LETTRE A M.  J.C. GUILLEBAUD.

 

 

 

 

Impérativement et affectueusement sommé de lire votre production parue en février 07 (... efficace mode d'action de "mon Ex") je viens de découvrir en vous un frère jumeau sur le mode spirituel... Disons presque ! Votre "Comment je suis redevenu Chrétien" (Albin Michel éditeur) est une véritable fontaine de jouvence. Je n'ai que 8 ans d'avance sur vous à l'état civil et j'en avais grand besoin, pas seulement pour mes rhumatismes.

 

J'ai dit presque... Votre formulation en trois cercles est éclairante. Comme vous, je les ai parcourus au fil de ma vie. Thérèse d'AVILA en identifie jusqu'à 7 en notre château intérieur. Le Père Eugène de l'Enfant Jésus éclaire et confirme cette demeure en un langage plus actuel. Mais par grâce acquise, ou par habitude (trop... ?)  fortement ancrée en moi depuis toujours, je ne me suis jamais posé la question d'avoir à redevenir chrétien. Naïvement peut-être, avec présomption certainement, je pense l'avoir toujours été sur le mode actif, contestataire amical, inventif... Bref un véritable emmerdeur ne le sachant pas, protégé que j'étais par une miraculeuse succession de prêtres foncièrement anticléricaux. Ils savaient canaliser et utiliser "Ad Majorem Dei Gloriam" mes débordements d'énergie. La gloire de l'Eglise, usurpant celle de DIEU, n'était vraiment pas leur priorité.

 

Aussi, je partage avec vous ce curieux  mélange, fait d'injustice de notre monde actuel envers le trésor qui l'a mené où il en est, et de douloureuse stupéfaction devant l'immobilisme béat de la majorité des Eglises Chrétiennes. D'inquiétants nuages lourds s'accumulent à l'horizon.  Il me semble que la simple survie de l'espèce humaine exige dorénavant l'union dans l'action de toutes les religions. Elle peut se passer d'une impossible et peu souhaitable union des théologies. Tout fervent amoureux du CHRIST JESUS vivant depuis 20 siècles à nos côtés, devrait comprendre en son coeur que toute prétention à la domination sur ceux qui ne partagent pas notre foi est foncièrement contraire à la volonté de notre doux Maître. Dans cette forme de sauvetage, "Notre Sainte Mère l'Eglise Catholique Romaine" se devrait d'ouvrir la route, précisément au nom de la véritable catholicité, et sans aucun complexe. Il est tristement dramatique d'observer presque systématiquement le contraire.

 

Cependant, L'Eglise m'a tant donné par les saints prêtres dont je fus le fidèle "sous-of" de terrain que je lui resterai farouchement attaché quoi qu'il arrive. "Poussé" dehors par une forme très officielle, mais très locale, de sectarisme centripète, je suis devenu un membre actif de sa part "hors les murs des sacristies et bénitiers". Je vous perçois dans le mouvement inverse, comme se rapprochant (... avec  prudence !) de nos autorités. Je vous souhaite beaucoup de persévérance, de courage et de prudence.

 

Après votre lecture, jubilatoire et passionnante, je souscris pleinement à ce diagnostic d'un de nos Mgr concernant votre "Charisme". J'espère pour vous, (en forme de "Beaume Kamol" préventif après ce successeur des 12), qu'ils seront nombreux ceux qui vous confirmeront que vous avez pleinement le "Charisme du Prophète". Votre écriture brûle le coeur et les neurones d'une chaleur qui au tréfonds n'est pas seulement la vôtre. Ce feu nous est donné, en un flot quasi continu généralement douloureux face aux oreilles bouchées, aux coeurs fermés, aux structures sclérosées, aux appétits de pouvoirs humains, à tant de blasphèmes masqués... Vous êtes en passe de devenir un authentique "brûlé de la jalousie de l'Amour de DIEU et de Son CHRIST". Je pense que cette transformation ne peut pas s'accomplir pleinement en cette vie.

