CHRETIENS DU XXIe  (3)

 

 

J'ai découvert il y a quelques mois, une revue chrétienne où on respire un air neuf et vivifiant. On n'y retrouve rien de ces odeurs si familières dans nos sacristies cathos, faites d'un étrange mélange de cire d'abeille, d'encens, de transpiration humaine accumulée. Mais surtout de certitudes dogmatiques rigides avec toute la "tendre bienveillance" qui va avec, au moins dans mon village. Il s'agit de "EVANGILE ET LIBERTE", BP 81, 82302 CAUSSADE Cedex. Elle s'affiche comme étant le mensuel Français du Protestantisme libéral. Le site correspondant est "www.evangile-et-liberte.net". (... je ne sais pas si le lien automatique va fonctionner... Pardon d'avance !)

Dans le n°205 de janvier 2007, le cahier central, généralement costaud et écrit avec une érudition qui force le respect, est consacré à ce qui me semble "La Question" du XXIé siècle : "la nécessaire communauté d'action de toutes les religions de la planète, au service du sauvetage de l'Humanité face aux conséquence de plus en plus prévisibles de ses propres folies". 

Ce fut avec cette arrière-pensée que j'ai plongé dans le texte de M. Raphaël PICON ayant pour titre "JESUS-CHRIST et les religions non-chrétiennes". J'y ai découvert de beaux extraits de Karl BARTH, de Karl RAHNER. (Face à cette abondance de Karl, j'ai craint un instant que MARX n'ait été nommé docteur honoris causa dans une de nos facultés de théologie. J'ai bêtement pris peur...!)  Hans KUNG y est évoqué. Mais aussi John HICH et John COBB qui, à ce point accueillants des "Semences du Verbe dans toutes les religions" comme l'enseignait Clément d'ALEXANDRIE, admettent en leur théologie que JESUS pourrait ne pas être de nature également divine.

Et M. PICON termine en écrivant "Malgré les insatisfactions qu'ils peuvent susciter... KICK et COBB proposent chacun un modèle christologique rigoureux, original, animé d'une intention fort louable... construire un monde où la diversité est valorisée, où le Chrétien est avec l'autre sans pouvoir prétendre au monopole de la vérité. Il est donc possible... d'être Chrétien sans rejeter les religions non chrétiennes..."

 

Ce cahier ma plongé dans un abîme de réflexion. Il est vrai que n'étant aucunement coutumier de ce genre de débat, le fond du gouffre est très rapidement atteint chez moi. Mais une pensée et quelques images très fortes me sont venues. Elles me conduisent à dire, avec tout le respect dû aux théologiens, que je discerne quasiment à longueur de journée trois types d'êtres humains, avec tous les mélanges possibles aux frontières : 

- Ceux qui affirment ne pas être concernés par DIEU. Ils le sont si peu et lui substituent tant d'idoles genre bagnoles, fric, joints ou fesses, que la trame de l'esclavage en résultant devient, vite inextricable 

- D'autres, intellectuellement ou sentimentalement, ou par un mélange des deux, ont intégré un système religieux généralement cohérent et ayant fait ses preuves. Pour eux, DIEU existe et se manifeste. Mais c'est une évidence seulement intellectuelle, traditionnelle, culturelle. Le mode de manifestation, comme le vocabulaire, les rites, les sociétés ainsi générées sont d'une splendide variété. C'est "La Grande Richesse" de l'Humanité. Dans ce groupe, j'identifie beaucoup de chrétiens y compris en des fonctions de hautes responsabilités sacerdotales. Les plus psychorigides et dogmatiques sont les continuateurs des gens du Temple qui firent exécuter JESUS par Pilate. Les plus fréquentables ressemblent fort aux 12 d'il y a 20 siècles, mais tels qu'ils furent durant les 3 années d'enseignement et de vie commune avec le Maître, jusqu'au jour de la Pentecôte.

