CHRETIENS DU XXIe  (4)

 

 

 

 

 

 

Petit tour d’horizon récapitulatif… Une sorte de bilan des dernières années!

 

 

 

 

Je suis pleinement d’accord avec notre BENOIT, 16e du nom, quand il affirme devant les étudiants de RATISBONNE que la foi n’implique surtout pas l’abdication de la raison. 

 

Après le pardon demandé par JP II devant l’Histoire pour tant de savants condamnés, voire exécutés avec grande sollicitude, cette affirmation ouvre une voie de sagesse. Donc, essayons d’oublier les joyeux barbecues du Moyen-Âge où tant de gens furent rôtis pour simplement avoir osé penser autrement. Essayons d’oublier qu’actuellement encore, le « P.Q » (*)  prétend partout imposer sa loi, et pas seulement dans le monde civil.

 

Pour la mise en œuvre concrète, je crains qu’il faille ne pas trop se faire  d’illusions dans l’immédiat. Les guerres de « territoires spirituels » entre les diverses religions monothéistes, entre celles-ci et les autres, et la même guerre entre la religion de l’homme sans DIEU, et celle de DIEU avec finalement si peu d’homme, restent le fond du débat actuel. Nous vivons ainsi un affrontement mondial sur arrière fond de domination, de maintiens des privilèges, de rencoeurs accumulées lors des trois siècles précédents… 

 

La mondialisation en cours pousse les feux. La crise monétaire née en 2007 aux USA était bien anticipée par les dettes accumulées chez nous, les pays riches. Cette crise est sans précédent par son ampleur. Elle aggrave les risques de résurgences des nationalismes, le retour à des dictatures et à la manière forte face aux désordres sociaux que la misère ne manquera pas de susciter.

 

La perte de confiance envers les « élites » est mondiale. Elle n’épargne pas nos autorités religieuses elles aussi empêtrées dans des complicités pas toujours imaginaires. Le climat est très propice à l’apparition d’une personnalité fortement médiatisée, capable de promettre la lune à toute la planète, évidemment en s’appuyant sur un arrière fond religieux présentement déçu en sa grande majorité. L’Anti-Christ de l’Apocalypse n’est peut-être pas loin.

 

Cependant, une forme de conscience universelle, de planétarisation de la pensée (d’uniformisation aussi…), se fait jour et monte en puissance. Je ne lui vois pas que des mauvais côtés. En arrière fond, j’entends Ruyard KIPLING quand il enseignait aux petits louveteaux dont je fus « … nous sommes du même sang, toi et moi… »

 

La conscience se fait de plus en plus forte d’un désir de bonheur paisible pour élever aussi dignement que possible et mieux qu’avant nos marmailles qui construiront demain.

La conscience se fait de plus en plus forte que certes il faut être efficace, y compris dans l’art de faire du fric par son travail, mais pas de n’importe quelle manière, ni en vue de n’importe quelle finalité.

 

Il convient de saluer l’audacieuse intervention de BENOIT XVI dans sa lettre du 23/11/2008 au sénateur Italien Marcello PERA. La lucidité et la force de la pensée nous libèrent du ridicule pesant de nos débats  à la Française dont la fécondité s’est brillamment illustrée dans les affrontements récents entre mesdames AUBRY et ROYALE. Le Pape écrit : « … l’essence du libéralisme… s’enracine dans l’image chrétienne de DIEU : sa relation avec DIEU dont l’homme est l’image et de qui nous avons reçu le don de la liberté… le libéralisme perd sa base  et se détruit de lui-même s’il s’éloigne de ce fondement… il faut débattre dans l’espace public des conséquences culturelles des options religieuses de fond. Ici le dialogue, la correction mutuelle et une enrichissement réciproque sont possibles et nécessaires… pour la crise de l’éthique contemporaine… le libéralisme, sans cesser d’être libéralisme, mais au contraire pour être fidèle à lui-même, peut se lier à une doctrine du bien, en particulier à la doctrine chrétienne du bien, qui lui est connaturelle, offrant ainsi une contribution précieuse à la résolution de la crise… »  

 

Depuis la nuit des temps, en espérant ne pas le voir s’évaporer, c’est l’argent que les riches risquent dans le travail des pauvres qui est, avec le brûlant et commun désir de vivre mieux, le moteur du dynamisme économique.