 

Mais  vous êtes aussi ce que je ne suis pas par carence de munitions. Vous possédez une culture littéraire qui me semble définitivement inaccessible. Familier du monde médiatique, esprit indépendant (... là je le suis), vous maniez la plume comme d'Artagnan son épée, alors que j'écris trop souvent avec lourdeur, comme avec un gros gourdin. Vous n'êtes certainement pas naïf au point d'ignorer que vous êtes donc identifié comme un dangereux, avec une fréquence proportionnelle à la dignité ecclésiale de vos interlocuteurs. Vous savez aussi que leur stratégie consiste d'abord à assagir les turbulents (...si possible en les récupérant), à les isoler (... s'ils ne se sont pas calmés), et à finalement les flinguer car le bûcher ferait trop désordre à notre époque. Sur le fond, les méthodes restent identiques. Les croix ont simplement changé de forme. Intellectuel sur le même mode qu'eux, vous êtes doublement dangereux. J'ai cet avantage sur vous d'être un modeste physicien, majoritairement homme des machines, des systèmes industriels, et des hommes nécessaires à leur construction et à leur fonctionnement. J'aime la force très concrète que ma profession a ancrée en moi. Comme vous, je suis blindé contre les divagations du virtuel déconnecté du fonctionnement habituel des hommes et des forces naturelles. 

Attention, la majorité de nos dirigeants religieux, par leur formation autant que par leur mode de vie quotidien, pensent sur une autre planète que celle des humains. Ils confondent volontiers cette planète virtuelle avec "Le Royaume". Je me demande alors pourquoi DIEU a pris la peine de venir s'incarner, d'exercer un métier manuel, de vivre parmi le commun des mortels, de refuser toute forme d'honneurs et de  pouvoir temporel, pour se laisser massacrer par les puissants de l'époque. Si la berceuse anesthésiante proposée  très majoritairement dans le monde Chrétien comme mode de pensée officielle est réellement "Sa Volonté", "Il" avait toute la puissance nécessaire à sa réalisation immédiate. Les deuxième et  troisième tentations nous donnent la réponse. Comme vous, comme "Lui", j'ai fait le choix définitif des petits et je me montre viscéralement prudent face à toutes les formes de pouvoir. Sauf "Le Sien".

 

A ce propos, j'ai trouvé votre troisième cercle trop "politiquement correct". 

 

Vous mentionnez la force cachée de la pensée de PAUL face aux Athéniens. Plus qu'en sa grande culture pharisienne qui le conduisit à massacrer les Chrétiens de la première heure, elle s'origine dans la rencontre faite sur la route de DAMAS. Pour commencer à ressembler à PAUL, en son efficacité, en sa force d'évangélisateur, en la transformation du monde qu'il initia avec PIERRE et toute la bande à JESUS, cette rencontre personnelle avec le Charpentier de Nazareth, quelle qu'en soit la forme mais sur notre propre route de DAMAS, est indispensable. Elle marque l'entrée dans les cercles situés au-delà du 3e. 

J'espère vous taquiner fraternellement en supposant que si vous n'en dites rien, c'est seulement par prudence éditoriale. Tout ce que vous m'avez apporté comme à tant d'autres, ne valait peut-être pas la divulgation de cette forme de "secret du Roi". 

Mais ce faisant, vous restez, face à la question finale de "La Foi", dans une réponse que je sens à connotation philosophique et théologique seulement. Le "Petit Peuple" auquel j'appartiens "n'en a rien à cirer.." même si nos éminences en frétillent probablement du goupillon. 

JESUS a proposé une autre porte d'entrée, accessible à tous. Elle est largement exposée dans les nombreux actes de puissance mentionnés aux Evangiles. C'est une triste mode de nos actuels intellos de les minimiser, de les relativiser en les expliquant par le contexte culturel de l'époque. 

Manque de pot (... pour ces intellos), j'ai constaté trop de fois, comme simple observateur au regard de physicien, sur le concret des faits, que ce JESUS mort il y a 20 siècles, est à ce point vivant aujourd'hui que ses miracles de l'époque s'y reproduisent précisément parmi "Le Petit Peuple" qu'"Il" aime tant. Très rarement dans les sacristies ou les évêchés. Pour un plutôt rationaliste comme moi, le choc a été long à digérer. Il m'a fallu apprendre à plier les genoux. 

 

Est-Il  DIEU, oui ou non ? Que sont nos cervelles, fussent-elles celles d'Einstein ou du St Père, pour poser des limites à sa puissance et à sa liberté ?

 

"Il" m'a donné une forme spéciale de bicarbonate de soude à usage mystique. J'ai digéré ! A votre disposition cher Monsieur pour en parler, et encore mille mercis.

 

 

DANIEL

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