- Enfin, ceux qui se sont un jour trouvés confrontés au plus profond d'eux-mêmes, avec un Être Vivant, qui parle, qui agit, avec un étrange mélange de puissance, de douceur et de respect. Or cet être vécut et fut mis à mort il y a 20 siècles.... Là, ça change totalement les perspectives. On quitte nécessairement les spéculations intellectuelles, aussi brillantes qu'elles soient. On est existentiellement et individuellement ramené face à la fameuse affaire de Genèse 3. Sont-ce les fruits de "ma connaissance" qui doivent plier, ou s'affirmer, face à la puissance d'Amour qui se manifeste à la limite de ce qui nous est supportable. Reste-t-il même "raisonnable de raisonner" face à "Cet Interlocuteur ?" (... Là je répond Oui. bien sûr ! Mais avec Lui comme Maître. Surtout pas notre ego).

 

J'ose revendiquer l'appartenance  à ce troisième type, sachant combien je peux ainsi sembler présomptueux. Pour ma défense, mais aussi pour celle de tant d'autres petits, cachés et qui se taisent, j'affirme que cette rencontre est simple, possible à tous sans aucune exception. Il suffit de "Le" chercher avec son coeur.

Il en résulte que pour moi, la question de la divinité de JESUS, conjointe à son humanité ne peut pas même se poser. Les faits ont répondu. Autant chercher à établir  que 2 et 2 pourraient ne pas faire 4...! Le débat est à ce point absurde, aussi brillant qu'il soit. 

 

Je garde tout mon respect pour ceux qui fréquentent DIEU sous d'autres vocabulaires et d'autres rituels que les miens. Qu'ils ne m'en veuillent pas, mais je garde aussi ma réserve face aux théologiens qui trop souvent n'ont jamais acquis l'habitude systématique de plier les genoux de leurs neurones devant "Le Maître", bien au-delà de tout et hors de portée de nos puérils systèmes de pensée.

Cette divine rencontre, Jésus et son Esprit la réserveraient-ils aux seulement aux Chrétiens ? 

Sur le "mode  intello", tel que je le constate le plus souvent, c'est évident, "Sainte Dogmatique" exige ! Mais s'agit-il de "La" rencontre...? Dieu seul le sait. J'en doute fort. La jargonnite chrétienne est devenue tellement abscone, vue de l'extérieur, qu'elle ne peut plus être autre chose qu'une affaire de spécialistes. Hélas de spécialistes qui intéressent de moins en moins de monde, au point d'être perçus, et non sans raison trop souvent, comme inutiles. Le ruisseau Chrétien est de plus en plus étranger au fleuve de la vie. Les Eglises Chrétiennes sont trop souvent en marge de la vie, elles qui se réclament "Du Prince de la Vie" lequel continue à nous dire que Lui et Le Père veulent que "...pas un seul ne se perde". Cette sublime exigence d'universalité déborde à l'évidence toutes les frontières dressées par les cultures, les vocabulaires et les divers sacerdoces. Heureusement, de temps en temps, un Abbé Pierre atypique et décrié par sa hiérarchie vient démontrer qu'il est possible de vivre et mourir en témoignant différemment de "La Vérité" du Christianisme. Le Pasteur Martin Luther KING avait témoigné de même. Et tant d'autres...

 

Que des Chrétiens, quelle que soit la couleur de leur clocher, même au nom du beau rêve de communion fraternelle universelle de toute l'humanité abdiquent en leurs coeurs l'humanité et la divinité, conjointes et plénières de JESUS, me semble un non-sens absolu. Rechercher et promouvoir ce rêve, matérialisation ici-bas "Du Royaume", malgré toute la bonne volonté évidemment sous-jacente, malgré toute la science théologique qui me dépasse totalement, devient une pauvre utopie humanitariste. Une de plus...! 

Proposons, surtout par notre témoignage de vie et le moins possible par notre jus de neurones, la "Bonne Odeur du Christ" dont parle St Paul. Et laissons les autres renifler... Le Père les a doté des mêmes narines que nous au niveau des sens spirituels, quel que soit le continent où ils vivent. Quel que soit le nom qu'ils donnent à Dieu. 

 

 

DANIEL-KOKA