CATHO-CINDYNIQUE (2)

 

Les cindyniciens  semblent se complaire dans une jargonite réservée à des initiés. Je dois donc d’abord présenter l’outil en un langage de tous les jours, mais sans en édulcorer la fécondité dans l’analyse de tout système complexe, entendant bien orienter très vite le regard sur les comportements religieux.

 

Avant toute chose qu’il soit bien clair que dans mon esprit, il s’agit de reconnaître une démarche de l’intelligence humaine, nécessairement sous-tendue par la grâce divine. A ce titre seulement, elle pourra déborder le cadre habituel auquel  toute démarche seulement ascendante est condamnée. Il faut y voir également l’ESPRIT-SAINT à l’œuvre. « Il » sait s’affranchir des limites étroites où trop de théologiens prétendent l’enfermer. Un esprit chrétien considérera donc tout ce qui va suivre comme un double mouvement. Ascendant par l’intelligence humaine fécondée par l’action divine, mais aussi descendant, par la seule action de DIEU. Restant pour nous un devoir d’accueil et d’écoute attentive.

 

Science de l’étude des dangers, construisant laborieusement (…et douloureusement !)  ses progrès par l’analyse des catastrophes diverses que nous subissons tous les jours, elle affirme avec optimisme que rien n’est fatal. Que toute catastrophe n’est que la résultante de nos négligences, de notre prétention ou de notre inconsciense. Elle postule que demain sera meilleur qu’aujourd’hui si nous savons tirer les enseignements d’hier. Je suis en accord profond avec cette dynamique dans la mesure où j’y discerne aussi le désir de bonheur que le Bon DIEU a pour tous ses enfants.

 

La première découverte des cindyniciens débutants fut de constater que tout événement pouvait se qualifier, se situer, de manière très simple :

 

 

Il leur devint vite usuel de graduer les deux référentiels de ce plan, généralement de 1 à 5 :

 

 

L’outil mathématique, par le calcul des probabilités, associé à des échelles de gravité conventionnelles ouvrait ainsi la possibilité de traiter et comparer un très grand nombre de situations similaires. Et d’en dégager des tendances, des règles puis les lois qui régissent la genèse des  catastrophes.

 

Une deuxième unanimité se fit autour de la définition de « l’intensité cindynique ». Des échelles graduées de 1 à 5, ça parle peu. Qualifier ces graduations facilite la compréhension et la prise de conscience. Ainsi s’établit rapidement les correspondances  -1 = Incident, - 2=Accident, - 3=Catastrophe, - 4 = Catastrophe majeure, -5= Apocalypse.

 

La BIBLE ne cesse d’illustrer les alternances de catastrophes et de renaissances du Peuple de DIEU. Quand ce Peuple est fidèle à la volonté divine, c’est le bonheur, quand il s’en éloigne, c’est le malheur.

 

LENZ (Heinrich Friedrich Emil… 1804-1865) fut un physicien russe. Nous lui devons une loi qui aboutit à la production industrielle du courant électrique. Mais la loi de LENZ signifie beaucoup plus. Il énonce que « … dans un système naturel, toute perturbation génère des réactions tendant à ramener le système à l’équilibre ». C’était donc un cindynicien précurseur.

 

Enfin, j’ai écouté avec bonheur un de nos grands théologiens expliquer que la traduction en français, du « dabhar » hébreux était une calamité. Dabhar (… orthographe pas garantie !) signifie « Paroles de vie » ou quelque chose d’approchant. Les « dix commandements » ne sont donc pas le catalogue édicté par un adjudant de quartier envers ses petits soldats, mais les règles de bon usage et de fonctionnement élémentaire de la création, confiées à ses enfants bien-aimés par Notre Bon PERE du ciel. Plus profond cindynicien que le SAINT-ESPRIT, il n’y a pas !

 

Les cindyniciens ne se préoccupent que des dangers, et spécifiquement dans le monde visible. Pourquoi ne pas concevoir un débordement de leurs axes de mesure vers une « neg-gravité » qui deviendrait ainsi, en abscisse, une échelle de béatitude ? Et aussi une « neg-probabilité » qui exprimerait une forme croissante de certitudes au moins immatérielles ?

 

 

Survient alors une troisième évolution. Dans leurs analyses des catastrophes, les cindyniciens remarquèrent vite l’influence inévitable, et parfois déterminante, de paramètres philosophiques, éthiques et religieux. Mathématiquement parlant, il était impossible de les prendre en compte dans un système de coordonnées planes. D’une pensée à deux dimensions, il fallait passer à 3 dimensions et même plus. D’une pensée plane impliquant des zones surfaciques, il fallait passer à une pensée spatiale englobant des zones de convergence de champs de forces, où des influences multiples jouent à déplacer une sorte de centre de gravité général du système.

 

Ainsi, dans son remarquable ouvrage de vulgarisation Georges-Yves KERVEN écrit-il (Eléments fondamentaux des cindyniques – Economia éditeur, page 25) :

« … dans des domaines parfois très techniques… le malheur est un problème ontologique. Le… danger se présente comme… une anti-ontologie… L’Etre vit le danger comme sa disparition, sa négation. Le néant est la conclusion du danger pour l’Etre. Le danger comme vecteur de néant… va poser donc, avant même de délimiter le danger, le problème de délimiter l’Etre mis en question par le danger… »

 

Confirmant que le débat déborde largement le cadre seulement industriel, il poursuit :

«Chez de nombreux philosophes métaphysiciens, spécialistes d’ontologie et de phénoménologie, on verra l’angoisse (Kierkhergaard) ou le souci (Heidegger), surgir comme principal facteur de définition de l’Etre… conscience d’une finitude de l’Etre dans le temps. Le terme chronologique de l’Etre est fourni par le danger. Mais quel est cet Etre dont le danger constitue le terme ? »

 

Ces grands penseurs sont évidemment notre lecture quotidienne à tous… surtout à l’heure de la sieste. Il me semble qu’un chrétien peut répondre hardiment. Cet Etre, c’est d’abord chacun d’entre nous, puis de proche en proche c’est la famille, la tribu et pas seulement la paroisse. Puis un peuple et pas seulement une Eglise. Une civilisation. Ce processus est une sorte de respiration qui à travers l’Histoire exprime le champ dans lequel se déploient conjointement la bienveillance divine et la liberté de l’espèce humaine. Cette expression, pour ce qui nous concerne n’est pas nécessairement bonne ou mauvaise, mais simplement toujours en demi-teinte. Seuls les saints échappent à notre commune pesanteur, et pas totalement.

 

Si on ajoute à cette tentative de généralisation le croisement de la pensée de René GIRARD (sur les origines de la civilisation), avec le point focal de l’Histoire qu’est notre JESUS et l’entrée par « Lui » de notre Etre dans « l’atemporalité »… Alors, ça devient grandiose !

 

A propos de sainteté, chacun sait qu’ils pêchent sept fois par jour. C’est l’heure du « Ti-Punch » !

 

( Donc : à suivre…)

DANIEL-KOKA