le texte postule qu'EVE devait être quand même un brin gourdasse...! A sa décharge, elle ne connaissait rien de ce que l'Histoire a enseigné à l'espèce humaine depuis. Mais il faut tristement constater que malgré notre forte expérience, l'espèce humaine reste quasiment toujours aussi complaisante devant les offres de service du SERPENT. Je ne m'en désolidarise pas. Je constate qu'il en est de même pour ton vieux G.P., malgré les pauvres petits progrès accomplis au long de tant de décennies.

 

EVE entre ainsi, comme nous, en zone très dangereuse. Jusqu'alors, il n'y a eu qu'une imprudence, par méconnaissance de la puissance de l'interlocuteur. Rien de définitif encore... Mais on approche. Elle gamberge sur les conséquences du discours de SATAN : "La femme vit que l'arbre était bon à manger et séduisant à voir, et qu'il était, cet arbre, désirable pour acquérir le discernement".  C'est la phase de la tentation. A longueur de journée  nous avons tous des choix à opérer, une multitude de choix, qui pour la pluspart s'opèrent par automatisme acquis antérieurement. Nous ne nous posons même plus la question de savoir si nous faisons le bon ou le mauvais choix. Nous n'y pensons qu'en présence du danger, ou en prenant conscience que l'enjeu est possiblement lourd de conséquences. Nous sommes dominés par une foule d'attitudes dites correctes. Elles ne le sont, le plus souvent qu'aux yeux des habitudes communes. DIEU veut notre bonheur sur un mode d'accès différent, plus profond, et surtout ancré dans son éternité à lui, offerte à nous dès ici-bas. Nous avons un mal de chien à entrer dans cette perspective... Nous privilégions presque toujours l'immédiat, le palpable, le temporel. Nous n'avons pas l'habitude de placer nos choix dans une perspective d'intemporalité, dans l'éternité qui est celle de DIEU mais aussi la nôtre depuis la venue du CHRIST chez nous. Comme EVE nous voulons discerner nous-mêmes ce qui nous sera profitable. C'est fondamentalement un refus de faire confiance à DIEU. On est bien, radicalement, dans la logique de soupçon que le SERPENT nous a inculquée. Nous agissons très majoritairement comme si DIEU voulait nous tromper.

 

Ensuire seulement arrive le désastre : "Elle prit alors de son fruit et mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il mangea." ADAM était aussi nono que sa belle. Il était là... Et il laisse faire sans flairer le danger ! Cette fâcheuse tendance à faire porter le chapeau à "la femme" dans tous nos malheur ne s'enracine pas dans ce texte, même si on peut le penser. Il est lui-même, en son mode narratif, un produit des moeurs des époques antérieures, mais qui durent encore à la nôtre. Les "mâles", guerriers, nobles, puissants et avides de gloire ne sauraient être responsables d'une pareille catastrophe. Il est politiquement  nécessaire qu'ils participent à l'explication puisqu'elle est universelle et pour tous les temps, mais pas en responsabilité directe. Leur prestige en souffrirait... Alors que les pauvres  femmes, elles, ont l'habitude d'être dans l'ombre et de subir... Donc allons-y ! L'indéracinable machisme n'est pas d'aujourd'hui, ni même du temps de l'écriture du premier livre de la BIBLE. Ni encore des siècles de transmission seulement orale qui l'avaient précédé.

 

Les conséquences sont immédiates. C'est le commencement de la longue et souvent pénible histoire de la vie spirituelle de notre humanité, non pas livrée à elle-même, mais placée par son libre choix à distance de la protection divine qui lui était inconditionnellement et totalement acquise antérieurement : "Alors leurs yeux s'ouvrirent et ils connurent qu'ils étaient nus, ils cousirent des feuilles de figuier et se firent des pagnes"