 

Les excès du capitalisme quand il bafoue la dignité humaine (… dans le silence complaisant des autorités religieuses le plus souvent), ont conduit aux rêveries utopiques de MARX. Elles ont récupéré la mise. Par la grâce du dogme de la « lutte des classes », les pauvres sont devenus encore plus pauvres. Les dignitaires du régime, comme les innombrables roitelets de chez nous, ont pesé avec excès sur l’indispensable travail des familles humbles.

 

En notre douce France, on conditionne les pensées à  croire que le petit peuple Chinois aura la bonté de payer les dettes que lesdits roitelets ont accumulées sur leurs descendances.  Oui, le petit peuple croit pareille sottise  puisque MARTINE et SEGOLENE l’affirment, que DOMINIQUE a l’air d’accord avec les éléphants sur ce thème, et que même la jeunesse chante le même refrain par la voix de « Bébé-Cadum » (Voir « Présidentielles »). Chacun sait que la vérité sort de la bouche des enfants…

 

La désillusion ne peut être que cruelle. Deux + deux n’ont jamais fait plus que quatre. Il est lamentable et désespérant de voir réfléchir aussi sottement ceux qui se positionnent en défenseurs des petits. Ils est aussi désespérant de voir des dirigeants politiques de droite et du centre, rester dans une logique d’endettement suicidaire.  Le CHRIST a librement choisi de ne vivre que de son travail de charpentier, puis de libres dons. Jamais des taxes prélevées sur le travail des autres sous les menaces de la loi.

 

Parallèlement, le sentiment de notre responsabilité envers l’état de notre environnement grandit chaque jour. Même s’il est largement instrumentalisé dans la pédagogie de la peur. La conscience se fait de plus en plus forte que tout être humain est infiniment respectable même si parallèlement la féroce domination de l’argent, de son inhumaine  rapacité s’accroît aussi. La conscience se fait de plus en plus forte que DIEU est Un et que bien au-dessus de l’Homme, « Il » gouverne tout, sans aucunement ingérer dans le libre-agir de l’humainté. Et qu’à ce titre, tous les responsables religieux de la planète sont peut-être entrain de rater le dernier métro. En encourageant le terrorisme et la guerre sainte, certains promeuvent en fait un néo-barbarisme cruellement rétrograde.

 

Il convient ici de s’attarder sur le mot « connaturel » que le Pape BENOIT identifie au désir commun de doctrines convergentes vers le bien. Désir qu’il affirme commun à toute l’humanité… splendide affirmation !  Elle évoque la notion de « Loi Naturelle » si controversée. Ce fut MARITAIN qui introduisit le concept. Le Père De LUBAC y a travaillé. Les théologiens actuels ne sont pas d’accord, ni sur ses frontières ni sur son contenu. 

 

Or la physique moderne, par une sorte de  petite porte théologique affirme dorénavant des vérités scientifiques face auxquelles les chrétiens se doivent d’exercer leurs intelligences. La matière, toute matière y compris celle qui constitue nos neurones, serait une organisation intelligente de champs énergétiques. On en est là, et ITER avec le récent accélérateur géant de particules récemment mis en service à Genève doit nous faire aller plus loin dans la consolidation et le développement de ces données.

Ces avancées scientifiques confirment, évidemment en un langage éloigné de celui des théologiens, ce que chaque chrétien doit parvenir à vivre au quotidien à la seule condition de se laisser façonner par l’Amour divin. Beaucoup chez les humbles y parviennent avec l’aide de l’Esprit. C’est la puissance de l’Amour de DIEU qui agit en tout, en tous, et partout. Cet «  Amour » est véritablement l’énergie fondamentale qui anime tout l’univers et le maintient dans « l’Être ». Toutes les « bonnes volontés » de l’humanité sont animées par cette énergie universelle, qu’elles en soient conscientes ou pas, qu’elles l’acceptent ou pas, n’y change rien.

