« CHERS » FONCTIONNAIRES (2)
Il
ya aussi des fonctionnaires au service
du « BIEN COMMUN » mais au
« ras des pâquerettes ». Ce qui implique des traitements
modestes, et souvent des charges de travail exténuantes teintées d’héroïsme, de générosité, (… voire de
sainteté même chez certains d’entre eux
qui affirment avec vigueur leur opposition à toute forme de pouvoir religieux).
Parmi
ces modestes, on trouve une très forte concentration des bénéficiaires de l’électoralisme
évoqué au chapitre 1. En
illustration, et histoire de rigoler
tristement, je me fais ici le reporter
d’une de mes très récentes visites professionnelles dans un bâtiment de bureaux appartenant à une entreprise publique qui
nous est paraît-il enviée par tous les états de la planète. C’est du moins ce
qu’affirment nos « chefs », avec une constance si remarquable qu’elle
en devient suspecte. Le modeste immeuble d’une sorte d’agence locale a plus d’une centaine de mètres en façade, vingt mètres de
pignon environ et quatre niveaux… Donc de quoi loger beaucoup de monde. Je le
visite avec une équipe technique un mercredi matin vers 10 h 00. Fréquentant des administrations (… pas seulement !) depuis plus de cinquante années de vie
professionnelle, je sais fort bien qu’à cette heure, pratiquement tous les
retardataires chroniques sont arrivés, et que les adeptes des apéros anticipés
ne sont pas encore à la cafétéria. Lors de cette visite, je constate qu’à peine 2 bureaux sur 10
sont occupés. Dans un
grand OPEN SPACE d’environ 20 places, un pépé plus jeune que moi écoute la
radio, ordinateur allumé certes, mais je n’avais pas à identifier ce qui
défilait à l’écran… Jetant au passage un œil dans un bureau « monoplace » vide,
j’y aperçois une chaise
longe « grand confort », avec oreiller… bref, ce que je
recherche pour mes siestes.
Je confesse un bas réflexe de jalousie… !
Ce type de pseudo-serviteurs du bien public
appartient à la coûteuse catégorie de nos « chers » fonctionnaires.
Chers à nos fins de mois…
Mais quelques jours avant, appelé au
chevet d’une amie en piteuse état dans
un de nos grands hôpitaux parisiens, le témoignage fut tout autre. Infirmières surmenées… Toubibs aux yeux
cernés de fatigue et de stress incessant… Ambiance de foule et de travail à la
chaine qui se rapproche de ce que nous percevons dans le métro. Une jeune femme de mes amis est cadre
dans un hôpital. Elle me raconte souvent les acrobaties que lui imposent les horaires, les urgences, les congés à
gérer, les RTT, les indisponibilités de médecins ou de chirurgiens, les
rigueurs stupides de certains horaires dans des services techniques d’urgence…
et tout cela avec des « chefs administratifs » très détendus, et très
éloignés de ces basses contingences. Les fonctionnaires modestes de cette deuxième
famille sont chers, mais à mon cœur seulement. Je les admire…
Dans le même groupe d’héroïques « travailleurs
et travailleuses » de l’Etat, je revois cette visite d’une école primaire, dans un bourg de province. Les « maîtresses »,
toutes chaleureusement copines, avaient coordonné des travaux pratiques de jardinage à caractère pédagogique. Le résultat,
fruit des mains, de l’engagement et de l’intérêt des gosses, était remarquable.
Mais le stress était là aussi, dû à quelques parents agressifs, irrespectueux, exigeants n’importe quoi vers leur
cher petit, incessant semeur de désordre pour faire l’intéressant comme chez
lui. Dû aussi à l’indifférence, voire l’absence totale de la haute hiérarchie dans un cas pathologique connu, mais face
auquel il leur fallait se débrouiller, à leurs risques et périls (… c’était le
cas de le dire). Tous ces héros de l’Education Nationale me sont également
chers au cœur, bien plus qu’au portefeuille.
Il y a peu encore, j’assistais à un concert donné par l’orchestre symphonique d’un
lycée musical de la région centre. L’année dernière ces jeunes avaient « monté »
un opéra, évidemment avec la direction amicale et compétente de leurs profs de
musique et de danse. Spectacle
remarquablement réussi. Cette année les jeunes intervenaient en deuxième mi-temps,
après l’orchestre symphonique amateur d’adultes d’une de nos belles villes du
bord de Loire, lesquelles nous ravirent le cœur et les oreilles par un des grands
classiques du répertoire. Mais dès les premières mesures des nos jeunes de 16/17 ans, dirigés par un « maestro »
issu du même lycée, l’évidence resplendissait de leur beau
professionnalisme naissant. Quel beau
travail pour ces professeurs. Quelle belle communion ils affiaient avec leur
jeunes ! Quel beau témoignage de notre administration vers les familles… !
Pourquoi ces sombres polémiques dans le
CATHO-GRATTEUR me direz-vous ? Pourquoi ces « méchancetés »
envers les nobles serviteurs de l’Etat ? Globalement pour deux raisons :
- Parce que le même phénomène pervers de «dégénérescence administrative »
se retrouve dans l’Etat et l’Eglise. Evidemment les deux
structures sont indispensables. Toutes deux sont réputées au service du « Bien Public ».
L’une dans le civil, l’autre dans la sainteté. Mais toutes deux ont ce
privilège dangereux d’assurer l’impunité quasi-totale à leurs hiérarchies. L’honnêteté
et la compétence sont postulées, des deux côtés. La vertu l’est des deux côtés,
mais la sainteté du nôtre seulement. La
confiance des administrés de l’état, les
« brebis » du côté es Eglises, est en berne le plus souvent et pour
des raisons identiques.
La course à la promotion hiérarchique n’en reste pas moins active, sur des
fondements de plus en plus douteux. Or
ces deux formes de pouvoir institutionnel ont des fondements anthropologiques
très profonds, bafoués depuis deux siècles surtout chez nous en France. Grâce à
la pensée de René GIRARD, nous savons que l’alliance harmonieuse, féconde en sa synergie, « du
sabre et du goupillon » est la fondation profonde et initiatrice de toute forme de
civilisation. Cette vérité cachée est le fil rouge de
notre Bible, mais pas seulement elle parmi les livres sacrés de l’humanité. Notre
laïcité à la française est une utopie suicidaire. En
sa forme actuelle, elle nous conduit tout droit à des résurgences d’autoritarisme,
de dictatures cachées ou pas, de néo-barbarisme. Bref à une sorte de suicide de
notre chère, trop chère République
- Les caisses à billet sont
vides des deux côtés… Il
est donc vital, pour l’Etat, comme pour l’Eglise, donc pour nous comme pour
chacun, qu’elles retrouvent « l’oxygène » nécessaire à leur
fonctionnement espéré fructueux. La
confiance étant malade dans les deux camps, la solution du problème va être
douloureuse. La fracture entre les deux institutions risque de s’accentuer
ce qui aggraverait inévitablement la situation au moins sur le fond immuable.
Or c’est l’ordre public qui est en jeu, donc La Paix civile,
dont PASCAL faisait la finalité de toutes les formes d’action collectives,
civiles et religieuses. Pour
nous chrétiens, le concept est transcendé par la salutation de JESUS qui
continue à nous saluer par son « …
que MA PAIX soit avec vous… ! »
Les nations chrétiennes ont du pain sur la
planche… Et surtout pas sur la planche à
billet. On a vu où elle nous a menés ! Oserons-nous être
transmetteurs fidèles de « LA PAIX DE DIEU » ? Celle qu’« IL »
ne cesse de proposer à chacun de ses enfants.
DANIEL
KOKA.