La peur a fait son apparition. Peur de nous mêmes et peur de l'autre jusqu'au plus proche qu'est notre conjoint. Si tu y réfléchis seulement un peu, tu comprendras vite que c'est dans la peur que s'enracine toutes les dominations mutuelles, qu'elles soient en petit comité (... le couple, la famille) ou à dimention sociale plus élargie (... la tribu, un peuple, une nation, une race). C'est dans la peur de l'autre que s'enracinent toutes les violence et tous nos malheurs. C'est dans la peur que s'enracinent toutes les formes de mort physiologique. La peur est le fruit de la méfiance de DIEU, de son rejet, ultimement sous l'inspiration satanique. A l'inverse, la peur se résorbe et peut disparaître quand la familiarité filiale se rétablit avec DIEU, sur un mode biunivoque, permanent et confiant. Attention, dans le rétablissement de cette relation, les religions ne sont que des moyens. Moyens certes nécessaires et probablement indispensables  dans notre faiblesse. Mais il convient de ne pas confondre la fin et les moyens. "Le but de la vie chrétienne (... dixit Saint SERAPHIN, maître spirituel orthodoxe de la fin du 19e siecle et tout début du 20e) est l'acquisition de l'Esprit-Saint". L'appartenance à une religion, n'est que le moyen de cette trajectoire aventureuse. 

Cette confusion fréquente entre la finalité et l'appartenance conduit à une forme sournoise d'idolâtrie envers des institutions, certes très respectables, mais qui détournent à leur profit une finalité qui ne leur appartient pas...

 

La mention de la nudité qui conduit à se vêtir de feuilles, outre l'apparition de la pudeur, signifie bien la profondeur de la peur physique face à "l'autre". Même quand il est de sexualité complémentaire  comme l'a voulu le Créateur. Ainsi, dans le couple le plus authentiquement amoureux et le plus respectueux de la personnalité de l'autre, demeure toujours une tentation d'instrumentalisation, ou de mise en tutelle au prétexte de nos propres formatages profonds. Ils sont toujours influencés par nos héritages génétiques et culturels. Notre éducation y entre aussi pour beaucoup, laquelle n'est que la résultante de ce que nos propres parents reçurent des leurs. On voit ainsi combien l'appellation de "Péché Originel", est judicieuse. 

Notre époque prétend nier la réalité simplement anthropologique de cette notion. C'est d'une dramatique puérilité. Mais ce que je t'ai dit à propos de la peur comme levier fondamental de tous les pouvoirs à connotation politique, explique amplement pourquoi cette déviance est soigneusement entretenue, voire amplifiée. 

 

Avec la peur de soi, est aussi apparue le peur de DIEU. C'est ce que nous explique la suite du récit : "... Ils entendirent   le pas de DIEU qui se promenait dans le jardin, à la brise du jour... l'homme et la femme se cachèrent... Dieu appela l'homme : Où es-tu ?..." Deux observations sautent aux yeux : 

- Ils viennent de faire une bêtise, mais ils ne sont pas exclus du "'jardin" puisqu'ils entendent les pas de DIEU qui s'y promène.  On peut en déduire que nous sommes encore et toujours dans ce jardin. Que la belle planète bleue nous reste confiée et qu'il est possible, si nous nous y prenons convenablement, d'y trouver le bonheur que DIEU veut pour nous. 

- C'est DIEU qui s'inquiète de cette rupture du contact permanent. J'aime la profonde signification de cette question "Où es-tu...?" La suite du récit biblique ne cessera de nous montrer DIEU qui cherche l'homme, le trouve parfois, mais rarement, et finalement s'incarne en notre espèce, se faisant l'un d'entre nous. Nous avons toujours plus ou moins tendance à oublier le bon sens de la démarche dans notre recherche de DIEU. Même quand nous prétendons qu'il n'existerait pas, c'est toujours lui qui nous cherche, malgré notre négation de son être. Croyants, nous déployons dans sa recherche des efforts considérables, surtout en construction de systèmes compliqués qui flattent nos neurones et nos nombrils. Ils justifient à nos yeux les multiples frontières de nos nombreux territoires spirituels. Ce sont de dérisoires préoccupations terrestres que DIEU contemple de Son Eternité. Trop souvent, elles nous rendent à ce point aveugles que nous n'y discernons plus  la part des fruits malsains de l'arbre de la connaissance.

 

En notre prochain chapitre, consommateurs quasi permanents de ce type de fruit, nous découvrirons que ses effets restent les mêmes en tout être humain : "... j'ai entendu ton pas dans le jardin... j'ai eu peur, parce que je suis nu et je me suis caché."

 

 

(... à suivre)

 

 

 

DANIEL-KOKA