Nos guéguerres  théologiques en défense des divers deniers du culte camouflés en inspirations postulées divines n’y changent rien non plus. Dans la belle diversité voulue par Le Créateur, tous ces manques de synergie vers «  Le Bien » ne sont que le reflet de nos connivences avec le prince de ce monde. Triste entropie ! Qu’il m’arrive hélas de partager évidemment… Mais bravo, mille bravos à BENOIT XVI pour oser pareilles avancées.

 

Ainsi, globalement, lentement, « Le Peuple » se réveille. Il est de moins en moins enclein à se laisser manipuler. La question se pose du « comment agir ? ». Mais agir avec efficacité. Je me la pose après une cure de beaume Kamol (… celui qu’on applique là où ça fait mal), cure nécessitée par les attentions affectueuses de mon environnement paroissial (… voir les premiers chapitres de ce site)

Les cathos du secteur sont repartis pour un tour de manège semblable à tous ceux dont j’ai été le témoin depuis 50 ans. Un coup de peinture… quelques changements de vocabulaire, (…« faites semblant d’y croire et bientôt vous croirez… » disait le poète). Voilà belle lurette que j’ai cessé de croire à ces manières de faire, simplement parce que j’en ai expérimenté  d’autres. Qui se sont révélées efficaces, elles.

Qu’avaient-elles de commun ? Je pense qu’elles mettent en œuvre majoritairement le fameux principe de subsidiarité invoqué sur le papier par l’Eglise catho en sa doctrine sociale, mais que cette même Eglise ne met presque jamais  en œuvre sur le terrain. Elle consiste à laisser au Peuple le soin de tout ce qu’il est capable de faire lui-même, et de ne déporter vers la hiérarchie que ce qu’il ne peut pas faire. Les textes de J.P.II concernant l’apostolat des laïcs sont une des voies de mise en œuvre. Je constate qu’ils restent obstinément oubliés en leurs réalités concrètes et que le Mgr régional, ou M. le Curé local, prétendent presque toujours tout initier et finalement tout diriger.

Pas innocemment je le confesse, sur les 5 dernières années, j’ai volontairement initié ou formulé de nombreuses propositions d’actions concrètes, toutes orientées vers l’extérieur du milieu paroissial. Aucune n’a été retenue. Aucune n’a fait l’objet d’un débat ou d’une réflexion. J’en vois même une qui lancée sur un accord seulement verbal fut rapidement sabordée par l’autorité. Une autre, proposée dans la droite ligne d’instructions précises de notre Mgr local s’est vue cependant refusée par M. le Curé.

Il faut donc, trop souvent comprendre que les laïcs sont indispensables certes, surtout pour le denier du culte, mais sous réserve qu’ils acceptent des laisses bien courtes et bien serrées pour toutous bien sages, avec commandement au sifflet. Dans ma grande naïveté, je n’avais pas fait cette lecture des textes de J.P.II.

J’ai constaté cependant que cette lecture plait à une bonne fraction des paroissiens du secteur. Je parle de ceux qui restent, rejoints par quelques nouveaux arrivants dans le secteur. Il en est d’autres qui subissent en silence et laissent faire sans rien dire. J’ai évoqué dans mes « once upon… » ceux qui ont gravement souffert mais que la peur de l’autorité condamne au silence. Je viens d’apprendre qu’une sainte femme du secteur, écartelée entre ces attitudes contradictoires et les difficultés de son quotidien, a basculé dans une forme de délire mystique qui a nécessité son internement. Bref l’évangélisation fraternelle est en route. Tout récemment, un gosse ouvrant la porte de notre chapelle de présence eucharistique permanente, me demandait  si je n’avais pas vu le prêtre recruteur des « Légionnaires du Christ »…

 

Pour préserver ma santé car elle reste nécessaire à ma famille, j’ai donc fui ces méthodes qui se croient novatrices, voire révolutionnaires. Cette fuite fut facilitée par une forme d’isolement, de silence total, imposé par ce qui était (… et reste un tout petit peu) ma « communauté ». Mais St PAUL me tarabuste avec son « … malheur à moi si je n’évangélise pas… ».

