ADIEU L'ABBE...
Un saint vient de nous quitter, et personne ne s'y trompe, surtout pas le petit peuple. Les puissants
se précipitent vers sa dépouille pour verser quelques larmes pas forcément de crocodile
ou de circonstance, car cette sorte de grandeur défunte les émeut également,
c'est sûr. Ils ont seulement oublié le "comment faire", le
"Qui" fait, nécessairement à travers nous... Au tréfonds d'eux-mêmes
la solitude les taraude, elle que connut rarement l'homme d'Emmaüs.
C'est
qu'il y a de la distance, un abîme, entre les palais de nos énarques et les
tentes de Don Quichotte. L'abbé PIERRE, avec
obstination, courage et grande gueule, n'a jamais cessé d'être à coté des
nomades, des miséreux, des souffrants, pour rappeler aux puissants
que la gloire du Christianisme ne
devrait être que celle de JESUS. "Lui" avait d'entrée fait
le choix radical des pauvres et des souffrants. JESUS a toujours refusé le pouvoir, quelle qu'en soit la forme terrestre. Il a
toujours été en opposition, parfois violente, avec les puissants de son époque.
La "gloire" des tentes du canal St Martin
ressemble plus à celle de Jésus que les éclats d'or du palais de l'Elysée ou
celles de nos pompes ecclésiales.
Il
y a quelques mois un autre saint défunt remplissait
Le
Père GREGOIRE qui honore depuis peu le CATHO-GRATTEUR de son amitié m'a adressé le billet d'Alain REMOND parue dans "LA CROIX" le mardi 23 janvier 2007. J'ose le
reproduire ici pour forcer un sourire à notre peine :
"L'abbé
Pierre arrive à la porte du paradis. Saint Pierre l'accueille. "-Salut l'abbé" dit Pierre. "Salut Pierre" dit l'abbé. "Bienvenue, dit Pierre. Suis-moi, je vais te montrer ta chambre."
L'abbé se gratte la barbe. "Une minute dit-il
à Pierre. Je voudrais d'abord voir le Patron, -
Comment ça, le Patron ? Dieu... ? - Parfaitement, dit l'abbé. J'ai des choses à lui dire." Saint Pierre tripote ses clefs. "Mais il est très occupé, ça peu attendre, non ? - Attendre,
attendre ! J'ai entendu ça toute ma vie ! L'urgence pouvait attendre ! Alors
écoute-moi bien, Pierre. J'ai entendu dire qu'ici, au paradis, certains
seraient mieux logés que d'autres". Pierre
prend l'air offusqué : "N'importe quoi ...! -
J'ai mes informations ! dit l'abbé. Et j'ai l'intention de mettre fin à ce scandale !
Manifestations, réquisitions, occupations ! Je te préviens, ça va barder...
!" Saint Pierre pousse un gros soupir. "Dire qu'on était si tranquilles... Et voilà que le
ennuis commencent." Son portable sonne. C'est Dieu. "Allô, Pierre ? Tu ne trouves pas qu'on commençait à
s'ennuyer ? Allez, envoie-le moi vite !"
Mon
ami le prêtre marié et père de famille que j'évoquais m'a raconté une
"brève de sacristie" à peu près symétrique.
"Une petite
soeur contemplative a partagé toute sa vie entre prière (1/3), dodo (1/3) et
travail (1/3). C'était une femme toute simple et que le Bon Dieu avait doté
d'un Charisme particulier : celui d'être une parfaite et énergique ménagère.
Son monastère, jusqu'en ses moindres recoins était d'une propreté parfaite et
fleurait bon la cire d'abeille. Elle décède et se présente devant St Pierre qui
l'accueille à bras grand ouverts. Mais le portable du Grand Portier sonne. Le
Père lui annonce un décès imminent... Se tournant illico vers la petite soeur,
il lui dit :"Les balais, l'aspirateur le cire
et tout le matériel sont dans ce placard... Allez-y ma soeur, je compte sur
vous, nous n'avons qu'une petite demi-journée... - Mais j'étais venu pour enfin
me reposer... et je vois que le ménage n'a pas été fait en vue de mon
arrivée... Deux poids deux mesures... Où est la Justice de Dieu ?" Et St Pierre de s'excuser -
Pardon, ma soeur, des saintes comme vous j'en reçois tous les jours, mais là,
c'est un évêque Roumain qui va débarquer. Le dernier, c'était il y a deux
siècles..."
J'ai écrit évêque
"Roumain"... Pas "Romain" ! De grâce, qu'on ne me fasse pas
écrire ce que je ne dis pas.
« A DIEU » l'abbé... Et
chauffe-nous la place ! Ici, tu sais combien il fait froid dans les coeurs...