 

J’ai ouvert cette courte série de textes par une évocation de l’outil ALPHA et de ses beaux résultats. Vous pouvez vous en faire une idée plus précise, avec l’aide de « GOOGLE » en tapant « cours ALPHA ». L’ayant abondamment pratiqué sur les 6 dernières années, je pense que les clefs de son succès sont :

- Le fonctionnement en petits groupes très festifs et fraternels autour d’un bon casse-coute, en 12 ou 13 soirées réparties sur seulement 3 mois.

- L’absence de tout tabou dans des échanges infiniment respectueux pratiqués entre laïcs quasi exclusivement.

- Une pédagogie kérygmatique, très simple mais aucunement simpliste, parfaitement dosée, qui conduit presque à tout coup à une effusion de l’Esprit. Sous un délai exceptionnellement court pour ce genre d’événement.

- Une totale liberté laissée aux participants. Pas de fiches, pas de relances, pas de contrôles, pas de cotisation, aucune obligation.

- Une absence presque totale des clercs, simplement parce que leur rôle interviendra après. Et que trop tôt, l’expérience montre qu’ils font fuir.

L’association ALPHA-France poursuit sa route fructueuse. J’ose confesser que je lui consacre mon entier denier du culte. J’ai la conviction que là au moins il sert à quelque chose face à l’urgence présente.

 

Ce beau succès suscite évidemment des peurs et des tentatives de récupération de la part des clercs. Le Renouveau Charismatique des années 70 a subi la même stratégie avec les effets que nous constatons maintenant. On pousse donc un concept très proche mais habillé en école de militants. Jugez-en :

- « Le parti » des années 50 ayant connu le succès que nous savons sous THOREZ et ses continuateurs, on appelle ça « les cellules ». Mais elles sont maintenant d’évangélisation. C’est plus soft.

- Chaque cellule se réunit toutes les semaines, sous la conduite vigilante d’un « leader » nommé par M. le Curé.

- Nul ne peut être promu leader, quelles que soient ses qualités ou ses charismes, s’il ne présente pas toutes les garanties apparentes de vertus chrétiennes. Toutes formes de comportement non conforme, surtout dans le domaine sentimental ou sexuel : s’abstenir.

- Le leader note les présents, écoute le rapport de chacun sur ses activités évangélisatrices de la semaine écoulée à retransmettre à M. le Curé. Car chacun doit identifier la cible à évangéliser, vers laquelle ses efforts vont focaliser.

- On chante la louange, et on écoute un enseignement que M. le Curé a enregistré sur cassette. Le même pour toutes les cellules du secteur. L’enseignement ne peut être donné que par M. le Curé. Ayant posé la question de l’intervention d’un diacre ordonné dans ce système, on me répondit qu’il n’en était pas question. (… Je croyais naïvement que la mission du diacre est précisément celle de « La Parole ».)

- On partage ensuite sur le thème enseigné ce soir là.

- Si le groupe grossi sous l’effet de son attractivité, il se dédouble.

- Une super cellule est constituée par les leaders seulement :

- Elle se réunit sous la direction de  M. le Curé :

- On y fait le point à cadence fixe.

- On commente l’évolution spirituelle des brebis dans les cellules de base.

- On oriente les actions futures.

- On identifie les cibles à contacter.

Importée du Brésil, avec une mise en forme nettement plus cléricale en Italie, ce serait la recette infaillible face aux besoins actuels de l’Eglise. Chez les Gaulois que nous sommes, j’ai beaucoup plus que des doutes. J’ai refusé d’y participer de quelque manière que ce soit. Mais je leur ai souhaité bonne chance.

 

 

Je restais donc seul avec ma question que faire… ? Je ne doutais pas que la réponse viendrait, tôt ou tard de la part du « Bureau Chef ». Simple question d’écoute et de fidélité dans la prière. La résurgence inattendue mais très opportune des enseignements de Monseigneur Charles MATHIEU en est l’essentiel.

 

 

DANIEL-KOKA

 

* Expression « CATHO-GRATTEUSE » très allusive. Je l’ai défini dans un chapitre précédent. C’est aussi par crainte de blesser quelques sensibilités trop prudes que je ne l’explique pas une nouvelle fois.